Quand la médecine cherche à soulager sans toujours comprendre ce qui souffre.

Table des matières

1       Introduction : une réponse médicale à une détresse émotionnelle. 2

2       Ce que dit la science : un risque reconnu, mais encore minimisé. 2

2.1        Ce que dit la réglementation (résumé clair) 3

3       Une lecture We2 : quand le système médical agit comme un EPV   3

4       Pourquoi cette erreur systémique est si fréquente. 4

5       Le point aveugle : quand la chimie neutralise le signal de vie. 4

6       Ce que cela révèle de notre société : le refus de la douleur 4

7       Vers une alternative : restaurer l’écoute, la responsabilité et le lien. 4

7.1        Un risque scientifiquement reconnu, trop souvent minimisé. 5

8       Conclusion : le courage de ressentir 6

V01-10/25

« Quand la médecine tente de soigner la souffrance sans la comprendre. »

Vénoa

Nota bene : Il ne s’agit pas ici d’une analyse médicale ou clinique de chaque cas individuel.

Le propos s’inscrit dans une lecture systémique, centrée sur les dynamiques collectives observables.

Conformément à « l’effet Pareto », la majorité des situations suivent un même schéma émotionnel, tandis qu’une minorité relève de contextes singuliers nécessitant d’autres approches.

1          Introduction : une réponse médicale à une détresse émotionnelle

Chaque année, des milliers d’adolescents reçoivent une prescription d’antidépresseurs pour apaiser un mal-être souvent lié à une souffrance relationnelle, à un harcèlement ou à une perte de sens.

Cette approche, censée protéger, peut pourtant, dans certains cas, amplifier le risque suicidaire au lieu de le réduire.

Ce n’est pas l’intention du médecin qui est en cause, mais la lecture émotionnelle absente du système.

Car on ne soigne pas une fracture de l’âme comme une infection.

Derrière les émotions, il y a aussi des chiffres, des études, des preuves.

Et quand la science rejoint enfin ce que tant de familles ont vécu dans la douleur, elle mérite d’être entendue.

2          Ce que dit la science : un risque reconnu, mais encore minimisé

Les études convergent sur plusieurs points essentiels :

  • Les antidépresseurs n’agissent qu’après 4 à 8 semaines de traitement.
  • Durant cette phase d’ajustement, certaines personnes voient leur agitation, leur anxiété ou leurs idées suicidaires augmenter.
  • Les autorités de santé (FDA, EMA, ANSM) imposent d’ailleurs une alerte spécifique pour les moins de 25 ans, en raison de ce risque paradoxal.

L’énergie revient parfois avant que l’envie de vivre ne soit restaurée :

un jeune désespéré peut ainsi retrouver la force d’agir avant de retrouver l’espoir.

2.1           Ce que dit la réglementation (résumé clair)

-FDA (États-Unis) : A publié dès 2004 un avertissement obligatoire (le fameux Black Box Warning) indiquant que les antidépresseurs peuvent augmenter les idées suicidaires chez les moins de 25 ans, notamment au début du traitement.

-EMA (Agence européenne du médicament) : A confirmé ce risque dès 2005, puis réitéré en 2008 et 2019.

-ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament, France) : diffuse les mêmes alertes, relayant les recommandations de l’EMA et exigeant une vigilance accrue et un suivi rapproché pour les jeunes patients sous ISRS (Prozac, Seroplex, etc.).

Les autorités de santé, qu’il s’agisse de la FDA aux États-Unis, de l’EMA en Europe ou de l’ANSM en France, reconnaissent aujourd’hui ce risque.

Toutes soulignent la nécessité d’une vigilance particulière chez les moins de 25 ans, en raison de l’augmentation possible des idées suicidaires en début de traitement.

La France n’est pas seulement concernée par le phénomène mondial : elle présente également un profil particulier vis-à-vis des médicaments. Des usages répétés et prolongés d’anxiolytiques y ont été observés, deux à trois fois supérieurs à ceux de nombreux pays industriels. Ce contexte national constitue un terrain fertile pour le glissement vers le verrouillage émotionnel ( l’EPV) lorsque les traitements chimiques remplacent l’écoute, le lien, la transformation.

Cet usage ne traduit pas nécessairement un abus ni un diagnostic erroné.

Il révèle surtout, à travers la grille EPS/EPV, un dysfonctionnement systémique : une société qui médicamente la souffrance au lieu de l’écouter.

3          Une lecture We2 : quand le système médical agit comme un EPV

La médecine contemporaine, rationnelle et standardisée, reproduit souvent la posture de l’Enfant Perdu Verrouillé (EPV) : elle coupe le ressenti pour neutraliser la douleur, sans interroger son origine.

Or, ce que le jeune traverse est rarement une « maladie mentale » au sens biologique, mais une crise émotionnelle, relationnelle et existentielle.

