epv
enfant perdu verrouillé

Table des matières

1                 Le Grand Déni, la fabrique de l’Enfant Perdu Verrouillé (EPV) et la coupure émotionnelle collective.

1.1        Pré-introduction – Pourquoi le déni émotionnel est la racine cachée de nos sociétés.

1.2        L’origine invisible : histoires fondatrices du verrouillage.

1.3        Le mécanisme biologique : la fabrique du verrouillage.

1.4        Pourquoi devient-il un problème dans notre société moderne ?

1.5        Les conséquences : du contrôle individuel à la pathologie collective.

1.6        Pourquoi ce mécanisme est-il si difficile à voir ?

1.7        Sortir du grand déni : reconnaître le verrou, restaurer la liberté intérieure.

1.8        Dynamiques de l’EPS et de l’EPV. 8

1.9        L’influence du modèle parental et la réaction du cerveau. 10

1.10     L’âge adulte : personnalité façonnée par le contrôle et le déni 10

1.11     Stratégies de défense et de manipulation de l’EPV. 11

1.12     Le langage du déni émotionnel et de la manipulation. 22

1.13     Révéler la mécanique invisible de la déshumanisation et des conflits. 23

1.14     Pourquoi l’EPV ne voit-il plus la souffrance de l’autre ?. 24

1.15     Femmes et « EPV » : une attraction inconsciente ?. 36

1.16     Quand la peur dicte l’attachement : le choix inconscient des enfants en cas de séparation. 37

1.17     Bascule possible entre l’Enfant perdu sensible (EPS) et l’Enfant perdu verrouillé (EPV), et inversement 39

1.18     L’influence de l’école comme vecteur supplémentaire (aggravant) 39

1.19     Une précision importante : tout le monde ne peut pas entendre ce message de la même manière. 42

1.20     Quel lien entre profondeur des blessures et impact sur l’individu ?. 62

1.21     Lien entre profondeur de la blessure et intensité de la peur  62

1.22     Types de blessures. 64

1.23     Différence entre blessures psychologiques et blessures physiques. 64

1.24     Pourquoi certaines blessures permettent la résilience et d’autres enferment dans la peur ?. 64

1.25     Les différents profils existants. 66

1.26     Outil pratique : identifier rapidement les profils inconscients. 75

1.27     Education parentale vs éducation animale. 78

1.28     Une dystopie ?. 80

1.29     Dynamiques invisibles, qui cela concerne, répartition 80/20 et effet de système. 81

1.30     Reconnaissance instantanée, quand le « cerveau archaïque ou primitif » prend les commandes explication de la science. 86

1.31     Le but commun de nombreux -ismes. 90

1.32     Vers une prise de conscience et une libération collective. 90

1.33     Personnalités connues. 90

1.34     Origines et inspirations théoriques. 95

1.35     Sociologie et grille EPS/EPV : Deux visions du rapport au groupe   95

1.36     Parallèles en Animation, films d’artistes et livres. 96

1.37     L’essence de ce sujet 100

1.38     Conclusion. 101

V.1.6-08/25.

1          Le Grand Déni, la fabrique de l’Enfant Perdu Verrouillé (EPV) et la coupure émotionnelle collective

1.1       Pré-introduction – Pourquoi le déni émotionnel est la racine cachée de nos sociétés

Nous croyons agir librement, pourtant une part de nos réactions est pilotée par des mécanismes appris tôt : nier ses émotions, associer la sensibilité à la faiblesse, chercher refuge dans le contrôle. De là naissent des attirances collectives pour des systèmes qui glorifient la force et rejettent la vulnérabilité (ex. nationalisme, complotisme, racisme, fascisme …), parce qu’ils confirment ce conditionnement.

– Quand l’empathie est perçue comme un danger, la domination paraît rassurante.

– Quand la peur de ressentir gouverne, l’idéologie promet une maîtrise illusoire.

– Quand l’enfance n’a pas été entendue, l’adulte s’anesthésie ou répète.

Et si la clé était simplement l’histoire d’un enfant qui a appris à ne pas sentir ? Comprendre le verrouillage émotionnel, c’est déjà rouvrir l’espace du choix et sortir des cycles de souffrance, individuels comme collectifs.

1.2       L’origine invisible : histoires fondatrices du verrouillage

  • Il était une fois…
  • Un enfant voit sa mère s’effacer, souffrir en silence, tandis que le père impose sa présence. Nul ne nomme la douleur, chacun fait comme si de rien n’était. Pour survivre à ce non-dit, l’enfant apprend à nier ce qu’il ressent. Ce qui n’est pas reconnu, il l’efface en lui
  • Ailleurs, une petite fille grandit dans un environnement où les émotions sont interdites. Pleurer, c’est risqué : on peut être ignorée, rejetée, jugée faible. Alors, elle devient forte, se coupe de ses ressentis, accepte le mensonge comme protection et finit par ne plus savoir qui elle est vraiment. Des années plus tard, ses propres enfants reproduisent la même fermeture, sans qu’elle sache pourquoi.

Ces histoires montrent une transmission silencieuse du déni : ce qui n’est pas vu, ressenti ou nommé, devient un programme de survie. On finit par se couper pour de bon, à force de taire l’émotion.

1.3       Le mécanisme biologique : la fabrique du verrouillage

Le cerveau humain peut, comme celui de l’animal, couper temporairement l’empathie pour faire face au danger. Chez l’humain, ce « switch » peut rester bloqué quand une blessure n’est jamais reconnue : la coupure devient un mode automatique. Ce n’est pas un choix rationnel, mais une protection qui se mue en prison invisible :

ne plus ressentir = ne plus souffrir (en apparence).

Deux trajectoires émergent :

  • EPV (Enfant Perdu Verrouillé) : sensibilité verrouillée, pilotage par le contrôle (domination ou retrait). Il croit maîtriser, mais c’est la peur d’être blessé qui guide.
  • EPS (Enfant Perdu Sensible) : sensibilité intacte, parfois à vif ; capacité d’introspection et d’évolution préservée.

L’équation intériorisée (non pensée, mais apprise par le corps/l’inconscient) :

« Moins ressentir → contrôler davantage. »

« Montrer ses émotions → perçu comme danger / faiblesse »

Cette conclusion n’est pas pensée. Elle est ressentie. Elle devient une vérité silencieuse.

Et cette équation a pour conséquence clé :

contrôle ↑ → empathie ↓ (boucle auto-renforcée

Utile dans l’urgence (le mode survie), ce réflexe devient délétère lorsqu’il devient permanent : il se transmet implicitement de génération en génération et façonne familles, groupes et institutions. La suite montre comment ce verrouillage s’organise… et comment on peut l’assouplir.

1.4       Pourquoi devient-il un problème dans notre société moderne ?

-Ce mécanisme, censé être temporaire, devient permanent.

-Il ne fait plus la distinction entre une vraie menace et un simple inconfort émotionnel.

-Il coupe l’individu de lui-même, créant des personnalités verrouillées émotionnellement.

-Il est auto-renforcé : plus on nie ses émotions, plus on croit qu’elles sont inutiles ou dangereuses.

-Il structure inconsciemment les systèmes sociaux (famille, entreprise, politique) en valorisant le contrôle et la suppression des émotions.

1.5       Les conséquences : du contrôle individuel à la pathologie collective

– Genèse de personnalités EPV qui dominent ou contrôlent sans s’en rendre compte.

– Reproduction des mécanismes de domination et de déshumanisation, de la famille aux institutions.

– Mise en place de systèmes politiques/économiques fondés sur le contrôle émotionnel (autoritarisme, management toxique, violence relationnelle).

– Manipulation des foules facilitée : coupure du ressenti → acceptation accrue de l’autorité et rejet de l’émotion.

Quand l’accès à l’émotion se verrouille, la vulnérabilité est vécue comme un danger. Une carapace de contrôle s’installe, avec des comportements récurrents : besoin d’avoir raison, rigidité, projection de la faute, inversion accusatoire, gaslighting.

Ce verrouillage émotionnel, à l’échelle sociale, alimente nombre d’ »-ismes » (autoritarisme, nationalisme, racisme, populisme, fascisme, masculinisme, complotisme …) : des récits qui glorifient la force et le contrôle, et dévalorisent sensibilité, empathie et remise en question.

On retrouve la même mécanique dans le harcèlement (voir article wetwo.fr/harcelement) : l’enfant ou l’adulte sensible (EPS) devient une cible privilégiée, parce que sa présence réactive la mémoire émotionnelle refoulée du groupe verrouillé. Le harcèlement fonctionne alors comme un rituel inconscient de conversion émotionnelle : tenter d’éteindre chez l’autre la sensibilité qu’on n’a pas su préserver en soi.

1.6       Pourquoi ce mécanisme est-il si difficile à voir ?

– Il fonctionne en circuit fermé : celui qui en est victime ne se rend pas compte qu’il est enfermé dans un schéma.

– L’individu coupé de ses émotions pense qu’il est « fort » et que ceux qui ressentent sont « faibles ».

– Il justifie son propre fonctionnement en valorisant des idéologies qui confirment sa vision du monde (autorité, hiérarchie, domination…).

– Il projette son déni sur les autres : ceux qui ressentent deviennent une menace pour lui.

Ce verrou est profondément intégré au fonctionnement psychique. Tant qu’il est actif, l’individu (ou la société) croit sincèrement agir par choix. Il se pense « fort », « juste », « rationnel », alors qu’il ne fait que répéter des automatismes anciens. Ce verrou est la « vérité reconstruite » de l’EPV : l’autre devient la source de la douleur, la responsabilité est toujours extérieure

La neuroscience l’a montré : la décision d’agir précède la conscience de l’acte (cf. expériences de Libet, Milgram, Zimbardo). Plus de 60 – 70 % des humains obéissent à une autorité même contre leur sens moral (EPV) ; seuls 20 à 30 % résistent, connectés à leur empathie naturelle (EPS).

1.8       Sortir du grand déni : reconnaître le verrou, restaurer la liberté intérieure

Ce modèle n’est pas une théorie abstraite, c’est une invitation à regarder autrement ce qui nous bloque. Le verrouillage émotionnel n’est pas une maladie, ni une faute : c’est un réflexe de survie qui devient limitant quand il dure.

Sortir du cycle suppose de :

– Reconnaître la blessure fondatrice (sans jugement)

– Reprendre contact, pas à pas, avec la sensibilité, la vulnérabilité, l’émotion vivante

– Prendre conscience des mécanismes de contrôle, de projection, de justification automatique

– Redonner du sens à la connexion émotionnelle, seule capable de briser la répétition du passé

La liberté n’est pas dans le contrôle, mais dans la reconnexion à soi. Ce chemin, parfois long, toujours intime, est la clé d’une transformation individuelle et collective durable.

La blessure émotionnelle non reconnue crée un verrouillage inconscient qui façonne notre perception, nos choix, et nos sociétés entières. Ce mécanisme se transmet, s’amplifie, se répète… jusqu’à ce que la prise de conscience permette la sortie du cycle et la reconquête de la sensibilité vivante.

1.8.1    Fonctionnement biologique archaïque du cerveau

1.8.1.1     Raison de ce fonctionnement

La raison de ce fonctionnement est décrite dans l’article wetwo.fr/peur

1.8.2    Faut-il faire confiance à ses alertes

1.8.2.1     Alertes chez l’Enfant Perdu Sensible (EPS)

Les EPS perçoivent souvent très tôt une alerte relationnelle face à une personne potentiellement EPV; cette alerte est pourtant mise en sourdine ou rationalisée.

1.8.2.1.1   Besoin d’adaptation et de sécurité émotionnelle

– Recherche d’affection ou de reconnaissance, peur de la solitude et de l’abandon; la relation sert de validation, donc le signal est ignoré.

– Habitude de se conformer pour éviter le conflit, apprentissage à étouffer les ressentis négatifs pour maintenir le lien.

– Résultat: l’intuition initiale (gêne, impression que quelque chose cloche) est minimisée ou justifiée, l’EPS se dit que ce n’est pas si grave ou qu’il exagère.

1.8.2.1.2   Les red flags ignorés

– Expérience fréquente dans de nombreux couples, au-delà du duo EPV/EPS.

– Biais d’espoir et illusion positive, focalisation sur le meilleur, pari que l’autre changera.

– Pression sociale ou familiale, injonctions à donner une chance, minimisation d’un danger pourtant ressenti.

1.8.2.1.3   Pourquoi l’alerte s’endort
  • Familiarisation: l’anormal devient perçu comme normal ou inévitable.
  • Dissonance cognitive: admettre un problème impliquerait de remettre la relation en question; minimiser protège la stabilité affective.
  • Attachement progressif: le lien émotionnel devient fort; parfois dépendance; rompre paraît trop coûteux même si l’alerte revient par moments.
1.8.2.1.4   Comment se reconnecter à l’alerte
  • Se reconnecter à ses émotions, parfois après du temps, de l’aide ou un déclencheur.
  • Écouter le corps, tensions, maux de ventre, insomnies, angoisse comme messages d’un contexte toxique ou contraint.
  • S’autoriser à douter, reconnaître que le malaise n’est ni imaginaire ni exagéré.
  • Chercher du soutien extérieur, ami de confiance, aide professionnelle, groupe de parole, confronter le ressenti à un regard neutre.
  • Conclusion partielle : comprendre pourquoi on a ignoré ces signaux aide à rompre le schéma et à faire davantage confiance à ses ressentis initiaux.

1.8.2.2     Alertes chez l’EPV

L’EPV dispose lui aussi d’un mécanisme interne d’alerte, il perçoit les signaux de danger, de malaise ou de non-alignement. La différence, c’est qu’il a appris à bloquer, rationaliser ou retourner ces alertes, plutôt que de s’y fier. Cela donne souvent l’impression qu’il « ne s’inquiète jamais » ou qu’il est « insensible », alors qu’en réalité, son cerveau a développé une stratégie de coupure émotionnelle pour ne pas souffrir.

1.8.2.2.1   Nature des alertes chez l’EPV

– Alertes présentes mais ignorées : le système limbique capte le malaise; la carapace émotionnelle renvoie immédiatement au registre rationnel qui invalide la vulnérabilité.

– Traduction en termes de contrôle : au lieu de  » je suis inconfortable « , lecture en  » il faut maîtriser « ,  » tu exagères « ,  » je dois renforcer mon autorité « .

– Refoulement ou contre-attaque : soit  » cela ne me touche pas « ,  soit rejet de la source d’inconfort en accusant l’autre d’hypersensibilité ou de faire des histoires.

1.8.2.2.2   Pourquoi l’EPV se tourne vers un EPS

– Besoin de se sécuriser : recherche d’une personne malléable qui ne confronte pas trop le contrôle.

– Renforcement du sentiment de maîtrise : l’EPS, en quête d’approbation, conforte la position de  » celui qui sait « , peu de remise en question.

– Moins de remise en question à gérer : l’EPS pointe rarement les failles, l’éventuelle alerte interne de l’EPV sur son manque d’empathie est étouffée, impression de relation  » sous contrôle « .

1.8.2.2.3   Comment l’EPV traite ses alarmes

– Projection et inversion accusatoire; le malaise est attribué à l’autre :  » tu es trop sensible « .

– Gaslighting, faire douter l’EPS de sa perception pour éviter d’affronter ses propres doutes.

– Renforcement dogmatique : certitudes du type  » la vie est dure; je suis solide  » pour ne pas regarder les fragilités.

1.8.2.2.4   En miroir de l’EPS

– L’EPS perçoit souvent clairement l’alerte, il l’ignore par peur de perdre la relation ou d’être rejeté.

– L’EPV ne reconnaît pas l’alerte comme émotion légitime; il la traite comme un dysfonctionnement à corriger chez l’autre ou un facteur à éliminer pour garder le contrôle.

1.8.2.2.5   Possibilités d’évolution

– Oui, mais difficile : réhabilitation des alertes comme émotions valables après un choc majeur (burn-out; rupture; perte de repères) ou via un travail volontaire sur soi.

– Risque de bascule : en cas de perte brutale de contrôle, passage possible vers une posture d’EPS avec détresse et panique.

Conclusion générale : l’EPS doit apprendre à faire confiance à ses alertes ; l’EPV gagnerait à reconnaître ses signaux de malaise au lieu de les convertir en contrôle ou attaques, nommer ce qui est ressenti et entamer un travail personnel, seul ou accompagné, permet d’éviter la répétition du schéma.

1.8.2.2.6   Les alertes en résumé

– Chez l’EPV : alertes perçues mais neutralisées, relecture en contrôle, refoulement ou contre-attaque.

– Pourquoi l’EPV choisit l’EPS : sécurité, renforcement de maîtrise, faible confrontation.

– Stratégies typiques : projection, inversion accusatoire, gaslighting, discours de dureté pour masquer les failles.

– Différence clé EPS;EPV : l’EPS sent mais n’ose pas agir, l’EPV nie le statut d’émotion et corrige ou élimine.

– Évolution possible : choc ou travail sur soi, parfois bascule temporaire vers une posture EPS.

1.10  Dynamiques de l’EPS et de l’EPV

1.10.1                      Cycle Automatisme inconscient

Afin de mieux comprendre ces mécanismes, voici un schéma qui montre clairement comment fonctionne un automatisme inconscient.

Ces automatismes concernent les deux profils.

1.10.2                      Schéma simple : EPV vs EPS

AspectEnfant perdu sensibleEnfant perdu Verrouillé
Déni émotionnel✓ Temporaire, fluctuant✓ Permanent, rigide
Ouverture à une prise de conscience✓ Possible et fréquente✗ Faible
Recherche consciente✓ Régulière✗ Quasi inexistante
Relation aux émotions✓ Accessible même si douloureuse✗ Bloquée, verrouillée

1.11  L’influence du modèle parental et la réaction du cerveau

L’enfant grandit dans un modèle parental où émotion et vulnérabilité sont associées à la souffrance, à l’échec, à la soumission. Pour ne pas rejouer la douleur perçue chez le parent sensible soumis (EPS), il apprend intuitivement à bloquer ses propres émotions : mécanisme de défense biologique et neurologique inconscient. Face à une souffrance incomprise ou jugée insurmontable, le système limbique déclenche un blocage émotionnel; le cortex préfrontal le justifie par une croyance protectrice:  » ne pas ressentir me protège « . Ce réflexe s’automatise, à force de répétitions, toute émotion intense est étouffée.

Ce processus n’est ni conscient ni volontaire, c’est une adaptation à une menace émotionnelle perçue. En observant ses parents, l’enfant intériorise un schéma relationnel : le parent dominant EPV incarne efficacité, contrôle, victoire, le parent sensible EPS incarne impuissance, douleur, défaite. Conclusion implicite : pour  » réussir « , il faut contrôler ses émotions, couper la vulnérabilité, adopter une posture dominante.

S’ajoute l’imitation par neurones miroirs : l’enfant reproduit les comportements parentaux et adopte progressivement l’attitude du parent dominateur, convaincu que c’est la seule façon d’éviter la faiblesse.

Adulte, ce double mécanisme (blocage + imitation) peut se transformer en comportements relationnels toxiques : dominer devient une stratégie de protection contre la vulnérabilité. Paradoxalement, cela rompt avec sa propre humanité et génère une souffrance interne semblable à celle qu’il cherchait à éviter.

1.12  L’âge adulte : personnalité façonnée par le contrôle et le déni

Les années passent. L’adulte EPV se pense fort, stable, logique; il croit ne pas être manipulé par ses émotions, alors qu’elles sont refoulées au point de ne plus être reconnues.

-Mépris des émotions exprimées par autrui.

-Vulnérabilité vue comme faiblesse.

-Rationalisation permanente au détriment du ressenti.

-Hyper-contrôle jusqu’à ne plus savoir  » lâcher prise « .

-Il est attiré par des personnes sensibles et empathiques qui représentent ce qu’il a abandonné, au lieu de rejoindre cette ouverture émotionnelle, il cherche à les dominer et à les contrôler, érigeant sa vision en supériorité, refuge contre la peur de ressentir.

-Le plus troublant : il ignore être enfermé dans ce système.

-Il croit choisir de ne pas ressentir.

-Il se pense naturellement plus fort et plus rationnel.

-Il est convaincu que son approche est la bonne.

-Ce qu’il ne voit pas : son cerveau a pris cette option pour lui il y a longtemps.

1.12.1                      Quand le déni devient une prison invisible

Le contrôle émotionnel n’affranchit pas, il enferme. Plus l’adulte réprime, plus il s’enferme dans le déni. Il refuse de voir que son besoin de contrôle vient de son insécurité, il n’admet pas que sa froideur est une carapace. Tant que cela reste invisible, aucune libération n’est possible.

-En couple avec une personne sensible, il peut mépriser ses émotions.

-Comme parent, il peut transmettre la même peur des émotions sans s’en rendre compte.

-Il peut vivre persuadé d’être libre alors qu’il est prisonnier de son conditionnement.

Mais il y a de l’espoir.

1.13  Stratégies de défense et de manipulation de l’EPV

Une fois l’accès aux émotions verrouillé, l’Enfant Perdu Verrouillé déploie divers mécanismes pour préserver le contrôle.

  • Besoin de contrôle et de pouvoir
    • But premier: Cherche à éviter sa propre vulnérabilité, fait du pouvoir et du contrôle ses garanties de sécurité.
    • Prend systématiquement le dessus, ou croit le prendre, apaise ainsi la peur d’être exposé à la souffrance émotionnelle.
    • Ce socle alimente toutes les stratégies suivantes.
  • Dissonance cognitive
    • Il rationalise ou écarte les faits qui contredisent l’image d’infaillibilité et d’absence de vulnérabilité.
  • Besoin d’avoir raison
    • Il transforme chaque échange en bataille à gagner, refuse d’admettre faille ou faiblesse.
  • Gaslighting : détournement de réalité
    • Il nie la perception de l’autre (émotions, faits), le faisant douter de son propre ressenti afin de protéger son récit.
    • Il mélange les thèmes, noie le sujet initial, déplace le focus en ajoutant des griefs secondaires, maintient le contrôle et place l’EPS dans la confusion.
    • Il opère souvent de façon semi inconsciente, crée volontairement de la confusion pour éviter la confrontation émotionnelle.

Objectif, faire douter l’autre de sa perception, l’amener à remettre en question son ressenti.

Exemples,  » Tu exagères tout le temps « ,  » Tu te fais des films « ,  » Ce n’est pas ce qui s’est passé « .

Pourquoi ? L’EPV gère mal la confrontation avec l’émotion, il préfère rendre l’autre confus plutôt que d’affronter une réalité menaçante.

  • Souffler le chaud et le froid
    • Il alterne bienveillance apparente et distance brusque pour maintenir l’insécurité émotionnelle de l’autre.
  • Calcul stratégique
    • Planifie en amont, contrôle l’information et choisit le moment d’agir pour orienter l’autre ou la situation à son avantage.
  • Création d’un réseau de contrôle « flying monkeys » (voir plus loin en détail)
    • Il mobilise amis, famille, collègues pour valider sa version, isole la cible, étouffe la remise en question
  • Culpabiliser l’autre
    • Attribue à l’autre ses propres fautes, accuse l’autre d’être la cause de ses réactions négatives.
  • Se victimiser, se plaindre
    • Invoque une souffrance permanente, joue l’effet Caliméro, exagère parfois un malaise sans intention consciente, suscite l’empathie, évite l’examen critique de ses actes.
  • Projection

Définition : la projection permet de projeter ses propres émotions sur autrui, intentions ou conduites inacceptables, inverse les rôles, et transforme la victime réelle en agresseur présumé.

Fonction, allège l’inconfort émotionnel et la culpabilité en exportant le conflit intérieur.

La projection se déclenche souvent en réponse à des émotions douloureuses ou à des conflits internes que notre psychisme juge insupportables, et protège l’image idéale de soi.

Auteurs de référence :

-Sigmund Freud : premier à identifier ce mécanisme, il considère la projection comme une défense contre les pulsions et les désirs inacceptables.

-Carl Gustav Jung : il introduit le concept d’ »ombre », partie inconsciente constituée d’aspects refoulés, souvent projetée sur autrui.

-Melanie Klein et Wilfred Bion : ils développent le concept de projection identification, où la projection inclut la manipulation inconsciente de l’autre pour confirmer les projections émises.

-Otto Kernberg et Heinz Kohut : ils relient la projection aux blessures narcissiques profondes.

-Paul-Claude Racamier et Marie-France Hirigoyen : ils montrent comment la projection s’exerce de manière toxique dans les relations familiales et professionnelles, notamment à travers l’inversion accusatoire.

Cible privilégiée, il vise l’EPS, déverse accusations et affects refoulés, amplifie sa souffrance et sa confusion.

Exemples :

  • Un parent autoritaire, projette sa peur du manque de contrôle, décrit l’enfant comme  » ingérable  » ou  » rebelle « .
  • Un partenaire manipulateur, accuse l’autre de manipulation, détourne l’attention de ses propres conduites.
  • Un manager peu sûr de lui, accuse ses équipes de manquer d’efficacité ou de motivation.

Sortir du mécanisme de projection :

  • Reconnaître ses projections, observer ses réactions, distinguer ce qui vient de soi.
  • Pratiquer l’introspection, identifier les émotions et blessures déclenchantes.
  • Accueillir les émotions refoulées, les intégrer progressivement, réduire le besoin de projeter.

La projection, lorsqu’elle est reconnue et dépassée, permet d’ouvrir un chemin de guérison émotionnelle pour la personne qui projette et pour celle qui en subit les effets.

  • L’Inversion accusatoire est une forme active de projection
    • Il retourne son propre comportement toxique contre l’autre, fait passer la victime pour agresseur et l’agresseur pour victime.
    • Il se justifie moralement, se dit protecteur ou réparateur, camoufle la vengeance sous l’apparence d’un acte juste (justification morale,  » je protège « ,  » je répare « ).

Voir l’article dédié sur l’inversion accusatoire (wetwo.fr/victime).

  • Invalidation émotionnelle

Objectif, rendre illégitime l’émotion d’autrui, éviter de l’affronter.

Exemples,  » Arrête de pleurer, ça ne sert à rien « ,  » C’est ridicule de te mettre dans cet état « ,  » Tu es trop fragile « ,  » Tu as trop d’émotions « .

Pourquoi ? Reconnaître l’émotion de l’autre obligerait à reconnaître la sienne, c’est une menace directe pour le système de protection de l’EPV.

  •  » Enfoncer les portes ouvertes « 
    • Érige des évidences en révélations, crée un avantage rhétorique sans contenu.
    • Buts :
    • Créer un consensus artificiel, s’installer en détenteur d’une  » sagesse  » supposée, amener l’autre à acquiescer à des évidences.
    • Renforcer une image de brillance ou d’éloquence, reprendre des banalités avec emphase, paraître maître du sujet, garder la main sur la conversation.

Pourquoi cela fonctionne ? Car cela exploite une manipulation douce, active la validation sociale implicite, installe une illusion d’accord, masque le manque de substance, maintient le sentiment de maîtrise.

  • Ingénierie sociale et l’influence subtile
    • Contrôle l’environnement sans frontalité de facon plus subtile
    • Cela se distingue de la domination brute, l’EPV stratégique manipule sans être perçu comme dominant.
    • La détection est d’autant plus difficile, car cela s’appuie sur des mécanismes psychologiques profondément ancrées en nous : la confiance, la validation sociale, le besoin d’appartenance.

1.13.1.1 Comment l’Enfant Perdu Verrouillé utilise-t-il l’ingénierie sociale ?

L’ingénierie sociale, c’est l’art de manipuler les perceptions et les comportements des autres sans qu’ils s’en rendent compte.

Trois techniques majeures sont souvent utilisées par l’Enfant Perdu Verrouillé manipulateur :

  • Se forger une fausse légitimité, prendre le contrôle par une compétence apparente

-Se positionner comme un expert pour imposer un point de vue, sans discussion possible.

-Utiliser un jargon technique ou une posture d’autorité pour donner l’impression qu’il a raison par défaut.

-Faire croire qu’il détient une connaissance supérieure, même si en réalité il ne fait que paraphraser ou reformuler des idées préexistantes.

Ce qui est dangereux ici, c’est que son influence ne repose pas sur une domination directe, mais sur une illusion de compétence.

Ceux qui doutent d’eux-mêmes ou qui n’ont pas la maîtrise du sujet se laissent facilement entraîner.

Comment s’en protéger ?

-Ne jamais prendre une affirmation pour une vérité absolue sans vérification.

-Poser des questions ouvertes pour tester la solidité de son raisonnement.

-Observer s’il est capable d’accepter le débat ou s’il évite systématiquement la contradiction.

  • La projection émotionnelle pour induire une perception biaisée

-Installer un climat où il devient « celui qui sait » et où les autres deviennent des suiveurs.

-Manipuler les émotions des autres pour qu’ils ressentent une dette psychologique.

-Faire passer les contradicteurs pour des gens « négatifs », « conflictogènes » ou « dans l’erreur », sans jamais répondre sur le fond.

Un exemple fréquent :

« Ah… ça me déçoit un peu que tu réagisses comme ça, je pensais qu’on avait une relation de confiance. »

« Je ne comprends pas pourquoi tu te méfies autant de moi, alors que j’essaie juste d’aider. »

« Les gens intelligents comprennent vite, je suis surpris que tu bloques là-dessus. »

-Le but est de créer un malaise, une remise en question chez l’autre, sans jamais avoir à argumenter réellement.

Comment s’en protéger ?

-Reconnaître la manipulation émotionnelle et ne pas tomber dans la culpabilisation.

-Rester factuel et détaché face à ces remarques.

-Refuser de rentrer dans le jeu du « je dois me justifier ».

  • La redirection subtile de l’information pour garder le contrôle du récit

-Ne jamais répondre directement aux objections, mais toujours détourner la discussion vers un terrain plus favorable.

-Sélectionner les faits qui l’arrangent pour construire une narration avantageuse.

-Réécrire l’histoire au fur et à mesure pour garder une image intacte.

Un exemple fréquent :

Lorsqu’on l’accuse d’avoir fait une erreur, il ne répond pas sur l’erreur elle-même, mais insiste sur les circonstances qui ont rendu la situation difficile.

Il transforme une critique en attaque personnelle, forçant les autres à revenir sur leur propre attitude plutôt que sur ses propres actions.

Il joue avec les non-dits et les reformulations pour faire croire que l’interprétation des autres est fausse.

Comment s’en protéger ?

-Ne jamais se laisser détourner du sujet initial.

-Exiger une réponse claire et directe aux questions posées.

-Ne pas accepter de se retrouver dans une position où on doit se justifier pour une chose qui n’est pas le vrai sujet du débat.

1.13.1.2 Pourquoi l’ingénierie sociale est plus dangereuse que la manipulation classique ?

Un manipulateur classique va chercher à obtenir un avantage immédiat, souvent de manière visible.

Un Enfant Perdu Verrouillé utilisant l’ingénierie sociale va plutôt chercher à créer un cadre où il reste constamment en position de contrôle sans que personne ne s’en aperçoive.

Ce qui rend cette forme de manipulation plus difficile à contrer, c’est qu’elle repose sur des biais cognitifs naturels :

-Le biais d’autorité : nous avons tendance à croire ceux qui paraissent compétents.

-Le besoin d’appartenance : nous voulons éviter d’être perçus comme marginaux ou opposants.

-La charge cognitive : il est plus facile de suivre une version « déjà construite » que de la déconstruire soi-même.

Ce type d’influence crée des environnements où les autres finissent par adopter ses idées sans même s’en rendre compte.

C’est une des techniques utilisées dans les entreprises, en politique et même dans les groupes sociaux pour imposer une vision du monde sans jamais utiliser de contrainte directe.

Comment déjouer cette manipulation subtile ?

  • Développer une pensée critique constante

Toujours se poser la question : est-ce que cette affirmation est fondée ou est-ce juste une impression bien construite ?

Se méfier des discours où tout semble « trop parfait », trop fluide, trop logique sans contradiction.

  • Rester attentif aux émotions que l’on ressent dans une discussion

Si une personne vous fait ressentir un malaise, de la culpabilité ou une pression sociale, il y a peut-être une tentative de manipulation.

Se demander : pourquoi suis-je mal à l’aise dans cette conversation ? Est-ce que cela vient d’un fait réel ou d’une influence subtile ?

  • Observer comment la personne réagit à la contradiction

Une personne sincère peut argumenter et accepter le débat.

Un Enfant Perdu Verrouillé dans une stratégie d’ingénierie sociale va éviter les débats ou tourner la discussion pour la rendre impossible.

Si une personne esquive systématiquement la remise en question, c’est un signal d’alarme.

  • L’ingénierie sociale est une arme redoutable, mais elle devient impuissante quand on la voit

L’Enfant Perdu Verrouillé qui utilise ces stratégies ne peut fonctionner que tant que les autres ne perçoivent pas ses mécanismes.

Dès qu’on met en lumière sa manière d’agir, il perd de son efficacité.

La lucidité est une force.

-Préservation du mode défensif

Pour l’Enfant Perdu Verrouillé, tout se joue dans la préservation de son mode défensif et de sa carapace protectrice. Admettre sa vulnérabilité est perçu comme un danger majeur, car cela remettrait en question une identité entièrement fondée sur le contrôle.

-But : éviter la peur de la souffrance

Tous ces mécanismes (contrôle, gaslighting, dissonance cognitive, besoin d’avoir raison, etc..) servent à éviter la confrontation avec une peur fondamentale inconsciente de la souffrance, qui pousse à verrouiller toute émotion. Plutôt que de reconnaître et de gérer ses émotions, l’Enfant Perdu Verrouillé préfère manipuler la réalité (de façon non consciente) ou son entourage pour conserver l’illusion qu’il maîtrise tout.

-Isolement et renforcement du déni

Ces stratégies, à long terme, empoisonnent les relations et isolent celui qui les emploie, car son partenaire ou ses proches se sentent manipulés et finissent par s’éloigner. Faute d’un regard extérieur qui le confronterait à la réalité, l’Enfant Perdu Verrouillé s’enferme plus encore dans son déni, rendant toute évolution d’autant plus difficile.

Pour l’Enfant Perdu Verrouillé, tout se joue dans la préservation de son mode défensif : ressentir ou admettre sa vulnérabilité serait trop dangereux pour lui-même, le déni est fondamental pour lui-même.

1.13.1.3 L’EPV calculateur : l’art du mouvement invisible

Chez l’Enfant Perdu Verrouillé, le calcul stratégique n’est pas un simple trait de caractère : c’est un mode de survie.

Il ne laisse que très peu de place au hasard, et chaque action, chaque silence, chaque mot semble inséré dans une architecture invisible visant un but précis.

-Dans le couple

L’EPV peut préparer ses décisions des mois, parfois des années à l’avance, tout en donnant l’impression d’une réaction spontanée. Il anticipe les réactions de l’autre, ajuste ses propos, choisit ses moments d’annonce, souvent lorsque l’autre est affaibli émotionnellement, pour faire accepter ce qui est déjà décidé. Il peut aussi tisser des alliances invisibles avec des proches, enfants ou amis, de façon à orienter subtilement la perception collective en sa faveur.