PostureRéflexe typiqueConséquence
EPV (médecin ou parent)« Il faut corriger le déséquilibre. »Dissociation du ressenti, déconnexion de la cause.
EPS (jeune)« Je souffre, mais je ne sais pas pourquoi. »Douleur amplifiée par l’incompréhension et l’isolement.

Le médicament devient alors une réponse mécanique à une blessure symbolique : une tentative d’éteindre le feu sans comprendre pourquoi il brûle.

4          Pourquoi cette erreur systémique est si fréquente

Les adultes, souvent désemparés face à la souffrance adolescente, cherchent à la maîtriser.

Les institutions médicales, saturées, cherchent l’efficacité mesurable : une molécule, un protocole, un chiffre de mieux-être.

Le résultat est une société qui, par peur du désordre émotionnel, médicalise le ressenti.

Ce réflexe médical est le miroir d’un réflexe social :

verrouiller plutôt qu’écouter.

5          Le point aveugle : quand la chimie neutralise le signal de vie

L’adolescent EPS (Enfant Perdu Sensible) ressent tout avec intensité.

Son désespoir n’est pas une pathologie : c’est un cri d’appel au sens, à la reconnaissance, à l’amour inconditionnel.

Or, en neutralisant chimiquement cette douleur, on neutralise aussi la possibilité de transformation.

Le médicament n’efface pas la cause, il coupe le lien au ressenti.

Et quand la douleur est coupée sans être comprise, elle revient autrement : par le corps, le repli ou le geste irréversible.

6          Ce que cela révèle de notre société : le refus de la douleur

Le recours massif aux antidépresseurs chez les jeunes traduit le refus collectif de la douleur comme passage.

Nous cherchons à effacer la souffrance plutôt qu’à l’écouter, comme si ressentir était une faute.

De génération en génération, ce mot d’ordre s’est institutionnalisé :

« Ne ressens pas. Avale. »

Mais la douleur n’est pas une erreur à corriger : elle est un signal vital, une tentative du corps et du cœur de dire « je ne vais pas bien, mais je veux vivre autrement ».

7          Vers une alternative : restaurer l’écoute, la responsabilité et le lien

Loin de tout jugement, il ne s’agit pas d’opposer la médication à l’accompagnement émotionnel, mais de rappeler une vérité essentielle : l’un sans l’autre devient dangereux, voire mortel.

Les antidépresseurs peuvent être utiles dans certains cas, mais jamais sans un accompagnement humain réel, ni sans une conscience claire des risques qu’ils comportent, surtout chez les adolescents.

Toutes les autorités sanitaires (FDA, EMA, ANSM) le confirment :

chez les jeunes de moins de 25 ans, les antidépresseurs peuvent augmenter les idées suicidaires, notamment durant les premières semaines de traitement.

Ce risque n’est pas marginal, il est documenté, mesuré, et doit impérativement être communiqué aux familles.

Prescrire un antidépresseur sans :

  • informer les parents du risque vital encouru,
  • mettre en place un suivi psychologique régulier,
  • et surtout sans accompagner la dynamique familiale sous-jacente,
  • constitue une faute grave, éthique et systémique.
  • Comprendre le terrain sur lequel le médicament agit

La plupart des adolescents en détresse ne souffrent pas d’un « déséquilibre chimique », mais d’une dynamique émotionnelle verrouillée au sein de leur environnement.

Cette dynamique porte un nom : la bulle dramatique (ou triangle de Karpman).

Elle se reconnaît aisément :

  • Dénigrement constant d’un parent par l’autre,
  • Écrasement émotionnel du parent le plus sensible,
  • Victimisation du parent contrôlant, qui se présente comme celui qui « subit »,
  • Et au centre, l’enfant, pris au piège, cherchant à comprendre, à apaiser ou à disparaître.

Dans ce contexte, la prescription médicamenteuse masque le symptôme sans traiter la cause : elle anesthésie la douleur du jeune, mais le laisse prisonnier d’une structure émotionnelle toxique qui continue, silencieusement, à le détruire.

  • Quelques principes-clés pour une approche éthique et vivante :
  1. Ne jamais prescrire sans accompagnement émotionnel.
  2. Un traitement n’a de sens que dans un cadre d’écoute active, de suivi et de compréhension des liens familiaux.
  3. Nommer la souffrance plutôt que la masquer.
  4. La douleur psychique d’un enfant n’est pas un trouble à corriger, c’est un langage à décoder.
  5. Associer les parents, les enseignants et les pairs dans un réseau de sensibilité vigilante.
  6. Le jeune doit être entouré de regards conscients, capables de détecter tout signal de détresse ou d’isolement.
  7. Redonner au mot douleur sa valeur de signal, pas de faute.
  8. La souffrance est un message à écouter, pas un dysfonctionnement à éteindre.
  9. Prévenir systématiquement les familles du risque suicidaire lié aux antidépresseurs.
  10. Cette transparence n’est pas une option, c’est une obligation morale et médicale.
  11. Traiter la dynamique familiale sous-jacente.
  12. Avant de « soigner » le jeune, il faut voir le système qui l’a conduit là : identifier les rôles verrouillés, le contrôle, le déni et le manque de lien.