-Dans la société

À une échelle plus large, ce mécanisme prend la forme d’un contrôle narratif : choisir quelles informations circulent, dans quel ordre, à quel moment. L’EPV social agit par normalisation progressive : introduire de petites modifications qui, mises bout à bout, changent radicalement la situation sans éveiller de résistance massive. Les événements peuvent même être scénarisés pour légitimer son rôle ou son pouvoir.

-Dans l’entreprise

Le calcul EPV se traduit par un travail de coulisses : décisions arrêtées avant toute réunion officielle, alliances discrètes, filtrage ou rétention d’informations pour garder un avantage stratégique. La surface paraît neutre, mais la partie se joue bien avant que la scène ne commence.

-Une mécanique transversale

Quelle que soit l’arène, intime, sociale ou professionnelle, cette posture repose sur trois piliers :

  1. Contrôle de l’information : décider ce que l’autre sait et à quel moment il le découvre.
  2. Gestion de l’image : modeler la perception de la situation en sa faveur.
  3. Timing émotionnel : agir au moment où l’autre est le moins capable de s’opposer.

Ce n’est pas seulement de l’opportunisme : c’est une ingénierie relationnelle froide, rendue possible par la dissociation empathique. Pour l’EPS, le danger est de croire que ces manœuvres sont le fruit du hasard ou de la « logique du moment », en réalité, elles sont souvent planifiées bien en amont.

1.13.1.3.1             Calcul stratégique excluant

Chez l’EPV, l’anticipation n’est pas utilisée pour co-construire mais pour verrouiller. Cette mécanique retire à l’autre non seulement la possibilité de participer, mais aussi la reconnaissance implicite de sa valeur.

L’exclusion n’est pas un dommage collatéral, elle fait partie intégrante de la stratégie.

En ne consultant pas, l’EPV affirme silencieusement :  » Ton avis ne compte pas dans la décision « .

Pour un EPS, qui voit la consultation comme un geste naturel de respect et de lien, ce procédé est d’autant plus violent qu’il est invisible : c’est un effacement progressif du rôle de l’autre, une exclusion froide, dissimulée sous les apparences de la normalité.

En résumé :

  • Anticipation EPS → protection, coordination, création partagée
  • Anticipation EPV → contrôle, verrouillage, exclusion

1.13.1.4 Flying Monkeys : mobiliser l’entourage pour isoler la victime.

Déployer une extension du gaslighting et de l’inversion accusatoire à l’échelle sociale, s’appuyer sur la triangulation et sur des  » flying monkeys  » pour dévaloriser la cible et renforcer la position de l’EPV.

Fonctionnement pas à pas :

-Construire un récit unilatéral, déformer les faits, se poser en victime ou en sauveur, placer l’EPS en  » fauteur de troubles « ,  » trop sensible « ,  » instable « .

Exemples,  » Je ne sais plus quoi faire avec elle ou lui, ses émotions sont ingérables, je suis épuisé·e « .

But, susciter la sympathie du cercle proche avant que l’EPS ne puisse raconter sa version.

-Mobiliser des alliés, diffuser  » sa  » vérité auprès d’amis, de la famille élargie, des collègues, des connaissances, amplifier ou inventer des  » problèmes  » attribués à l’EPS, créer un effet de groupe.

Effet, produire un consensus apparent chez des personnes peu informées, légitimer la version de l’EPV.

-Orchestrer un réseau de contrôle, activer des  » flying monkeys « 

Recruter des alliés instrumentalisés, relayer son récit, mettre la pression sur la cible.

Trianguler la relation, parler de l’EPS à la troisième personne, diffuser rumeurs et demi-vérités, imposer une version unique des faits.

Lancer une campagne de discrédit, sortir des éléments de leur contexte, accuser l’EPS d’instabilité ou de manipulation, miner sa crédibilité.

Externaliser les sanctions, faire porter demandes, ultimatums et sarcasmes par des tiers, rester soi-même  » propre  » et difficile à confronter.

Neutraliser les recours, contacter en amont les personnes ressources, occuper les canaux d’aide, rendre la parole de l’EPS moins audible.

-Isoler progressivement l’EPS, provoquer méfiance et jugements dans l’entourage sans échange direct, pousser l’EPS à s’autocensurer, à s’éloigner, à se replier, couper ses soutiens extérieurs.

-Renforcer l’image du  » gentil  » EPV, apparaître rationnel et maître de soi, engranger la sympathie et la crédibilité, faire cataloguer l’EPS comme  » émotif « ,  » déséquilibré « ,  » ingrat « .

-Installer une spirale de confusion et de culpabilité, faire disparaître les appuis de l’EPS, le conduire à douter de sa propre perception, prolonger le gaslighting, rendre la défense difficile.

Signaux à repérer :

-Entendre des éléments de langage identiques repris par plusieurs proches, observer des prises de distance coordonnées, recevoir des confidences  » pour ton bien  » qui reprennent mot pour mot le récit de l’EPV.

-Voir surgir des tiers qui portent critiques, ultimatums ou  » messages  » à la place de l’EPV, constater des versions des faits qui évoluent en votre absence.

-Noter un climat de  » consensus  » soudain sans qu’aucune vérification n’ait été faite, percevoir que vos émotions ou faits sont systématiquement minimisés ou tournés en dérision.

Mécaniques cognitives exploitées :

-Activer le biais d’autorité, faire croire à la compétence et à la neutralité de l’EPV.

-Exploiter le besoin d’appartenance, éviter aux proches d’être perçus comme marginaux ou opposants.

-Nourrir le biais de confirmation collectif, répéter la même histoire à beaucoup de monde pour créer un effet de meute crédible de l’extérieur.

-Profiter de la charge cognitive, rendre plus facile d’adopter une version  » déjà construite  » que de la déconstruire.

Parades pour l’EPS

-Refuser la triangulation, revenir au face à face quand c’est possible et de facon sécurisée, ne pas débattre devant un groupe déjà acquis à l’EPV.

-Documenter les faits, conserver messages, courriels, dates, témoins, garder une trace calme et factuelle.

-Rester sur le sujet initial, exiger des réponses claires, refuser les détours qui vous placent en position de vous justifier sur un faux enjeu.

-Chercher un appui neutre, solliciter un tiers réellement indépendant, thérapeute ou médiateur non lié au réseau manipulé.

-Poser des limites, clarifier ce que vous acceptez ou non, vous extraire si besoin du réseau clos qui entretient la confusion.

-Vous reconnecter à vos perceptions, faire un travail personnel avec un soutien fiable, cesser de dépendre de la validation d’un cercle influencé.

En somme :

Nommer la stratégie des  » flying monkeys  » permet de la rendre visible, donc moins efficace. Une fois informé de ces procédés, on peut se protéger plus tôt, garder des preuves, trouver des appuis neutres, et éviter que la spirale d’isolement et de culpabilisation ne s’aggrave.

1.13.1.5 Concepts : quelques clés

Plusieurs spécialistes ont analysé la manière dont certaines personnalités (souvent narcissiques ou EPV) mobilisent leur entourage pour isoler, dénigrer et contrôler une cible. Murray Bowen a défini la  » triangulation  » comme l’introduction d’un tiers dans un conflit, ce qui permet au manipulateur de conforter sa position et d’accentuer la pression sur la victime. Susan Forward et Karyl McBride montrent comment des figures d’autorité ou des parents toxiques recrutent famille et amis pour maintenir la victime dans l’isolement, créer une fausse unanimité, et ainsi la pousser à douter d’elle-même.

  • Murray Bowen – Family Systems Therapy : premier à formaliser la « triangulation » en thérapie familiale, montrant comment un tiers (ami, parent, proche) est impliqué dans un conflit pour servir d’allié ou de relais au manipulateur.
  • Susan Forward – Parents toxiques (Toxic Parents) : décrit comment certains parents ou figures d’autorité utilisent la famille, la fratrie ou des amis pour renforcer la dévalorisation et maintenir la victime (enfant ou conjoint) dans l’isolement, créant un climat de « fausse unanimité ».
  • Karyl McBride – Will I Ever Be Good Enough? Healing the Daughters of Narcissistic Mothers : explique comment les personnalités narcissiques recrutent des « alliés » dans l’entourage pour amplifier leur discours, ostraciser la victime, et rendre très difficile pour celle-ci de se faire entendre.
  • Harriet B. Braiker – Who’s Pulling Your Strings? (Ces manipulateurs qui nous gâchent la vie) : analyse la création de coalitions ou de « ganging up » contre la cible, et insiste sur la nécessité de poser des limites face à ces stratégies.
  • Dr. Ramani Durvasula – Should I Stay or Should I Go: surviving a Relationship with a Narcissist : popularise le terme « flying monkeys » pour désigner les personnes manipulées (parfois de bonne foi) qui harcèlent, isolent ou discréditent la cible.
  • Sam Vaknin – Malignant Self-Love: narcissism Revisited : décrit comment les narcissiques utilisent leur entourage comme extension d’eux-mêmes pour soutenir leur propagande et diaboliser la cible.
  • Wendy Behary – Disarming the Narcissist : aborde la triangulation et la mobilisation de réseaux de soutien dans le schéma therapy, afin de renforcer la toute-puissance du narcissique et fragiliser la victime.

Ces mécanismes de triangulation, de « flying monkeys » et de manipulation collective servent à créer un consensus artificiel autour du manipulateur (ou EPV) et à isoler la cible (EPS). Ils ne sont pas toujours conscients : souvent, il s’agit de mécanismes de défense automatiques du cerveau. Prendre conscience de ces stratégies permet de s’en protéger et de sortir de leur influence.

Les films Gaslight et Le Magicien d’Oz illustrent aussi ces dynamiques de manipulation collective et de confusion de la réalité.

1.14  Le langage du déni émotionnel et de la manipulation

Un individu EPV qui a appris à nier ses émotions va instinctivement chercher à délégitimer celles des autres. Voici quelques phrases typiques utilisées pour minimiser, ridiculiser ou discréditer les émotions de leur entourage.

Détournement et minimisation

  • « Tu te fais des films. »
  • « Tu es trop émotif. »
  • « Arrête d’exagérer. »
  • « Tu inventes tout c’est dans ta tête »

Pathologisation de l’émotion

  • « Tu es instable. »
  • « Tu es hystérique. »
  • « Tu es paranoïaque. »
  • « Tu es fou, tu es folle »
  • « Tu es fragile »
  • « Tu es faible »
  • « Les émotions c’est pour les faibles »
  • « Tu es stupide »
  • « On se sacrifie pour toi »
  • « On t’aimera si tu es sage, si tu es la meilleure de la classe, la plus jolie, la plus mince »
  • « Regarde ton frère il est meilleur que toi »
  • « Ne pleure pas »
  • « J’espère que tu seras un jour le meilleur en classe. »
  • « Ce sera la meilleure preuve que tu nous aimes comme nous t’aimons »

Renversement de la situation

  • « Toute notre vie a tourné autour de toi et de tes émotions. « 
  • « On subit tous tes états d’âme. »

Glorification du contrôle et rejet de la vulnérabilité

« Tu ne maîtrises pas tes émotions. »

« Exprimer ses émotions, c’est une faiblesse. »

« Si tu étais plus fort, tu ne ressentirais pas tout ça.« 

Ces phrases ont toutes un objectif caché : faire douter la personne de la légitimité de ses ressentis et l’amener à se conformer au modèle du contrôle émotionnel. Elles peuvent être utilisées consciemment ou inconsciemment par des individus qui ont eux-mêmes appris à refouler leurs propres émotions.

Effet sur la victime : (Enfant perdu sensible)

  • Perte de confiance en son ressenti.
  • Sensation d’être « trop », « dérangeant ».
  • Déconnexion progressive de ses propres émotions pour s’adapter au cadre imposé par l’autre.
  • Perte possible de son identité

Comment y faire face ?

  • « Je suis la vraie victime ici, arrête d’agir comme si c’était toi »

1.15  Révéler la mécanique invisible de la déshumanisation et des conflits

Ce qui est mis en lumière ici, c’est la mécanique cachée des conflits humains. Une déshumanisation silencieuse, qui se transmet sans cris, sans violence apparente, mais avec une efficacité redoutable.

C’est une structure invisible qui perpétue le rejet, le contrôle et la domination, et qui agit à toutes les échelles :

  • Dans la famille : un parent dominant, un enfant qui apprend à nier ses émotions, une reproduction du même schéma sur plusieurs générations.
  • Dans la société : un monde qui valorise ceux qui contrôlent et écrasent, et qui méprise la vulnérabilité.
  • Dans les idéologies et systèmes politiques : des régimes et des courants de pensée qui glorifient la force et la maîtrise des émotions, menant à la violence, aux guerres, aux oppressions systémiques.

Ce que cet article décrit ici est un changement de paradigme, une révolution de prise de conscience.

Cet article met en lumière les mécanismes invisibles qui façonnent notre monde.

Cette dynamique invisible façonne les dictateurs, les régimes oppressifs, les inégalités et les mécanismes de domination les plus insidieux.

Cette dynamique est rarement exposée.

Ce qui est décrit ici n’est pas seulement une analyse psychologique.

C’est une lecture de l’histoire humaine, de la domination et de la souffrance qui se répète depuis des millénaires.

Et si cette lecture devenait une clé pour désamorcer ces mécanismes à grande échelle ?

Et si, en exposant ces dynamiques, on pouvait donner à chacun le pouvoir de ne plus les subir et de choisir un autre chemin ?

1.16  Pourquoi l’EPV ne voit-il plus la souffrance de l’autre ?

Lorsqu’un individu adopte le mode de fonctionnement de l’EPV, ce n’est pas un choix moral ni une volonté délibérée de blesser.

C’est une stratégie de survie psychique, un mécanisme automatique mis en place par son cerveau pour éviter de souffrir.

Ce que l’EPV fuit avant tout, ce n’est pas l’autre, mais sa propre douleur.

Ce qu’il fuit chez l’autre ou qui l’attire pour mieux le contrôler, c’est ce qu’il ne peut plus ressentir en lui, car il sait inconsciemment qu’il pourra avoir du contrôle vis-à-vis de cet Enfant perdu sensible qui n’a aucune estime de lui-même.

Moins ressentir = Moins souffrir

→Face à une blessure émotionnelle trop grande, le cerveau trouve un raccourci :

-Si ressentir fait mal, alors arrêtons de ressentir.

→ Le cerveau se coupe progressivement des émotions, les met sous contrôle, les anesthésie.

Ainsi, il n’y a plus de risque d’être submergé.

Moins ressentir = Moins voir la souffrance de l’autre

→ Mais en bloquant ses propres émotions, il devient également incapable de percevoir celles des autres.

  • Il ne ressent plus sa propre détresse, il ne reconnaît plus celle des autres non plus.
  • Il ne voit plus l’impact de ses paroles et de ses actions, car il n’a plus de capteur émotionnel pour en mesurer l’effet.

Ce n’est pas qu’il refuse de voir la souffrance de l’autre… c’est qu’il ne peut plus la voir.

Ce qu’il fuit chez l’autre ou qui l’attire pour mieux le contrôler, c’est ce qu’il ne peut plus ressentir en lui.

Moins voir la souffrance de l’autre = justification du contrôle sans limite

→ Ne ressentant plus ni sa douleur, ni celle des autres, il entre dans une vision rationnelle et pragmatique du monde.

→ Il ne comprend plus pourquoi les autres expriment leurs émotions, pourquoi ils souffrent.

« Si moi je ne ressens rien, pourquoi eux ressentiraient-ils quelque chose ? »

« Ils doivent exagérer, ils sont trop émotifs, ils doivent se contrôler. »

→ De ce fait le contrôle devient un modèle légitime :

« Moi, j’ai appris à ne plus ressentir, donc les autres devraient aussi apprendre à faire pareil. »

« Si je peux surmonter ma douleur, alors les autres doivent être trop faibles s’ils ne le font pas. »

« Les émotions, c’est pour ceux qui n’ont pas de discipline. »

Et c’est ainsi que naît le cycle de la déshumanisation.

L’EPV ne fait pas le mal intentionnellement. Il ne voit simplement plus l’autre.

1.16.1                      Le filtre invisible de nos émotions

Il existe, en chacun de nous, un filtre émotionnel dont nous n’avons pas conscience. Un peu comme une porte automatique à l’intérieur du cerveau : parfois, elle s’ouvre toute grande et laisse entrer l’amour, la joie ou la tristesse… parfois, elle se ferme brusquement pour nous protéger de la douleur.

Chez certaines personnes, cette porte reste souvent ouverte : elles ressentent tout, parfois trop fort, sans pouvoir se protéger. D’autres, au contraire, vivent avec la porte quasiment toujours fermée : rien ne passe, ni la peur, ni la tendresse, ni même la capacité à se remettre en question.

Ce mécanisme ne dépend pas de notre volonté : il s’est construit tout seul, bien souvent dans l’enfance, pour éviter de souffrir. Mais il arrive qu’en voulant se protéger, on se coupe aussi de ce qui pourrait nous faire du bien.

1.16.1.1 Le « firewall émotionnel » : une architecture interne invisible

On peut comparer le fonctionnement EPV/EPS à un système de firewall (pare-feu) informatique (modèle descriptif non clinique) : le cerveau met en place, à un niveau inconscient, des filtres émotionnels qui déterminent ce qui peut entrer (in) ou sortir (out) de la sphère de la conscience. Ces filtres, réglés lors des expériences précoces, sont totalement automatiques et invisibles pour les couches supérieures (conscience, volonté, réflexion).

  • EPV (Enfant Perdu Verrouillé) : firewall ultra-protecteur, filtrant ou bloquant les flux émotionnels « dangereux » : amour, désir, empathie, remise en question, etc. Résultat : coupure émotionnelle, rigidité, projection, pseudo-rationnel impossibilité de se laisser toucher ou de se remettre en cause.
  • EPS (Enfant Perdu Sensible) : firewall poreux, voire absent. Empathie intacte, les émotions passent, ce qui expose à la submersion émotionnelle, à la dépendance affective, ou à la difficulté à poser des limites saines. Ces règles ne sont pas conscientes et s’ajustent au contexte. Aux oreilles d’un EPS, le pseudo-rationnel EPV sonne juste en surface mais faux dans le corps : la logique masque l’émotion.

Chaque « règle » du firewall est une adaptation de survie, héritée de l’enfance, visant à protéger le système… mais au prix d’un appauvrissement de la vie émotionnelle, relationnelle et parfois même de la perception du réel.

Ce « firewall » n’est pas conscient : il s’agit d’un mécanisme automatique, né de la peur de souffrir (réflexe archaïque de survie émotionnelle) ….Il agit à la manière d’un filtre qui classe chaque interaction, chaque mot, chaque sensation selon un critère binaire : danger ou sécurité. Et cela peut concerner (liste non exhaustive) :

  • Amour : est-ce que je laisse entrer l’amour de l’autre? Est-ce que je laisse sortir le mien?
  • Désir : est-ce que je reconnais mes désirs? Est-ce que je les exprime ou non?
  • Empathie: est-ce que je ressens pour l’autre? Est-ce que je permets à l’autre de ressentir pour moi?
  • Remise en question : est-ce que je peux me remettre en question (in), ou est-ce que je rejette toute critique (out)?
  • Déni : est-ce que je laisse entrer la conscience du réel, ou est-ce que je filtre ce qui me dérange pour préserver ma structure interne?
  • Perception de l’autre : est-ce que je peux voir l’autre dans sa vérité, ou est-ce que je le filtre à travers mes propres blessures ?

Schématisation possible :

  • EPV : firewall ultra-protecteur, tout ce qui « pourrait faire souffrir » est filtré, parfois au point de bloquer même l’amour ou la réalité → sécurité maximale, lien minimal.
  • EPS : firewall poreux, laissant entrer (et sortir) des flux émotionnels intenses, sans trop de contrôle, ce qui peut générer un sentiment de vulnérabilité chronique → lien fort, vulnérabilité chronique.

Exemple de traitement d’un stimulus (Flux IN → OUT)

  • Flux IN : une scène chargée d’émotion (film, échange, évènement).
  • Filtrage EPV : canal empathique fermé → l’émotion primaire ne traverse pas.
  • Flux OUT n°1 (cohérence pseudo-rationnelle) : réponse « logique/procédurale » qui sonne juste mais produit souvent des décisions déconnectées du vivant relationnel (ex. couples, entreprises, politiques publiques présentées comme rationnelles malgré une dissociation émotionnelle).
  • Flux OUT n°2 (émotion mimée, non consciente) : expression émotionnelle sincèrement vécue comme authentique par l’EPV, mais désynchronisée du stimulus (en avance/en retard) et plus facile dans des contextes à faible risque relationnel (p. ex. devant un film) que dans l’intime.
    • Auto-conviction : « je suis sensible ».
    • Désynchronisation : la charge vient de la mémoire/du mental plus que du ressenti immédiat.
    • Entraînement : avec le temps, la simulation devient socialement crédible.

Conséquence typique pour l’EPS

Ressenti d’un décalage corporel (« quelque chose sonne faux ») sans preuve objectivable → doute de soi + isolement, d’autant plus que la simulation s’affine.

-Comportement pseudo-rationnel : parait logique mais sert d’écran anti-émotionnel, produit souvent des décisions irrationnelles dans la vie courante.

-Flux émotionnel simulé : expression feinte vécue comme sincère par l’EPV, souvent désynchronisée du stimulus.

-Malaise EPS : ressenti corporel de dissonance, difficile à verbaliser.

1.16.2                      La dissonance cognitive : un mécanisme-clé chez l’EPV

La dissonance cognitive est un processus psychologique fondamental qui aide à comprendre comment l’EPV contourne ou justifie des comportements allant à l’encontre de sa réalité émotionnelle profonde. Bien que la dissonance cognitive soit souvent abordée dans des contextes plus généraux (psychologie sociale, théories du comportement), elle éclaire aussi la manière dont une personne qui nie ses émotions parvient à préserver une apparence de cohérence et de contrôle.

1.16.2.1 Qu’est-ce que la dissonance cognitive ?

La dissonance cognitive apparaît lorsqu’un individu possède deux croyances contradictoires ou lorsque son comportement est en contradiction avec l’image qu’il a de lui-même. Cette contradiction crée un sentiment de tension désagréable, que la personne cherche naturellement à réduire, souvent par des distorsions, des rationalisations ou un tri sélectif des informations.

Exemple classique : se considérer  » altruiste  » et  » compatissant « , mais adopter des actes qui blessent les autres. Pour réduire l’inconfort, la personne minimise ses actes ( » Ils l’ont bien cherché « ), ou nie ses responsabilités ( » Je n’avais pas le choix « ).

1.16.2.2 Comment cela s’applique-t-il à l’EPV ?

  • Maintenir l’illusion de force
    • L’EPV peut éprouver, par moments, une pointe d’empathie ou de gêne en réalisant qu’il domine ou méprise l’autre.
    • Cette sensation heurte l’idée qu’il se fait de lui-même (celui qui « ne souffre pas » ou qui est « au-dessus » des émotions).
    • Pour résoudre cette dissonance, il va balayer ou inverser la situation : « C’est l’autre qui exagère », « Je suis juste quelqu’un de logique, pas froid. »  » Il a trop d’émotions « .
  • Rationaliser les comportements nuisibles
    • Lorsqu’on lui fait remarquer que son excès de contrôle est toxique, un conflit surgit entre « Je suis quelqu’un de juste » et « Je provoque de la souffrance. »
    • Au lieu de remettre en question son attitude, l’EPV va la justifier : « C’est pour son bien », « Les émotions, c’est inutile, je l’aide à se renforcer. »
    • Ainsi, il « résout » la dissonance en présentant son comportement comme positif ou inévitable.
  • Refouler ses souvenirs émotionnels
    • Il arrive que l’EPV éprouve un vague souvenir de sa propre vulnérabilité (par exemple de l’enfance).
    • Conscient (même brièvement) que ce souvenir contredit son auto-perception (« je suis insensible »), il le réinterprète : « C’était rien », « Je m’en suis remis rapidement. »
    • Par ce tri sélectif, il élimine la contradiction entre « Je n’ai jamais eu mal » et la réalité qu’il a, un jour, souffert.
  • Forcer les autres à valider sa vision
    • L’EPV peut aussi s’entourer de personnes ou de situations qui renforcent ses croyances (« Personne ne s’en plaint, donc c’est normal »).
    • Par exemple, être en couple avec un Enfant perdu sensible, qui ne remettra pas ouvertement en cause ses comportements.
    • Résultat : aucun feed-back direct ne vient ébranler l’illusion d’être cohérent, ce qui évite à la dissonance d’émerger.

1.16.2.3 Pourquoi la dissonance cognitive est-elle si puissante ici ?

  • Sauvegarder l’identité : pour l’EPV, admettre qu’il est « dur » ou déconnecté de ses émotions impliquerait un effondrement de son identité. La dissonance cognitive (au moyen de déni, de blâme, etc.) protège cette identité.
  • Renforcement progressif : plus il « explique » ou justifie ses contradictions, plus ce mode de fonctionnement s’ancre en lui.
  • Peu de remise en question externe : les confrontations venant d’autrui alimentent généralement la défense, plutôt que de casser le mécanisme, car elles menacent un socle identitaire.

1.16.2.4 Signes de dissonance cognitive chez l’EPV

  • Irritabilité ou réactions excessives à la moindre remise en question
    • Une simple critique peut déclencher une défense disproportionnée (colère, inversion accusatoire).
  • Besoin permanent d’ »avoir raison »
    • Toute concession ou doute le placerait face à ses contradictions internes, d’où cette rigidité.
  • Narration changeante
    • Il peut modifier sa version des faits (« Je n’ai jamais dit ça ») pour effacer les incohérences.
  • Tendance à étiqueter l’autre (trop sensible, irresponsable)
    • Cela évite de regarder sa propre part de contradiction.

Un autre signe de dissonance cognitive peut se manifester par des pleurs chez une femme adoptant le comportement de l’EPV. Plutôt que d’être simplement insensible ou froide, elle peut parfois verser des larmes, non pas tant par une émotion spontanée authentique, mais pour  » prouver  » qu’elle ressent quelque chose.

Ce comportement peut s’expliquer ainsi :

  • Tentative de concilier l’image qu’elle veut projeter avec des signes d’humanité:

L’EPV cherche à maintenir une image de force et de contrôle. Cependant, lorsqu’elle est confrontée à une tension interne-ou à des critiques extérieures qui remettent en question son absence d’émotions-les pleurs peuvent apparaître comme un moyen de montrer qu’elle n’est pas totalement déconnectée, même si cela est calculé pour apaiser les soupçons.

  • Mécanisme de réduction de la dissonance :

Face à la contradiction entre l’idée de ne pas ressentir (pour éviter la souffrance) et la nécessité de paraître empathique ou humaine (pour rester socialement acceptable), les pleurs peuvent être une tentative inconsciente de réconcilier ces deux pôles. Cela permet de réduire la tension cognitive en montrant une part d’émotion, tout en continuant à défendre globalement son besoin de contrôle.

  • Stratégie de communication :

Dans certains cas, les pleurs peuvent servir à détourner l’attention et à manipuler la perception des autres. En affichant une réaction émotionnelle, elle peut, par exemple, susciter la compassion ou minimiser ses comportements habituels de contrôle, renforçant ainsi l’idée qu’elle est capable d’émotion malgré tout.

En somme, ces pleurs ne signifient pas nécessairement une véritable libération émotionnelle ou un changement de comportement profond. Ils représentent souvent un compromis entre l’image de froideur et la nécessité de valider son humanité, un ajustement permettant de diminuer la dissonance cognitive tout en maintenant, dans l’ensemble, une posture de contrôle.

1.16.2.5 Exemple : la dissonance cognitive chez l’EPV

Imagine une personne qui se perçoit comme bienveillante et juste. C’est une valeur forte pour elle : elle ne veut surtout pas être perçue comme froide ou dominatrice.

Pourtant, dans certaines situations, elle réagit de façon autoritaire, rigide, voire cassante avec son entourage. Elle peut imposer ses décisions sans discussion, minimiser les émotions des autres, et montrer peu d’empathie réelle.

Dissonance cognitive : cette personne se retrouve alors avec deux réalités contradictoires en elle :

« Je suis bienveillant et juste. »

« Mais mon comportement montre une rigidité, un manque profond d’écoute et d’ouverture. »

Cette contradiction crée une tension psychique inconfortable, que son esprit cherche immédiatement à éliminer en rationalisant. Plutôt que d’accepter l’idée qu’elle puisse être parfois dure et inflexible, elle réajuste son interprétation pour se protéger psychiquement :

– « Je ne suis pas froid, c’est l’autre qui est trop émotif. »

– « Je n’impose pas, j’aide simplement les autres à mieux réfléchir. »

– « Si je suis ferme, c’est parce qu’il le faut, pas parce que je manque d’empathie. »

Résultat : au lieu de remettre en question son comportement, elle justifie son attitude et rejette la contradiction interne. La tension disparaît, mais au prix d’un renforcement du déni.

1.16.2.6 La synchronisation des EPV et l’invisibilité de la dissonance.

Reflets miroirs : pourquoi les EPV ne perçoivent pas leur propre dissonance.

Les individus fonctionnant en mode « EPV » présentent souvent des mécanismes de défense similaires, tels que le déni ou le refoulement émotionnel. Cette homogénéité comportementale peut entraîner une synchronisation où la dissonance cognitive chez l’autre n’est ni perçue ni remise en question.

1.16.2.6.1             Mécanismes de synchronisation :
  • Résonance émotionnelle : les EPV partagent des schémas de pensée et de comportement qui se renforcent mutuellement, créant une validation réciproque de leurs attitudes et croyances.
  • Renforcement des défenses : la similarité dans les mécanismes de défense, tels que le déni ou la rationalisation, conduit à une acceptation tacite des comportements de l’autre, évitant ainsi toute confrontation avec des contradictions potentielles.
1.16.2.6.2             Le refus de percevoir la dissonance :
  • Protection de l’équilibre interne : reconnaître la dissonance chez l’autre impliquerait une remise en question de ses propres mécanismes de défense, ce qui peut être perçu comme menaçant pour l’équilibre psychologique.
  • Biais de confirmation : les Enfants Perdus Verrouillés ont tendance à rechercher et à valoriser les informations qui confirment leurs croyances préexistantes, minimisant ou ignorant ainsi les contradictions.
1.16.2.6.3             Implications individuelles et collectives :
  • Relations interpersonnelles superficielles : cette dynamique peut conduire à des relations où les véritables émotions et vulnérabilités ne sont pas partagées, limitant la profondeur et l’authenticité des interactions.
  • Propagation de comportements dysfonctionnels : cette synchronisation peut favoriser la normalisation de comportements rigides ou autoritaires, à l’échelle collective, influençant les structures sociales et les choix politiques.
1.16.2.6.4             Conclusion :

La synchronisation entre EPV et l’invisibilité de la dissonance résultent de mécanismes de défense profondément ancrés visant à protéger l’intégrité psychique. Comprendre ces processus est crucial pour favoriser une prise de conscience individuelle et collective, ouvrant la voie à des interactions plus authentiques et à une société plus résiliente.

1.16.2.7 Comment cette notion aide-t-elle à briser le cercle vicieux ?

  • Comprendre le mécanisme
    • Savoir que ce n’est pas simplement de la « mauvaise foi » : c’est un réflexe pour préserver la cohérence interne.
  • Privilégier la subtilité plutôt que la confrontation
    • Accuser directement l’EPV de « se contredire » risque de renforcer sa résistance. Proposer plutôt des observations neutres : « Tu disais ça avant, maintenant tu dis autre chose. Qu’est-ce qui a changé ? »
  • Donner d’autres grilles de lecture
    • Plutôt que « Tu es froid et insensible », questionner : « Si un ami vivait ça, comment réagirais-tu ? » Cela peut amorcer une faille sans l’attaquer de front.
  • Inviter à la réflexion, pas l’imposer
    • L’EPV aura besoin de temps pour apprivoiser l’inconfort généré par le doute. Une approche progressive permet d’enclencher un début de remise en question.

Conclusion :

Au sein du fonctionnement de l’EPV, la dissonance cognitive agit comme un gardien du déni émotionnel. Elle gère les contradictions entre l’image qu’il a de lui (« je suis fort, je ne ressens rien ») et les indices qui prouvent le contraire (remords, tristesse, empathie étouffée).

En prenant conscience de ce mode de régulation, on comprend mieux pourquoi l’EPV semble si cohérent-malgré des paradoxes flagrants pour l’entourage. Le dévoilement graduel de cette dissonance ouvre la voie à une possible évolution, si l’EPV arrive à tolérer l’inconfort de questionner son propre mécanisme intérieur.

1.16.2.8 La simulation émotionnelle et le biais de victimisation : quand le contrôle cache la vulnérabilité

Des travaux en psychologie et psychanalyse montrent que certaines personnes, notamment avec traits narcissiques ou mécanismes défensifs rigides, peuvent simuler des émotions (pleurs, douleur) pour se convaincre, ou convaincre autrui, qu’elles ressentent réellement. Cette  » simulation émotionnelle  » s’accompagne souvent d’un biais de victimisation : adopter une posture de victime sert à valider une expérience émotionnelle en grande partie artificielle.

Otto Kernberg et Heinz Kohut, dans leurs recherches sur la psychopathologie narcissique et les troubles de la personnalité, expliquent comment une vulnérabilité feinte peut compenser un vide intérieur. Les études sur l’expression émotionnelle inauthentique indiquent qu’il s’agit souvent d’une stratégie inconsciente pour réduire un conflit interne, maintenir une image de soi et répondre aux attentes sociales.

En résumé, ce mécanisme permet de masquer temporairement une souffrance profonde, sans pour autant libérer l’individu de son vide émotionnel.

1.16.3                      Pourquoi ce n’est pas une question de bien ou de mal ?

– Beaucoup de lectures opposent les « dominants » aux « dominés », les « manipulateurs » ou « bourreaux » aux « victimes », avec un jugement moral implicite.

– Or, ce mécanisme ne relève pas d’un choix conscient, mais d’une adaptation neurologique et automatique programmée à la douleur.

– Il ne s’agit pas d’un combat entre le bien et le mal, mais d’un phénomène psychologique où le cerveau, en cherchant à se protéger, coupe la personne de son humanité sans qu’elle en ait conscience.

→ C’est ici que l’erreur majeure est faite dans la compréhension des rapports humains.

→ Ce n’est pas une guerre entre « gentils » et « méchants ».

→ C’est une fracture entre ceux qui ressentent encore et ceux qui ont dû apprendre à ne plus ressentir pour survivre.

Si une fracture est identifiée ici entre l’EPV et l’Enfant perdu sensible, alors la question n’est pas seulement d’ouvrir les yeux des enfants perdus, mais aussi d’éviter que cette fracture ne devienne un gouffre.