Ces principes ne relèvent pas d’une utopie, mais d’une responsabilité partagée.

Ce n’est qu’en rendant à la douleur sa dignité que nous pourrons vraiment prévenir le pire.

7.1           Des chemins pour revenir à la vie

Sortir de la boucle du désespoir, c’est d’abord revenir à l’instant présent.

Quand la douleur occupe tout l’espace, l’esprit se fige entre deux temps :
il ressasse le passé qu’il ne peut changer, et redoute un futur qu’il ne peut encore vivre.

Ramener la conscience dans le corps, dans la vie réelle, dans le mouvement est un axe essentiel.

Voici quelques pistes d’ancrage simples et accessibles qui peuvent aider un adolescent à retrouver cette présence à soi :

  • Bouger : marcher, courir, danser, nager, grimper, pédaler. Le mouvement recrée un lien entre le corps et l’esprit, il redonne souffle et circulation.
  • Créer : écrire, dessiner, chanter, jouer d’un instrument, peindre, bricoler. Chaque geste devient une parole silencieuse, une façon d’exprimer ce que les mots n’arrivent pas encore à dire.
  • S’exprimer avec d’autres : intégrer un groupe de théâtre, un atelier d’improvisation, de slam ou de musique. Le partage d’émotions dans un cadre bienveillant permet d’apprendre à se dire sans se juger.
  • Lire : découvrir que d’autres ont traversé la même nuit et en sont revenus. Les mots des autres deviennent alors des balises dans le noir.
  • Respirer : méditer, écouter la nature, sentir son cœur battre. Retrouver le rythme du vivant pour calmer celui de la peur.

Ces activités ne remplacent pas un accompagnement, mais elles ouvrent la porte du présent.
Elles rappellent au jeune qu’il n’est pas un problème à résoudre, mais un être à ressentir, à exprimer, à relier.

8          Conclusion : le courage de ressentir

Ce n’est pas l’absence de douleur qui protège, c’est la capacité à la traverser entouré.

L’antidépresseur, mal employé, devient le symbole d’un monde qui ne veut plus ressentir.

Or, ce que le jeune cherche, au fond, ce n’est pas un médicament, c’est une main tendue.

Tant que la douleur d’un enfant sera perçue comme un trouble à corriger plutôt qu’un message à écouter, nous continuerons à soigner des blessures sans jamais les comprendre.

Et c’est là que la médecine, malgré elle, devient sourde à la vie qu’elle voulait sauver.

On ne guérit pas une âme par une molécule.

On la guérit en la regardant, en la reconnaissant, en l’aimant.

Ce n’est pas la souffrance qui tue, c’est l’absence de regard posé sur elle.

Voir, écouter, aimer : c’est tout ce qu’il fallait, c’est tout ce qu’il faut encore.

Pour celles et ceux qui traversent le silence :

et qui cherchent à comprendre ce que personne ne leur a expliqué, ceux qui portent encore la douleur des non-dits, cette note est pour vous.

Ce texte est né d’une douleur ancienne, celle qu’on tait par peur de déranger.

Il est écrit pour ceux qui un jour ont senti la vie se retirer d’eux sans comprendre pourquoi, pour ceux qui ont voulu cesser de souffrir alors qu’ils voulaient simplement cesser d’être seuls.

Derrière chaque silence, il y a une flamme encore vivante.

Elle ne demande pas qu’on la sauve, seulement qu’on la voie.

Rien n’est jamais perdu tant qu’un regard ose encore se poser, tant qu’une main reste tendue, tant qu’une âme choisit d’aimer, malgré tout.

Cet article n’a pas pour but d’accuser, mais d’éveiller.

Il parle au nom de ces jeunes, parents, médecins et enseignants qui font du mieux qu’ils peuvent dans un monde souvent débordé.

Si tu lis ces lignes parce que la douleur est trop forte, souviens-toi : tu n’es pas seul.

Ce que tu ressens est réel, et il existe des mains qui peuvent t’aider à traverser.

Parle. Cherche une oreille, un regard, un lieu sûr.

Appelle un proche, un professionnel, un numéro d’écoute.

En France : 3114 (numéro national gratuit, 24 h/24, 7 j/7).

Prendre soin, c’est d’abord voir. Voir la douleur, voir la peur, voir la vie qui, malgré tout, cherche à continuer.


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