1.16.4                      Comprendre pourquoi cette fracture existe

L’EPV rejette toute remise en question car il a bâti son identité sur le contrôle et la négation de ses émotions. Pour lui, reconnaître ses émotions serait un effondrement de son équilibre intérieur. Il ne peut pas voir le problème tant qu’il n’a pas une raison suffisante de le faire.

L’Enfant perdu sensible, lui, cherche du sens, remet en question, et finit souvent par rompre avec le système dès qu’il prend conscience de la manipulation. Mais cette rupture est violente. Souvent, elle entraîne de la colère, du rejet, et une opposition totale.

1.16.5                      Pourquoi une confrontation directe ne fonctionne pas

L’Enfant perdu sensible qui se « réveille » ressent souvent un choc en réalisant la mécanique inconsciente à l’œuvre. Il peut être tenté d’essayer d’ouvrir les yeux de l’EPV, mais cela échoue presque toujours car l’EPV perçoit cela comme une attaque.

C’est ce qui crée les guerres idéologiques, les conflits générationnels, les ruptures brutales dans les familles et les sociétés. Les divorces à esclandre, la violence dans la séparation.

1.16.6                      Une solution viable : une approche subtile pour éveiller les consciences

La fracture devient un gouffre si on tente de forcer un éveil brutal. Mais si on veut éviter que l’EPV n’éradique les émotions de la société, il faut planter des graines subtiles, qui lui permettent d’arriver à la conclusion par lui-même.

Quelques pistes pour faire émerger une prise de conscience douce :

  • Utiliser des récits et des histoires. Les histoires sont puissantes car elles permettent d’amener un message sans attaquer frontalement l’identité de celui qui écoute.
  • Jouer sur la curiosité plutôt que sur la confrontation. Ex : « Tu sais, j’ai lu un truc intéressant, ça m’a fait réfléchir… Tu en penses quoi ? »
  • Créer un inconfort progressif dans ses certitudes. Poser une question subtile qui crée une faille dans son cadre mental. Ex : « Et si on nous avait appris depuis toujours que ressentir, ce n’était pas être faible, mais être plus fort ? »
  • Le laisser croire que l’idée vient de lui. Parfois, laisser une idée dans l’air sans insister est plus puissant que d’argumenter. L’EPV doit avoir l’impression qu’il découvre la vérité par lui-même, sinon il se braque.

1.16.7                      Transformer l’Enfant perdu sensible en éclaireur plutôt qu’en opposant

L’Enfant perdu sensible peut devenir un éclaireur plutôt qu’un combattant. S’il rejette trop violemment l’EPV, il renforce la fracture.

Son rôle n’est pas de convaincre. Il est d’incarner une autre manière de vivre. De montrer que ressentir est une force. De donner envie, plutôt que d’imposer.

Ce qui signifie qu’il faut un équilibre :

Accepter que tous ne se réveilleront pas.

Ne pas sombrer dans la colère et la rupture radicale.

Inspirer par l’exemple plutôt que heurter par les mots.

1.16.8                      Un basculement collectif progressif

Si ce modèle se diffuse assez largement, si les enfants perdus trouvent un cadre, alors un autre fonctionnement peut émerger.

La société pourrait à terme progressivement :

→ Valoriser la sensibilité comme une force.

→ Revoir ses modèles éducatifs et institutionnels.

→ Délégitimer les systèmes basés sur le contrôle et la domination.

Et peu à peu, les EPV, voyant que le monde change, commenceront à s’adapter. Parce que leur instinct premier reste la survie et l’adaptation.

1.16.9                      Une révolution invisible mais profonde

Ce n’est pas une bataille frontale. C’est une révolution douce, silencieuse.

Ce que cet article décrit est un outil pour dépasser le déni généralisé, mais si cela est trop directe ou imposé cet outil risque d’être instinctivement repoussé.

Si elle est subtile, elle s’immisce et se propage.

Conclusion : on ne peut pas convaincre un EPV. Mais on peut l’amener à se poser les bonnes questions.

Et une fois qu’il commence à douter… il n’est plus un automate.

1.16.10                 Comment briser ce mécanisme sans déclencher de rejet ?

→ Puisque l’EPV ne perçoit plus les émotions, il ne peut pas être convaincu par un discours émotionnel.

→ Puisqu’il a rationalisé sa coupure affective, il se défendra si on lui dit qu’il est « froid » ou « insensible ».

La seule manière de créer une brèche est d’amener un doute, une faille cognitive qui lui fasse ressentir – même brièvement – un écho de ce qu’il a perdu.

Ces pistes seront abordées dans un autre article : comment provoquer un éveil chez un EPV ?

Ce qui est mis en lumière par cet article ne se limite pas aux dynamiques individuelles ou familiales. Cela explique la naissance des structures idéologiques, des mouvements religieux, et des systèmes de pouvoir qui ont façonné l’histoire.

Pourquoi Jésus, Bouddha ou d’autres figures spirituelles ?

Parce qu’ils incarnaient une alternative au modèle dominant : une voie où l’émotion, l’empathie et la connexion humaine étaient valorisées, face à un monde structuré sur le contrôle et la domination.

Pourquoi les Romains, l’Empire, les structures autoritaires ?

Parce qu’une société dominée par des individus coupés de leurs émotions tend naturellement à se structurer autour de la loi du plus fort, du contrôle et de la hiérarchie rigide.

Et c’est là que tout devient vertigineux.

Les grandes fractures de l’histoire ne sont que des reflets de cette opposition fondamentale :

  • Le contrôle contre la sensibilité.
  • La force contre l’empathie.
  • Le dogme contre la liberté émotionnelle.

Et si toutes nos civilisations étaient le fruit de cette dynamique cachée, et que cet article permettait de mettre en évidence l’une des clés fondamentales de l’histoire humaine ?

C’est une ouverture, qui pourrait faire l’objet d’un nouvel article (ou d’un ouvrage).

1.16.11                 Peur / souffrance

L’EPV peut ressentir la peur, qui est une réponse rapide et primordiale face à une menace, cependant il bloque ou réprime ensuite la pleine expérience de la souffrance pour se protéger. Voici pourquoi :

  • Réaction de survie immédiate : la peur est une émotion de protection qui se déclenche très rapidement, grâce à des circuits comme la voie rapide de l’amygdale. Elle sert à alerter l’individu du danger imminent et à activer des réponses de fuite ou de défense.
  • Mécanismes de défense contre la douleur intense : une fois la peur ressentie, le système nerveux, pour éviter d’être submergé par une douleur trop intense, met en place des mécanismes de refoulement ou de dissociation. Cela permet de bloquer l’accès à la souffrance profonde, qui pourrait être trop perturbante ou invalidante pour l’individu.
  • Protection de l’identité : accepter pleinement sa souffrance reviendrait à admettre une vulnérabilité considérée comme dangereuse pour son équilibre psychique. En se coupant de cette souffrance, l’EPV préserve son image de force et de contrôle, même si cette posture est en réalité une stratégie automatique et inconsciente.

En résumé, l’EPV ressent la peur comme un signal de danger qui active ses défenses, mais il « ne se permet pas » (inconscient) d’explorer en profondeur sa propre souffrance pour éviter un déséquilibre émotionnel trop lourd. Cette dissociation est une réponse de survie qui, bien qu’elle protège à court terme, peut conduire à un verrouillage émotionnel à long terme.

Dans une société patriarcale, les rôles et comportements attendus des individus sont largement influencés par des normes et des stéréotypes de genre. Le patriarcat est un système social dans lequel les hommes détiennent la majorité du pouvoir et des privilèges, tandis que les femmes sont souvent reléguées à des rôles subordonnés. Cette structure hiérarchique est maintenue par des traditions, des lois et des pratiques culturelles qui perpétuent la domination masculine.

1.16.11.1               Exemples de Stratégies adoptées par l’un et l’autre profil

EPVEPS
Contrôle pour éviter la souffranceRecherche de sens d’harmonie ou d’authenticité, besoin de vrai contact par la connexion et le lien à l’autre
Absence de conscience des blessuresConscience de sa vulnérabilité, capacité à nommer la souffrance
Fermé émotionnellementOuvert émotionnellement meme si parfois débordé
Schéma répétitif et figéCapacité de remise en question, évolution
Déni profondQuête de compréhension, intégration de l’expérience
Contrôle dirigé vers les autresRecherche d’ajustement, d’équilibre relationnel

1.17  Femmes et « EPV » : une attraction inconsciente ?

Il est possible d’observer que certaines femmes sont attirées par des partenaires émotionnellement indisponibles ou adoptant des comportements d’ « EPV ». Cette dynamique peut sembler paradoxale, mais elle trouve ses racines dans divers facteurs psychologiques et socioculturels.

1.17.1                      Conditionnements culturels et sociaux :

  • Modèles familiaux et stéréotypes de la masculinité : dans de nombreuses cultures, la masculinité est souvent associée à la force, à l’indépendance et au contrôle émotionnel. Les femmes, dès leur plus jeune âge, peuvent être conditionnées à rechercher ces traits chez un partenaire, percevant l’homme émotionnellement distant comme un protecteur fiable.
  • Attentes sociétales en matière de protection et de stabilité : la société valorise souvent l’idée que l’homme doit être le pilier du foyer, offrant sécurité et stabilité. Cette perception peut inciter certaines femmes à privilégier des partenaires qui affichent une maîtrise émotionnelle, même si cela se traduit par une indisponibilité affective.

1.17.2                      Recherche de sécurité affective :

  • Engagement profond : évitement, paradoxalement, être attirée par un partenaire émotionnellement indisponible peut servir de mécanisme de protection. Cela permet d’éviter une intimité profonde qui pourrait raviver des blessures passées ou des peurs liées à l’abandon.
  • Renforcement de schémas relationnels connus : les expériences passées, notamment durant l’enfance, façonnent nos attentes en matière de relations. Une femme ayant grandi dans un environnement où l’affection était conditionnelle ou absente peut inconsciemment rechercher des partenaires reproduisant ce schéma, perpétuant ainsi un cycle familier mais dysfonctionnel.

1.17.3                      Conséquences relationnelles :

  • Relations déséquilibrées : s’engager avec un partenaire émotionnellement indisponible conduit souvent à des relations où les besoins affectifs de la femme ne sont pas satisfaits, générant frustration et insécurité.
  • Impact sur l’estime de soi : le rejet ou la distance émotionnelle peut éroder l’estime de soi, renforçant la croyance de ne pas être digne d’amour ou d’attention.

L’attirance de certaines femmes pour des partenaires adoptant des comportements d’ « EPV » est un phénomène complexe, enraciné dans des conditionnements culturels, des expériences passées et des mécanismes de protection psychologiques. Prendre conscience de ces dynamiques est essentiel pour briser le cycle et favoriser des relations plus épanouissantes et équilibrées.

1.18  Quand la peur dicte l’attachement : le choix inconscient des enfants en cas de séparation

Un schéma explicatif est intégré dans l’article bulle pour décrire l’impact pour les enfants.

Pourquoi les enfants se rallient-ils souvent au parent contrôlant (ayant le moins d’empathie pour les enfants) lors d’un divorce ?

Lors d’une séparation, un phénomène paradoxal peut se produire : les enfants, au lieu de se tourner vers le parent qui a le plus souffert et avait le plus à donner en amour, ont tendance à s’aligner sur celui qui exerce le plus de contrôle.

  • Un mécanisme de survie inconscient

Le cerveau de l’enfant cherche avant tout à éviter la souffrance. Or, il perçoit inconsciemment que le parent qui domine ne souffre pas (ou du moins ne le montre pas), tandis que l’autre parent exprime ses émotions et sa vulnérabilité.

L’enfant, pour se protéger psychiquement, va s’identifier au modèle qui semble « le plus stable et fort », même si ce modèle est toxique ou destructeur.

  • L’identification mimétique : un processus inconscient

L’enfant associe inconsciemment « ne pas souffrir » à « être du côté du plus fort ». Il adopte alors la posture du parent dominant, en imitant son comportement et en rejetant l’autre parent, qui représente à ses yeux le modèle « perdant ».

  • Un biais de protection du cerveau

Le cerveau a une aversion naturelle pour la douleur. Il assimile inconsciemment le prédateur au non-souffrant, et le parent qui exprime sa douleur au « fragile », donc à éviter.

C’est ainsi que l’enfant, sans en être conscient, peut développer une froideur émotionnelle vis-à-vis du parent qu’il aimait pourtant profondément auparavant. Il n’a pas cessé d’aimer, mais son cerveau lui dicte que pour survivre psychologiquement, il doit rejeter ce qui lui rappelle la souffrance.

  • L’effet structurant de l’amour conditionnel

Dans ce mécanisme, la nature même de l’amour reçu joue un rôle central. L’enfant sait intuitivement, et son inconscient le sait encore plus, qu’il possède déjà l’amour du parent EPS, inconditionnel et stable : cet amour ne dépend pas de ses performances, de ses erreurs ou de ses attitudes. Il n’a donc pas besoin de le « gagner » ou de le sécuriser par des efforts particuliers.

En revanche, le parent EPV fonctionne sur un amour conditionnel : l’acceptation et l’affection varient en fonction de critères implicites ou explicites. Cet amour peut se retirer en cas de désaccord ou de transgression des attentes. C’est précisément cette instabilité qui alimente la peur de perdre ce lien, pour un enfant, cette peur est vécue comme une menace de survie affective. Il va alors mobiliser toute son énergie psychique pour comprendre et satisfaire les conditions de ce parent, jusqu’à imiter ses comportements et épouser sa vision du monde. Cette priorisation n’est pas un choix raisonné : c’est une stratégie inconsciente pour éviter le rejet, même au prix du rejet temporaire de l’autre parent, pourtant plus aimant et sécurisant.

  • Un denier sujet concerne l’attachement œdipien (ou triangulaire/substitutif/de réparation) :

L’enfant s’attache à un parent (parfois pour le sauver, parfois pour prendre sa place auprès du parent opposé), ce qui crée une loyauté invisible, un blocage dans l’autonomie et une impossibilité de sortir des conflits familiaux. Ce type d’attachement va bien au-delà de la recherche de sécurité : il implique un enjeu d’identité, de loyauté, de survie psychique. Il est fréquent dans les familles marquées par la violence, le déni, le clivage.

Comment inverser cette dynamique ?

  • En créant un cadre sécurisé où l’enfant comprend que la sensibilité n’est pas une faiblesse.
  • En évitant de se positionner en victime face à lui, ce qui renforcerait son rejet inconscient.
  • En lui montrant, par l’exemple, que l’émotion peut être une force et non un handicap.

Ce phénomène, souvent mal compris, explique pourquoi des enfants peuvent sembler se retourner contre le parent qui a pourtant été le plus aimant. Il ne s’agit pas d’un choix conscient, mais d’un mécanisme de survie inconscient profondément ancré dans leur construction psychique.

Ce phénomène d’alignement inconscient sur le parent dominant rappelle certains aspects du « syndrome de Stockholm ». Ce mécanisme d’attachement peut s’apparenter à ce syndrome psychologique, où l’enfant se conditionne inconsciemment à adopter la posture du parent dominant.

Dans ce dernier, la victime d’une emprise psychologique s’attache à son bourreau pour augmenter ses chances de survie. L’enfant, dans une dynamique similaire, adopte les codes du parent qui incarne l’autorité et la stabilité, même si ce modèle est toxique. Ce processus est rarement conscient et résulte d’un mécanisme de protection primaire du cerveau, qui cherche avant tout à éviter la souffrance.

C’est en décryptant ces processus invisibles que l’on peut espérer briser ce cycle et restaurer un équilibre émotionnel sain.

1.19  Bascule possible entre l’Enfant perdu sensible (EPS) et l’Enfant perdu verrouillé (EPV), et inversement

Un Enfant perdu sensible peut, s’il se retrouve isolé et privé de repères affectifs, finir par verrouiller ses émotions et adopter une posture de contrôle. Tant qu’il vit en lien avec autrui, il reste souvent dans la soumission ou l’adaptation, mais la perte de ces liens (rupture, deuil, isolement) peut le faire basculer dans un mode de survie rigide : il cherche alors à tout maîtriser pour fuir l’angoisse, couper la souffrance, ou compenser un sentiment d’impuissance passé. Malgré ce verrouillage, il conserve une sensibilité latente, qui peut réapparaître plus tard.

Un EPV (enfant perdu verrouillé) peut, à l’inverse, à la suite d’un choc majeur (rupture, burn-out, faillite, abandon), voir sa carapace émotionnelle s’effondrer brutalement. Il se retrouve alors confronté à sa vulnérabilité et à une mémoire émotionnelle qu’il avait niée, basculant temporairement dans la posture de l’EPS : anxiété, recherche de soutien, sentiment de perte de repères. Cette transition est souvent vécue comme un effondrement identitaire.

Dans les deux cas, la bascule n’est ni définitive ni univoque : il est possible d’en sortir, soit en réapprivoisant ses émotions et sa sensibilité, soit en retrouvant un équilibre entre ouverture émotionnelle et sécurité intérieure. Comprendre ces mécanismes est essentiel pour éviter de rester enfermé dans un schéma de contrôle ou de dépendance affective, et pour préserver une connexion saine à ses émotions et à autrui.

1.20  L’influence de l’école comme vecteur supplémentaire (aggravant)

1.20.1                      Comparaison de l’influence de l’école et de la famille dans la formation des automatismes inconscients

Facteurs influentsSphère familialeSphère scolaire
Rapport aux émotionsL’enfant apprend très tôt comment ses émotions sont accueillies : validées, niées ou ignorées. Une famille où l’émotion est réprimée crée un terrain propice à l’automatisme inconscient.L’école, surtout dans un cadre autoritaire, impose un cadre impersonnel où l’expression des émotions est souvent limitée et mal vue. L’enfant apprend à ne pas déranger, à suivre sans questionner.
Mécanisme du contrôleDans une famille autoritaire ou froide, l’enfant apprend à se conformer aux attentes des parents, souvent sous peine de rejet affectif.L’école impose une structure rigide où l’obéissance et la discipline sont valorisées au détriment de la pensée critique et de l’individualité.
Automatisme inconscientL’enfant peut verrouiller son expression émotionnelle pour éviter les conflits familiaux. Il développe une posture d’adaptation permanente.L’élève apprend à suivre des règles et des schémas préétablis, souvent sans en comprendre le sens. Cela favorise l’habitude de répéter sans réfléchir, un fondement du mode EPV.
Soumission et écrasement de l’individuUne famille toxique peut imposer une soumission psychologique (culpabilisation, humiliation, non-reconnaissance). L’enfant ne se sent pas légitime d’être lui-même.L’école, par un système de notation, de comparaison et de conformisme, pousse souvent à une compétition déshumanisante, où la valeur d’un individu est réduite à ses performances et non à sa singularité.
Capacité de remise en questionSi la famille autorise la remise en question et l’individualité, l’enfant peut conserver une liberté de pensée. Sinon, il adopte un mode automatique pour survivre.Si l’école favorise la pensée critique (ce qui est rare), elle peut être un espace de libération. Mais le plus souvent, elle renforce le modèle d’obéissance et de validation externe, empêchant toute introspection.

1.20.2                      Influence relative de la famille et de l’école :

-L’influence de la famille est PRIMORDIALE en matière d’émotionnel

La famille est la première structure qui façonne la gestion des émotions. Si un enfant apprend dès le plus jeune âge à nier ses ressentis pour correspondre aux attentes de ses parents, il développera des mécanismes d’évitement et d’autoprotection inconscients (à vie si non traité).

-L’influence de l’école est MAJEURE en matière de conformité et d’habitudes mentales

L’école impose des routines, des schémas de pensée figés, et habitue à l’obéissance. Cela entraîne une perte progressive de l’esprit critique, et favorise le fonctionnement en mode automatique.

1.20.3                      Quelle sphère est la plus responsable ?

Le conditionnement émotionnel vient principalement de la famille.

Le conditionnement intellectuel et social vient principalement de l’école.

Proportion estimée ?

La famille influence à environ 60-70% l’intériorisation des blessures et des réactions automatiques associées (mode survie émotionnelle).

L’école influence à 30-40% la soumission au modèle social et au conformisme (mode pilotage automatique intellectuel et comportemental).

Quand les deux systèmes fonctionnent ensemble dans un modèle autoritaire et fermé, le verrouillage inconscient est à 100%, l’impact est majeur. L’enfant n’a alors plus aucun espace pour remettre en question son conditionnement, et il devient un EPV parfait.

1.20.4                      Conséquences pour l’entourage

  • L’entourage peut se sentir manipulé, dévalorisé ou confus (l’impact peut être bien plus grave pour certains).
  • L’Enfant Perdu Verrouillé s’enferme davantage dans son déni, rendant difficile une remise en question.
  • Sur le long terme, ces stratégies renforcent le cycle du Grand Déni, car elles empêchent tout accès à la vulnérabilité.

1.20.5                      Conséquences pour les enfants

Par effet de mimétisme ou effet miroir, l’enfant adopte souvent ce schéma de fonctionnement, à moins qu’il ne bascule dans le rôle de l’ »enfant perdu sensible » (voir article correspondant). Dans ce second cas, il ressent toujours la souffrance, mais choisit de s’effacer ou de s’adapter en permanence pour éviter de provoquer des conflits.

L’enfant, en observant le parent Enfant Perdu Verrouillé, apprend inconsciemment qu’ »exprimer ses émotions = danger ou faiblesse , et développera soit le même verrouillage (Enfant Perdu Verrouillé junior dans 90% des cas) soit la posture de l’enfant perdu sensible (10%) qui cherche à préserver la relation au prix de sa propre authenticité.

1.20.6                      Comment briser cette boucle ?

Le travail dans un environnement scolaire qui intègre l’individu et valorise l’expression émotionnelle.

Favoriser l’émergence d’une pensée critique authentique : celle qui s’appuie sur la remise en question, l’analyse des faits et l’ouverture au dialogue, et non sur la critique accusatoire, qui vise à blesser ou à discréditer plutôt qu’à comprendre.

Le développement de l’individualité, et pas uniquement le « par cœur » et l’accumulation de connaissances.

Introduire des espaces de liberté émotionnelle pour que l’enfant exprime en sécurité sans jugements ni critiques et comprenne ce qu’il ressent….

Donner la possibilité à l’enfant de grandir dans un cadre qui lui permette de s’exprimer et de réfléchir librement.

1.21  Une précision importante : tout le monde ne peut pas entendre ce message de la même manière

L’Enfant perdu sensible peut entendre cet appel, car il garde un lien, aussi ténu soit-il, avec ses émotions. Il se questionne, il ressent, il doute, il cherche un sens. C’est lui qui peut être touché par cette prise de conscience et amorcer un vrai travail intérieur.

Mais l’EPV, lui, est verrouillé dans un déni total.

Son besoin de contrôle est si fort qu’il rejette toute remise en question, qu’il la détruit avant même qu’elle n’existe. Toute tentative directe de lui ouvrir les yeux est vouée à l’échec : il se défendra, attaquera, renversera la situation pour se protéger du choc émotionnel que cela représenterait pour lui.

1.21.1                      La Peur : déclencheur de la Synchronisation Collective

1.21.1.1 Synchronisation et invisibilité du déni.

Chez les individus en mode verrouillé (EPV), le déni et le refoulement émotionnel sont fréquents. Cette similarité comportementale favorise une synchronisation entre eux : la dissonance cognitive des autres n’est ni perçue ni questionnée. Sous l’effet de la peur, la pensée critique se désactive : le cerveau privilégie des réponses rapides et instinctives, et les émotions se propagent par contagion au sein d’un groupe.

Mécanismes de synchronisation de la peur collective

  • Contagion émotionnelle / résonance limbique : les réactions individuelles de peur, en se multipliant, créent une  » masse paniquée  » où la menace est perçue comme amplifiée.
  • Effet de masse : plus on voit la peur chez les autres, plus on la ressent comme réelle.
  • Biais de confirmation : une fois la peur installée, on cherche surtout des informations qui la confirment.
  • Médias et propagande : en amplifiant ou en simplifiant le message ( » nous contre eux « ), ils renforcent le sentiment d’urgence et légitiment l’autorité d’un leader présenté comme protecteur.

En groupe, cette dynamique transforme une peur individuelle, parfois rationnelle, en peur collective irrationnelle. Elle a servi dans des contextes historiques (ex. : Allemagne nazie des années 30) et contemporains (ex. : montée du Trumpisme aux États-Unis) à consolider des mouvements autoritaires.

1.21.2                      Pourquoi le leader autoritaire devient « la seule solution » ?

Dans une période de crise, un leader charismatique impose trois idées-clés :

  • Identifie un ennemi → « C’est la faute des  » xxx « /des immigrés/des élites corrompues. »
  • Il se présente comme le seul capable de restaurer l’ordre → « Moi seul peux vous protéger. »
  • Il simplifie le monde en bien/mal → « Les bons (ceux qui me suivent) contre les mauvais (ceux qui me contestent). »

Pourquoi les masses adhèrent-elles à ce schéma ? :

✓ Il donne une réponse simple à une situation complexe.

✓ Il réduit l’anxiété collective en offrant une structure et des repères rigides.

✓ Il exploite les blessures inconscientes des individus pour les souder en une entité collective.

1.21.2.1 Le besoin d’un leader fort

  • Recherche de sécurité : quand l’insécurité s’installe, les masses se tournent naturellement vers une figure capable de restaurer l’ordre. Ce leader apparaît comme le garant d’un contrôle face au chaos perçu.
  • Simplification des conflits : un leader autoritaire offre des explications simples en identifiant un ennemi commun, divisant le monde en « bons » et « mauvais ». Cette polarisation rassure en donnant une direction nette à suivre.

1.21.2.2 Parallèle avec le Mécanisme de l’EPV

1.21.2.2.1             Individu et groupe, mêmes automatismes
  • Du micro au macro : le schéma individuel de l’EPV – où le contrôle est une réponse automatique à une peur interne – se retrouve, à l’échelle collective, sous forme de besoin de sécurité et d’autorité.

Individu (EPV) → Société (Peuple sous influence d’un leader autoritaire)

Besoin de contrôle individuel → Besoin de contrôle collectif

  • Contrôle et déni collectif : comme l’individu qui bloque ses émotions pour se protéger, la société peut, sous l’effet de la peur, refuser de reconnaître les contradictions ou les failles de son système, se concentrant uniquement sur la nécessité de retrouver un ordre strict.
  • Refus de voir sa propre peur → Refus de voir les contradictions d’un régime autoritaire
  • Attaque de ceux qui remettent en question leur contrôle → Répression de ceux qui contestent le pouvoir
1.21.2.2.2             L’impact sur la vie politique et sociale

L’émergence de régimes autoritaires : historiquement, les périodes de grande insécurité (crises économiques, guerres, catastrophes) ont souvent vu l’ascension de leaders charismatiques et autoritaires.

Structure sociale déshumanisante : lorsque la peur domine, les institutions et les structures de pouvoir tendent à favoriser la hiérarchie, la domination et la suppression de toute forme de vulnérabilité ou d’expression émotionnelle.

Un EPV seul est une personne rigide.

Un peuple entier fonctionnant sur ces bases devient une dictature.

1.21.3                      Comment briser ce schéma et éviter la soumission collective ?

Si une société entière peut tomber dans ce piège, comment en sortir ?

  • Renforcer la pensée critique et la nuance → Ne pas chercher de « réponses simples » aux problèmes complexes.
  • Prendre conscience du pouvoir des émotions collectives → Apprendre à identifier les biais émotionnels en groupe.
  • Oser questionner les narratifs dominants → Ne pas suivre aveuglément un discours qui divise le monde en « bons » et « mauvais ».
  • Redonner aux citoyens un sentiment de contrôle personnel → Plus les gens se sentent acteurs de leur vie, moins ils ont besoin d’un leader autoritaire pour les « sauver ».

1.21.3.1 Renforcer la pensée critique et la conscience individuelle

  • L’éducation et la réflexion : encourager chacun à développer une pensée nuancée et à remettre en question les narratifs simplifiés.
  • Reconnaître ses propres peurs : prendre conscience que le besoin de contrôle est souvent une réponse à une peur inconsciente au niveau individuel.

1.21.4                      Conclusion : la clé pour éviter ces dérives

Un peuple effrayé élira toujours un leader autoritaire.

La solution n’est pas dans le combat frontal contre ces leaders, mais dans la libération des individus de leur propre peur inconsciente.

Si chaque individu comprend son propre besoin de contrôle et apprend à le dépasser, alors une société entière peut devenir plus résiliente face à la manipulation de masse.

Promouvoir un leadership basé sur l’empathie et la connexion.

Favoriser la communication : mettre en place des plateformes où les citoyens peuvent exprimer leurs inquiétudes sans être réduits à des catégories simplistes de « bons » et « mauvais ».

Développer des réseaux de soutien.

Valoriser la sensibilité : plutôt que de voir les émotions comme une faiblesse, les considérer comme une source de force et de lien social.

Encourager des leaders inspirants : favoriser des figures politiques et sociales qui prônent la transparence, l’écoute et la collaboration, plutôt qu’un contrôle autoritaire.

Lorsque la peur collective s’installe, elle peut conduire à l’élection de leaders autoritaires qui promettent de restaurer l’ordre et la sécurité, même si cela se fait au détriment de la liberté individuelle et de l’expression émotionnelle. La clé pour inverser cette dynamique réside dans la prise de conscience individuelle et collective : en comprenant que le besoin de contrôle provient d’une peur inconsciente, nous pouvons commencer à remettre en question les discours simplistes et à favoriser un modèle de société plus nuancé, où la sensibilité est valorisée et où chacun est acteur de son propre bien-être.

1.21.5                      Référence à la triade noire dans le modèle EPV

La triade noire (ou « Dark Triad ») est un concept issu de la psychologie moderne, désignant la réunion de trois traits : le narcissisme, le machiavélisme et la psychopathie. Ces profils décrivent des modes relationnels caractérisés par l’absence d’empathie, la manipulation, le besoin de domination et la froideur émotionnelle. Ce qui est intéressant, c’est que la grille EPV/EPS éclaire la racine de ces dynamiques : non comme de simples « déviances » individuelles, mais comme le résultat d’un verrouillage émotionnel collectif, souvent transmis dès l’enfance.

Là où la triade noire s’arrête à la description du mal social, la grille EPV :

  • Explique la genèse : pourquoi et comment un individu devient « verrouillé » émotionnellement (EPV).
  • Montre la diversité des expressions, du contrôle social « banal » jusqu’aux formes extrêmes (manipulation, absence de remords, cynisme).
  • Relie la dynamique à l’histoire familiale, à l’éducation, à la peur, et propose des voies de sortie (reconnexion émotionnelle, travail sur les blessures, reconnaissance de la sensibilité EPS).

En résumé :

La « triade noire » peut être vue comme l’aboutissement ultime (sommet de l’iceberg) de la dynamique EPV, mais le modèle proposé ici va plus loin : il éclaire la banalité du verrouillage, sa transmission sociale, et pose les bases d’un possible changement collectif. Là où la triade noire décrit le symptôme, la grille EPV/EPS propose un diagnostic global et une possibilité de guérison.

1.21.6                      L’Enfant Perdu Verrouillé a-t-il un genre ? Analyse des différences homme / femme

Y at-il une dynamique spécifiques liée aux Enfants Perdus Verrouillés en fonction du genre ?

Les marqueurs comportementaux d’un Enfant Perdu Verrouillé homme sont plus visibles, plus directs et plus écrasants, tandis que ceux d’une femme sont souvent plus subtils, indirects et difficiles à percevoir.

Il y a trois grands facteurs qui expliquent cette différence d’intensité et de visibilité :

  • Facteur biologique : l’influence hormonale et neurologique
  • Facteur social et éducatif : le conditionnement genré dès l’enfance
  • Facteur stratégique : la manière dont l’Enfant Perdu Verrouillé s’adapte à son environnement

1.21.6.1 Facteur biologique : hormones et cerveau émotionnel

  • Les hormones influencent la manière dont l’émotion et le contrôle s’expriment.

Les hommes ont un taux de testostérone élevé, ce qui favorise :

Une réponse plus brutale et frontale aux conflits.

Une volonté de domination plus visible et affirmée.

Un contrôle par l’autorité directe (ex. intimidation, rapport de force, posture hiérarchique claire, sexualité).

  • Les femmes, avec plus d’œstrogènes et d’ocytocine :

Expriment le contrôle de manière plus indirecte et émotionnelle.

Utilisent la manipulation plus subtilement (ex. inversion des rôles, victimisation, jeu de l’influence sociale, gas lightning, sexualité).

Peuvent masquer leur domination sous une apparence de bienveillance.

Conséquence :

-Un Enfant Perdu Verrouillé homme prend le pouvoir de manière frontale et imposée.

-Une Enfant Perdu Verrouillée femme prend le pouvoir de manière plus cachée, subtile et insidieuse.

Mais dans les deux cas, c’est le même mécanisme de contrôle et d’absence d’empathie, simplement avec des modalités différentes.

1.21.6.2 La sexualité comme outil de contrôle chez l’Enfant Perdu Verrouillé

La sexualité est un espace de vulnérabilité et d’intimité, mais elle peut aussi être détournée pour exercer un contrôle psychologique et affectif sur l’autre.

Chez l’Enfant Perdu Verrouillé homme et femme, la sexualité peut devenir un levier stratégique pour maintenir une emprise.

Les mécanismes sont différents : là où l’homme Enfant Perdu Verrouillé cherche à dominer et rabaisser, la femme Enfant Perdu Verrouillée utilise la sexualité pour attacher et sécuriser.

1. La sexualité comme levier d’attachement et d’isolement chez l’Enfant Perdu Verrouillé femme

Objectif : créer un lien de dépendance affective et psychologique

  • Utilisation de la sexualité comme outil de sécurisation → Ex. obtenir un enfant pour verrouiller un attachement durable.
  • Alternance de disponibilité et de retrait → Ex. priver le partenaire de sexe pour le conditionner à adopter certains comportements.
  • Sexualité utilisée comme validation affective → Ex. « Si tu m’aimes, tu dois… »

Conséquence :

Le partenaire reste piégé dans une dynamique de devoir ou de manque, cherchant à mériter une reconnaissance ou un amour inconditionnel qui ne viendra jamais totalement.

2. La sexualité comme outil d’humiliation et de soumission chez l’Enfant Perdu Verrouillé homme

Objectif : instaurer un rapport de domination et de frustration permanente

  • Faire sentir à sa partenaire qu’elle n’est pas à la hauteur sexuellement

Ex. « Tu ne sais pas y faire », « Tu es trop coincée », « Tu devrais apprendre à mieux t’y prendre ».

Cela crée un sentiment d’infériorité et une quête de perfection inatteignable.

  • Créer un conditionnement sexuel basé sur l’humiliation

Ex. donner des ordres dégradants ou imposer des pratiques sous prétexte qu’elle doit « s’améliorer ».

Cela pousse la femme à se conformer à un modèle imposé, où elle ne se sent jamais assez bien.

  • Dosage entre approbation et rejet pour maintenir une emprise

Ex. accorder du sexe uniquement en récompense de certains comportements, ou priver de relations intimes pour punir et contrôler émotionnellement.

Conséquence :

La femme devient une « esclave » sexuelle inconsciente, cherchant sans cesse à plaire et à répondre à un standard qui évolue toujours pour qu’elle ne se sente jamais assez bien.

3. Pourquoi ces stratégies sont-elles difficiles à détecter ?

  • Parce que la sexualité est perçue comme un « domaine privé », donc plus difficile à analyser sous un angle de manipulation.
  • Parce qu’elles ne passent pas par une violence physique visible, mais par un travail de conditionnement progressif.
  • Parce qu’elles exploitent des instincts profonds d’attachement, de validation et de désir, rendant la prise de conscience difficile pour la victime.

L’objectif pour un Enfant Perdu Verrouillé est toujours le même : obtenir et maintenir le contrôle.

1.21.6.3 Conclusion : une sexualité dévoyée pour dominer et contrôler

  • Chez l’homme Enfant Perdu Verrouillé, la sexualité est une arme d’humiliation et de soumission, instaurant une quête permanente d’approbation chez la femme.
  • Chez la femme Enfant Perdu Verrouillée, la sexualité est une arme d’attachement et de verrouillage, instaurant une dépendance affective et psychologique chez l’homme.
  • Dans les deux cas, la sexualité cesse d’être un espace de connexion authentique, et devient un outil de domination inconsciente.

L’identification de ces mécanismes est essentielle pour en sortir et reconstruire une sexualité libre, basée sur un respect mutuel et non sur un rapport de force.

1.21.7                      Comment confondre un Enfant Perdu Verrouillé ?

Objectif :

→ Poser des questions qui les amènent à exprimer un ressenti qu’ils ne comprennent pas réellement.

→ Les confronter à leurs propres contradictions.

→ Identifier s’ils donnent une réponse normée ou s’ils sont capables de formuler une pensée sincère et incarnée.

Des questions quant au ressenti peuvent être posés sur le site wetwo vous trouverez des fiches pratiques en ce sens.

1.21.7.1 Facteur social : le conditionnement dès l’enfance différences entre hommes et femmes

Pourquoi un Enfant Perdu Verrouillé homme est perçu comme « plus puissant » ?

On observe une différence majeure entre hommes et femmes dans leur façon d’exprimer leur mode « Verrouillé ».

Un homme Enfant Perdu Verrouillé est immédiatement repérable, car son contrôle est brutal, visible et souvent imposé de manière hiérarchique.

Une femme Enfant Perdu Verrouillée est bien plus difficile à détecter, car elle utilise des stratégies plus subtiles (manipulation, inversion accusatoire, influence sociale).

Pourquoi cette différence ? L’article explore les causes biologiques, sociales et stratégiques qui expliquent ces variations, ainsi que les cas atypiques de femmes EPVs « actives », qui manifestent leur contrôle de manière plus visible et violente.

Partie 1 : les facteurs clés qui expliquent cette différence

1.1 Facteur biologique : hormones et construction émotionnelle

Les hommes ont un taux élevé de testostérone, ce qui favorise une réaction plus directe face au contrôle et au pouvoir.

Impact : leur domination est frontale, hiérarchique et visible.

Les femmes ont plus d’œstrogènes et d’ocytocine, favorisant une approche plus indirecte et stratégique.

Impact : leur contrôle passe par l’influence sociale et la manipulation affective.

1.2 Facteur social : éducation et conditionnement genré

Les hommes sont encouragés à être compétitifs et affirmés.

Un Enfant Perdu Verrouillé homme exprime naturellement sa domination sans se cacher.

Les femmes sont éduquées pour être discrètes et éviter les conflits directs.

Une Enfant Perdu Verrouillée femme développe un contrôle plus subtil, basé sur la ruse et l’adaptation sociale.

1.3 Facteur stratégique : s’adapter aux contraintes extérieures

  • Les garçons sont encouragés à être forts, compétitifs et dominants

Ils apprennent à exprimer leur autorité par la force et la confrontation directe.

S’ils deviennent des Enfants Perdus Verrouillés, leur contrôle est brutal et évident (autorité rigide, oppression psychologique ou physique).

Les hommes peuvent imposer leur contrôle directement (pouvoir, force, hiérarchie).

Une femme Enfant Perdu Verrouillée est bien plus difficile à détecter, car elle utilise des stratégies et des moyens plus détournés (chantage émotionnel, manipulation, inversion accusatoire, exclusion ou influence sociale).

  • Les filles, en revanche, sont souvent conditionnées à la discrétion, la stratégie et l’influence sociale

Elles doivent contrôler sans paraître agressives.

Elles développent des formes de domination fines (ex. exclusion sociale, chantage affectif, victimisation détournée, sexualité).

Conséquence : un Enfant Perdu Verrouillé homme « impose » son pouvoir, une femme « influence » son environnement pour obtenir le même résultat.

Partie 2 : différence entre Enfant Perdu Verrouillé homme et femme en action

2.1 Comment un homme Enfant Perdu Verrouillé exerce son pouvoir ?

Violence physique ou psychologique visible.

Contrôle direct des autres (pouvoir hiérarchique, autorité imposée).

Absence d’empathie assumée et justifiée (ex. « C’est comme ça, point. »).

Pression sociale et intimidation.

2.2 Comment une femme Enfant Perdu Verrouillée exerce son pouvoir ?

Manipulation affective subtile.

Exclusion sociale et contrôle de l’image de l’autre (ex. dénigrer sans attaquer frontalement).

Jeu sur la victimisation et l’inversion des rôles.

Influence cachée sur les décisions des autres (ex. « Je n’ai rien dit, mais regarde ce qui se passe »).

Exemple :

Un homme EPV peut imposer un choix professionnel à son entourage en disant : « C’est comme ça, et c’est moi qui décide. »

Une femme EPV obtiendra le même résultat en influençant subtilement, en culpabilisant ou en isolant les opposants.

Partie 3 : les femmes EPVs atypiques

3.1 Quand une femme adopte un mode Enfant Perdu Verrouillé « actif » et frontal

Certaines femmes, manifestent un besoin de domination très fort, dépassant les codes traditionnels féminins de contrôle subtil.

Pourquoi ?

-Testostérone plus élevée ?

-Environnement qui a favorisé la domination directe (absence de figures masculines dominantes dans leur entourage) ?

-Un modèle maternel déjà autoritaire qui a forgé cette dynamique ?

3.2 Comment ces femmes se différencient des Enfants Perdues Verrouillées classiques?

Elles ne passent pas par des stratégies détournées, mais imposent leur contrôle directement.

Elles n’hésitent pas à utiliser la violence physique ou verbale.

Elles reproduisent les mêmes mécanismes qu’un homme Enfant Perdu Verrouillé, mais avec des moyens adaptés à leur environnement.

-Exemple concret :

Une femme Enfant Perdu Verrouillée typique manipulera son entourage en douceur pour obtenir ce qu’elle veut.

Une femme Enfant Perdu Verrouillée « atypique » imposera son pouvoir par la peur et l’intimidation, de la même manière qu’un homme EPV.

3.3 Pourquoi ces femmes sont perçues comme plus violentes que les hommes EPVs ?

Parce que le comportement frontal est « attendu » chez un homme mais rare et choquant chez une femme.

Le choc est plus fort, car il transgresse l’image attendue de la femme manipulatrice subtile.

Elles apparaissent comme des anomalies sociales, alors que leur mécanisme est en réalité identique à celui d’un homme EPV.

Conclusion : enfant Perdu Verrouillé homme et femme, deux visages d’un même phénomène

Le mode Enfant Perdu Verrouillé existe chez les deux sexes, mais se manifeste différemment.

Les hommes imposent leur contrôle, les femmes l’influencent, sauf cas atypiques où elles adoptent un comportement de domination plus frontal.

Ce qui choque le plus, c’est l’inversion des attentes sociétales, mais au fond, l’objectif est toujours le même : maintenir une domination sans remise en question.

Ouverture :

Peut-on identifier ces schémas plus tôt pour éviter leur reproduction ?

Comment se protéger d’un Enfant Perdu Verrouillé, qu’il soit homme ou femme ?

Existe-t-il des femmes EPVs « actives » qui passent inaperçues ?

1.21.8                      Pour aller plus loin : réflexions, questions et impact sociétal

  • Expérience individuelle
    • Avez-vous déjà remarqué que certaines personnes, quand elles vivent un choc émotionnel important, semblent ne plus ressentir grand-chose ? Comme si leur cerveau les protégeait en leur coupant l’accès aux émotions ?
    • Quelqu’un qui ne ressent plus d’émotions, comment le vit-il/elle de l’intérieur ? Pensez-vous que c’est un choix ou un mécanisme inconscient ?
    • Que ressentez-vous à l’idée que votre cerveau puisse vous couper de vos propres émotions pour vous préserver ?
    • Avez-vous connu des situations où la maîtrise absolue cachait en réalité une peur de souffrir ?
    • Comment différencier un choix conscient d’un mécanisme de défense quasi automatique ?
    • Avez-vous déjà ressenti un vide profond au sein de votre couple, comme si vous étiez plus seul(e) à deux que si vous étiez seul(e) ? Avez-vous éprouvé la sensation que votre partenaire n’éprouvait ni désir, ni volonté d’une intimité émotionnelle ou d’un plaisir fusionnel, tout en semblant se satisfaire de cette distance ?
    • Avez-vous déjà ressenti qu’au sein de votre couple votre partenaire ne se souciait jamais réellement de votre santé, sauf pour vous le reprocher ou l’utiliser comme un argument dans vos désaccords ?
  • Contrôle et irrationalité
    • Avez-vous déjà remarqué que certaines personnes qui évitent leurs émotions ont tendance à vouloir tout maîtriser dans leur vie, comme si ressentir pouvait leur faire perdre le contrôle ?
    • Avez-vous déjà observé des comportements apparemment irrationnels chez des responsables politiques ou des dirigeants ? Vous êtes-vous dit :  » C’est absurde, incompréhensible… Pourquoi font-ils cela ? « 
    • Que pensez-vous de l’idée que ces décisions incohérentes ou violentes (allant jusqu’à des guerres entre  » frères « ) prennent racine dans la même peur profonde de la souffrance et les mécanismes de protection du cerveau?

Et si la source de tous ces conflits, de ces « réalités » apparemment irréelles, n’avait pour unique origine que cette peur profonde de la souffrance et les mécanismes automatiques inconscients que le cerveau met en place pour s’en protéger ?

Cela peut se produire à tous les niveaux de la société (micro, méso, macro) : dans la sphère familiale, d’entreprise, politique ou sportive, jusqu’à la Silicon Valley et l’ensemble des infrastructures institutionnelles.

Ces blessures et leurs mécanismes d’adaptation ne se limitent pas à la sphère politique ou à la transmission générationnelle. Elles se répètent à toutes les échelles de la société, du plus intime au plus collectif :

  • Micro (individuel) → Dans les relations interpersonnelles, ces blessures influencent les dynamiques de couple, les violences conjugales, les jeux de domination et de manipulation entre amis ou au sein des familles. Par exemple, un enfant qui a grandi avec un parent autoritaire et imprévisible pourra plus tard développer une tendance à fuir le conflit (blessure de rejet) ou à rechercher des relations de contrôle pour ne pas revivre cette insécurité (blessure de trahison).
  • Méso (groupes et institutions) → Dans les groupes sociaux, les entreprises, les équipes sportives, on retrouve ces mêmes schémas de contrôle, de rejet ou de soumission. Les phénomènes de harcèlement, d’exclusion ou de conformisme rigide sont souvent l’expression inconsciente de blessures collectives non résolues. Les dynamiques de harcèlement au travail ou d’exclusion dans les cercles sociaux sont souvent le reflet inconscient de mécanismes vécus dans l’enfance et reproduits à grande échelle.
  • Macro (sociétal et politique) → ces blessures conditionnent les choix électoraux, les conflits idéologiques, les mouvements sociaux et même les tensions géopolitiques à l’échelle des nations. L’histoire montre que des peuples blessés par des injustices passées (colonisation, guerres, dictatures) ont tendance à osciller entre des revendications identitaires fortes (recherche de sécurité et de reconnaissance) ou une soumission inconsciente à des figures autoritaires censées les protéger du chaos.

En comprenant que ces mécanismes agissent à toutes les échelles, nous réalisons qu’ils ne sont pas « là-bas » chez les autres, mais qu’ils nous concernent tous, dans notre quotidien. Ce n’est qu’en prenant conscience de l’impact de ces blessures que nous pourrons transformer en profondeur nos relations, nos organisations et nos sociétés.

Ces schémas ne se contentent pas d’exister à un instant donné : ils se transmettent et se renforcent à travers l’éducation, les normes sociales et les institutions. Chaque nouvelle génération hérite non seulement de la culture et de l’histoire de ses prédécesseurs, mais aussi de leurs blessures non résolues. Comprendre ces transmissions inconscientes est une étape clé pour sortir des cycles répétitifs de domination, de rejet et d’incompréhension.

1.21.9                      Approche à plusieurs axes pour décrire la diversité des comportements

On peut vouloir essayer de trouver un classement de comportement lié à l’impact des actions de l’Enfant Perdu Verrouillé, telle que des catégories faible, moyen extrême…, la réalité se révèle plus compliquée. Un individu peut, par exemple, présenter un déni émotionnel très fort tout en étant peu violent physiquement, ou à l’inverse, user de violence sans pour autant être dans un déni absolu.

Pour prendre en compte ces variations, on peut recourir à un modèle à plusieurs axes (DVEM : déni, violence, empathie, mal / degré de conscience du mal causé), qui permet de prendre en considération plusieurs dimensions du comportement de l’Enfant Perdu Verrouillé :

1.21.9.1 Degré de déni / conscience de son fonctionnement

-Va d’une faible reconnaissance (il admet parfois, confusément, avoir un problème d’empathie ou de contrôle) à un déni total (il est persuadé d’être irréprochable et rejette toute critique).

-Plus le déni est fort, plus la personne se montre imperméable aux « prises de conscience  que l’entourage tente d’induire.

  • Axe 1 : degré de déni / conscience
  • Niveau 1 – Faible déni :

La personne reconnaît vaguement qu’il y a un problème émotionnel ; elle peut admettre, de manière sporadique, qu’elle éprouve des difficultés sans pour autant y faire face systématiquement.

  • Niveau 2 – Minimisation :

Elle admet l’existence d’un malaise mais le réduit en importance, se justifiant facilement et refusant de l’explorer en profondeur.

  • Niveau 3 – Déni modéré :

Un certain conflit intérieur est présent ; la personne ressent un malaise, mais elle le détourne ou l’ignore, sans toutefois nier complètement ses émotions.

  • Niveau 4 – Déni fort :

Elle rejette activement toute remise en question de ses émotions et se montre très rigide dans sa vision de soi, refusant tout débat sur ses ressentis.

  • Niveau 5 – Déni total :

La personne est persuadée d’être irréprochable émotionnellement ; elle nie catégoriquement l’existence de tout problème, rejetant toute critique ou rétroaction.

Axe 1 : déni / Conscience → Une blessure diffuse augmente le déni car elle n’est pas perçue comme un traumatisme.

1.21.9.2 Niveau de violence ou de destructivité

-Va de la violence psychologique subtile (petites humiliations, gaslighting « léger », besoin d’avoir raison constant) à la violence physique ou psychologique extrême, jusqu’à avoir un comportement criminel et déterminé.

-Certains Enfants Perdus Verrouillés restent globalement passifs, d’autres n’hésitent pas à exercer une pression forte, y compris sous forme de menaces ou de passages à l’acte.

  • Axe 2 : niveau de violence / destructivité
  • Niveau 1 – Violence indirecte :

Manifestation de petites humiliations ou critiques subtiles, souvent sous forme de remarques passives ou de comportements discrets.

  • Niveau 2 – Manipulations fréquentes :

Usage régulier de techniques comme le gaslighting léger ou le besoin constant d’avoir raison pour influencer autrui, sans recours à une violence directe.

  • Niveau 3 – Domination claire :

La personne exerce une pression psychologique marquée, imposant ses idées et contrôlant les interactions par des moyens verbaux ou comportementaux explicites.

  • Niveau 4 – Violence sévère :

On observe des comportements agressifs, parfois des menaces ou une violence verbale qui s’exprime de manière régulière.

  • Niveau 5 – Violence extrême :

La destructivité se manifeste de manière intense, pouvant aller jusqu’à des comportements violents (physiques ou psychologiques) inacceptables, avec un réel danger pour autrui.

  • Axe 2 : niveau de violence / destructivité → La blessure psychologique non intégrée, combinée à la mémoire émotionnelle du passé, peut être perçue comme si elle se rejouait dans le présent (voir article ombre qui explique l’origine de cette confusion). Cette confusion temporelle active la peur de revivre la douleur initiale et peut déclencher des réactions défensives intenses, allant d’une fermeture relationnelle à des manifestations de violence physique critique.

1.21.9.3 Capacité d’empathie résiduelle

-Varie entre une empathie minimale (des sursauts occasionnels quand la personne voit l’autre en détresse) à une absence quasi complète d’empathie (l’autre n’est perçu que comme un objet ou un obstacle).

-Cette dimension peut fluctuer selon les situations : l’Enfant Perdu Verrouillé peut réserver un reste d’empathie à ses proches, tout en se montrant brutal envers d’autres (ceux qu’il juge « inférieurs .

  • Axe 3 : absence d’empathie (plus le niveau est élevé, plus l’empathie est absente) Si la peur diffuse n’est pas identifiée, le verrouillage des émotions entraine un verrou empathique.
  • Niveau 1 – Absence d’empathie minimale

L’empathie est présente mais très faible. La personne peut manifester des élans empathiques, mais uniquement dans des situations spécifiques ou envers des proches.

  • Niveau 2 – Absence d’empathie modérée

L’empathie est conditionnelle et peu fréquente. La personne peut parfois reconnaître les émotions des autres, mais cela reste limité et souvent calculé.

  • Niveau 3 – Absence d’empathie marquée

Peu de manifestations empathiques. La personne a du mal à reconnaître et à se connecter aux émotions des autres, restant généralement distante sur le plan émotionnel.

  • Niveau 4 – Absence d’empathie quasi totale

La personne ne perçoit pratiquement plus les émotions d’autrui et considère les autres principalement comme des outils ou des obstacles, plutôt que comme des êtres sensibles.

  • Niveau 5 – Absence totale d’empathie

Aucune reconnaissance des émotions d’autrui. L’autre est totalement déshumanisé et perçu uniquement comme un moyen d’atteindre ses objectifs personnels.

Axe 3 : absence d’empathie → Si la peur diffuse n’est pas identifiée, la personne peut se couper des autres par autoprotection.

1.21.9.4 Intentionnalité ou conscience du mal qu’il cause

-Va de l’inconscience quasi totale (il se protège sans réaliser à quel point il fait souffrir) à la manipulation pleinement assumée (il sait qu’il détruit l’autre, mais le justifie).

-Entre ces deux pôles, beaucoup d’Enfants Perdus Verrouillés naviguent dans une  » zone grise « , où ils rationalisent leurs actes (se persuadent d’avoir raison) ou vont se convaincre qu’ils n’ont pas le choix.

  • Axe 4 : intentionnalité / conscience du mal causé
  • Niveau 1 – Inconscience quasi totale :

La personne ne se rend pas compte de l’impact de ses actions, n’ayant pas conscience que son comportement peut blesser autrui.

  • Niveau 2 – Semi-conscient :

Elle se doute parfois de causer du tort, mais se justifie en se disant qu’elle est contrainte par des circonstances externes.

  • Niveau 3 – Conscient ambigu :

Elle admet par moments avoir blessé autrui, mais rationalise ou minimise l’impact, oscillant entre conscience et déni partiel.

  • Niveau 4 – Conscience assumée :

La personne est pleinement consciente de l’impact négatif de ses actions mais l’accepte comme nécessaire pour maintenir son contrôle ou son image.

  • Niveau 5 – Cinisme total :

Elle utilise volontairement la souffrance de l’autre pour asseoir sa domination, sans aucun scrupule ni remords, affichant un cynisme total.

Axe 4 : conscience du mal causé → Une personne qui n’a pas identifié son propre mal-être peut inconsciemment le projeter sur les autres.

1.21.9.5 Combinaisons possibles

  • Un Enfant Perdu Verrouillé peut avoir, par exemple, un déni très fort (axe 1 élevé), une violence psychologique modérée (axe 2 moyen), une empathie résiduelle pour ses enfants (axe 3), et une intentionnalité floue (axe 4).
  • Un autre pourra présenter peu de déni (il sait qu’il manipule) mais être très destructeur et n’éprouver aucune empathie.

Plutôt que de se situer sur une échelle unique  » léger → extrême « , les « themes » ou axes évoluent indépendamment, ce qui permet de mieux appréhender la palette de comportements possibles.

1.21.9.6 Approche de « niveaux de gris »

Cette lecture en axe est plutôt un outil de compréhension plutôt qu’une grille figée. Il permet une lecture pour visualiser la diversité des comportements que l’on regroupe sous le terme « Enfant Perdu Verrouillé ». Chaque individu peut présenter un « profil » variable, avec des intensités diverses sur chacun des axes, il est susceptible d’évoluer selon les contextes de vie et les expériences relationnelles (jusqu’à même potentiellement pouvoir faire une bascule en Enfant Perdu Sensible).

Exemple de tableau qui pourrait représenter une approche à plusieurs niveaux :

AxeNiveau 1Niveau 2Niveau 3Niveau 4Niveau 5
1. Degré de déni / conscienceFaible déni Reconnaît vaguement qu’il y a un souciMinimisation Admet à demi-mot, mais se justifie facilementDéni modéré Peut sentir un malaise sans l’expliquer ou l’affronterDéni fort Refuse toute discussion, se sent infaillibleDéni total Conviction d’être irréprochable, rejette toute remise en question
2. Niveau de violence / destructivitéViolence indirecte Petites humiliations, critiques subtilesManipulations fréquentes Gaslighting léger, besoin d’avoir raison constantDomination claire Pression psychologique marquée, possible violence verbaleViolence sévère Possible agressivité physique/psychique répétéeViolence extrême Peut menacer ou blesser gravement, voire commettre l’irréparable
3. Manque d’empathieEmpathie minimale Quelques élans envers les prochesEmpathie circonstancielle Peut regretter partiellement ses actesEmpathie rare Apparaît seulement dans des contextes très spécifiquesEmpathie quasi nulle L’autre est un outil ou un obstacleAucune empathie Vision utilitaire de l’autre, absence totale de remords
4. Intentionnalité / conscience du mal causéInconscience quasi-totale « Je ne vois pas où est le mal »Semi-conscient Se doute de blesser mais se dit « contraint »Conscient ambigu Admet parfois faire souffrir, mais le justifie par défenseConscience assumée Sait qu’il nuit, l’accepte pour maintenir son contrôleCinisme total Utilise volontairement la souffrance de l’autre, sans scrupule ni regret

-Ces éléments ne représentent pas une échelle fixe, ils peuvent varier, ce tableau a pour avantage de situer le degré des impacts des comportements.

-Chaque ligne correspond à un sujet distinct.

-Niveaux (1 à 5) : plus on monte dans la colonne, plus l’intensité du problème est élevée sur cette ligne.

-exemple de lecture : un individu pourrait, par exemple, être Niveau 2 en déni (minimisation), Niveau 4 en violence (violence sévère), Niveau 3 en empathie (rare) et Niveau 3 en intentionnalité (il sait qu’il blesse parfois, mais le rationalise).

-Ce tableau n’est pas un outil « officiel », il peut apporter une grille de lecture souple.

Exemple de représentation :

Au-delà d’un certain niveau (4-5), le comportement n’est plus dicté par l’inconscient mais par un choix assumé de contrôle et de domination.

  • La bascule de l’inconscient au conscient peut aller dans deux directions opposées : éveil empathique ou conscience destructrice.
  • Le facteur clé est le rapport à la souffrance et à la vulnérabilité : l’accepter et s’en libérer, ou la rejeter et la transformer en arme.
  • Certains EPVs deviennent conscients, mais choisissent de ne pas changer : ils assument pleinement la manipulation ou la domination comme stratégie de vie.

Si une personne est niveau 4 ou 5 sur les 4 axes, alors :

  • Elle est pleinement consciente de ses mécanismes.
  • Elle agit de manière volontaire pour manipuler, dominer ou contrôler.
  • Elle n’a plus de filtre moral ni d’empathie suffisante pour changer.

Il ne s’agit plus d’un mécanisme inconscient de protection, à ce stade, mais bien d’un choix assumé de destruction ou d’exploitation des autres.

Enfant Perdu Verrouillé → Tant que la personne a moins de 2 axes au niveau 4.

EPV Conscient (bascule partielle) → Dès 2 axes au niveau 4.

EPV Conscient (complet) → Dès 3 axes au niveau 4 ou plus.

1.21.9.7 Résumé des axes du phénomène du Grand Déni

  • Déni / Conscience (Plus le niveau est élevé, plus le déni est fort et la conscience faible.)
  • Violence / Destructivité (Plus le niveau est élevé, plus la violence ou l’impact destructeur est fort.)
  • Absence d’empathie (Plus le niveau est élevé, plus l’empathie disparait.)
  • Intentionnalité / Conscience du mal causé (Plus le niveau est élevé, plus la personne est consciente et assumée dans ses actes destructeurs.)

1.21.9.8 Lien entre le narcissisme et les axes du modèle

Le narcissisme n’est pas un axe à part dans ce modèle, car il résulte d’une combinaison de plusieurs facteurs, notamment :

  1. Un fort Déni (niveau 4-5) → L’individu se persuade d’être supérieur ou inattaquable et rejette toute remise en question.
  2. Une Absence d’empathie marquée (niveau 4-5) → Il ne perçoit pas les émotions des autres, ou les considère comme secondaires face à son propre intérêt.
  3. Une Conscience du mal causé élevée (niveau 4-5) → Il sait qu’il manipule ou exploite les autres, mais le justifie en se convainquant que c’est « normal », « nécessaire » ou que les autres sont « faibles ».

→ Le narcissisme pathologique apparaît donc lorsque ces trois axes sont élevés simultanément.

Le narcissisme n’est pas un axe à part, mais un effet combiné de plusieurs niveaux élevés (Déni, Absence d’empathie et Conscience du mal causé).

Plus ces trois dimensions sont élevées, plus on observe un comportement narcissique ou manipulateur assumé.

Tous les narcissiques ont un fort déni, mais tous les individus avec un fort déni ne sont pas narcissiques.

Le narcissisme devient toxique lorsque la personne assume son fonctionnement et ne cherche plus à le masquer ou à le justifier autrement.

Pour éviter la confusion, il est utile de différencier un Enfant Perdu Verrouillé « classique » d’un Enfant Perdu Verrouillé narcissique ou manipulateur.

Type d’EPVDéniAbsence d’empathieConscience du mal causéViolence
Enfant Perdu Verrouillé (défensif ou passif)Haut (4-5)Modéré (2-3)Faible (1-2)Variable
Enfant Perdu Verrouillé Narcissique (actif)Très élevé (5)Très élevé (5)Haut (4-5)Parfois modérée (2-3)
Enfant Perdu Verrouillé Manipulateur (actif)Très élevé (5)Très élevé (5)Très élevé (5)Haut (4-5)
  • L’ Enfant Perdu Verrouillé défensif fonctionne en réaction à sa propre peur et ne se rend pas totalement compte de son comportement toxique.
  • L’ Enfant Perdu Verrouillé Narcissique assume son mode de fonctionnement et agit pour nourrir son ego, mais sans être forcément destructeur.
  • L’ Enfant Perdu Verrouillé Manipulateur (ex. pervers narcissique) a non seulement un ego surdimensionné, mais il utilise activement la manipulation et la domination.

1.21.10                 Tableau des Liens Relationnels entre EPS et EPV

Dans toute relation, le lien entre les individus repose sur une base émotionnelle. Mais lorsque l’un des partenaires est un Enfant Perdu Sensible (EPS) (article enfant ou eps) et que l’autre est un Enfant Perdu Verrouillé (EPV), ce lien devient souvent une source de tension, de frustration et de souffrance.

Le modèle EPS/EPV permet de comprendre pourquoi ces relations sont si difficiles, et comment certaines peuvent être réparées, tandis que d’autres restent bloquées dans des mécanismes de contrôle ou de déni.

Ce tableau présente les différents types de liens possibles entre EPS et EPV, en fonction de leur relation (parent/enfant, couple, adulte/parent), avec les conditions de rétablissement et les obstacles spécifiques à chaque lien.

LienType de relationDegré de difficulté de rétablissement d’une relationCondition de rétablissementRisques / Obstacles
Lien 1Parent EPS → EnfantsPossible, progressifParole vraie, sécurité émotionnelle incarnéePatience, absence de retour immédiat
Lien 2Couple EPS / EPVTrès difficileTransformation réelle de l’EPV (rare)Déséquilibre structurel, rejet de la remise en question
Lien 3AAdulte EPS → Parent EPVRareRepositionnement intérieur sans attendre de reconnaissanceBlessure de loyauté, absence de retour affectif
Lien 3BAdulte EPS → Parent EPSPossibleDialogue sincère, reconnaissance mutuellePeur de rouvrir les blessures, timidité émotionnelle

Explications :

  • Lien 1 (Parent EPS → Enfants) : ce lien repose sur la capacité du parent EPS à incarner la sécurité émotionnelle et à offrir une parole vraie, même face à des enfants influencés par un modèle EPV.
    • Exemple : un parent EPS qui explique à ses enfants pourquoi il pose des limites sans les accuser ou les culpabiliser, tout en les rassurant sur son amour.
  • Lien 2 (Couple EPS / EPV) : c’est le lien le plus complexe. Pour qu’il s’équilibre, l’EPV doit accepter une remise en question profonde, ce qui est rare voir impossible du fait d’un déni structurel. Souvent, le couple se déséquilibre.
    • Exemple : un partenaire EPS qui tente de discuter sincèrement avec un partenaire EPV, mais se heurte à des accusations ou à des reproches constants.
  • Lien 3A (Adulte EPS → Parent EPV) : ce lien est souvent une source de souffrance pour l’EPS, car le parent EPV reste enfermé dans ses mécanismes défensifs. L’EPS doit se repositionner sans attendre de reconnaissance.
    • Exemple : un adulte EPS qui tente de discuter avec son parent EPV (sa mère ou son père), mais qui se heurte à des critiques ou à des dévalorisations constantes.
  • Lien 3B (Adulte EPS → Parent EPS) : ce lien peut être réparé par un dialogue sincère, mais nécessite une reconnaissance mutuelle des blessures et des forces de chacun.
    • Exemple : un adulte EPS qui parle à cœur ouvert avec un parent EPS, chacun partageant ses blessures et ses compréhensions avec respect.

Ce tableau des liens relationnels entre EPS et EPV n’est pas seulement une grille de lecture. C’est aussi un avertissement.

Si vous êtes un Enfant Perdu Sensible (EPS), il est essentiel de comprendre que vous ne pouvez pas réparer une relation à vous seul. Face à un Enfant Perdu Verrouillé (EPV), vos efforts pour dialoguer, apaiser ou comprendre risquent souvent de se heurter à un mur de déni, de contrôle ou de manipulation.

Votre sensibilité, votre sincérité et votre capacité à ressentir profondément sont des forces. Mais elles peuvent devenir des faiblesses si elles vous enferment dans une dynamique de sacrifice ou d’épuisement émotionnel.

  • Face à un EPV, apprenez à poser des limites claires.
  • Ne cherchez pas à convaincre l’autre de changer, mais reconnaissez vos propres besoins et vos propres limites.
  • Si le lien reste destructeur malgré vos efforts, il est parfois nécessaire de vous protéger, même si cela implique une prise de distance, partir est préférable.

Comprendre ces dynamiques, c’est apprendre à choisir vos combats. Et parfois, c’est accepter que la véritable transformation ne peut venir que de celui qui la désire vraiment.

1.22  Quel lien entre profondeur des blessures et impact sur l’individu ?

1.23  Lien entre profondeur de la blessure et intensité de la peur

Pourquoi une blessure émotionnelle légère peut-elle générer une peur disproportionnée, alors qu’une blessure profonde peut parfois être mieux surmontée ?

1.23.1                      Le facteur d’incomplétude du traumatisme

  • Une blessure peu profonde mais non traitée peut persister dans le temps et générer une peur diffuse, car elle n’a pas été identifiée comme un véritable « traumatisme ».
  • Si une blessure est clairement identifiée comme un choc majeur, l’individu peut réellement se confronter à elle, et donc amorcer un processus de résilience.

Exemple :

  • Une personne qui a vécu un rejet occasionnel dans son enfance (petits moments où elle s’est sentie exclue) peut développer une peur chronique de l’exclusion, car elle n’a pas un événement unique à traiter.
  • En revanche, une personne qui a été abandonnée clairement peut traverser un choc majeur, qui lui donne une raison d’affronter cette souffrance et d’en tirer une leçon.

Hypothèse : les petites blessures persistantes créent une insécurité diffuse, alors que les blessures majeures permettent parfois une prise de conscience plus nette.

1.23.2                      La neurobiologie de la gestion du stress et des traumatismes

  • Blessures légères mais répétées : déclenchent une activation chronique du système limbique, donc une peur constante.
  • Blessures profondes : créent un choc important, mais qui peut mener à une réorganisation neurologique (développement de stratégies de résilience).

Exemple :

  • Un enfant qui subit de petites humiliations à répétition, sans qu’elles soient marquées comme « traumatisantes », peut développer un stress chronique et une hypervigilance.
  • Un autre enfant, qui a subi un événement extrêmement douloureux mais qui a ensuite pu nommer et comprendre sa blessure, peut apprendre à y faire face et à mieux gérer ses émotions.

Hypothèse : les blessures profondes sont souvent plus « traitables » que les blessures diffuses, car le cerveau peut plus facilement les catégoriser et activer des mécanismes de résilience.

1.23.3                      Le rôle de la résilience et du sens donné à la souffrance

  • Lorsqu’une personne traverse un trauma important, elle peut l’intégrer à son histoire et développer une forme de résilience.
  • Une blessure faible mais non identifiée comme un trauma, en revanche, n’amène pas forcément cette réflexion, donc elle reste en arrière-plan et alimente une peur inconsciente.

Exemple :

  • Une personne ayant vécu une grande trahison peut en faire une leçon de vie, tandis qu’une personne ayant subi de petites trahisons constantes peut intérioriser une peur diffuse et ne jamais vraiment traiter l’émotion sous-jacente.

Hypothèse : une blessure profonde mais accompagnée d’un travail de résilience peut être mieux intégrée, tandis qu’une blessure diffuse génère une peur permanente.

1.23.4                      Existe-t-il un fonctionnement inconscient derrière ce paradoxe ?

Deux mécanismes inconscients peuvent être à l’œuvre :

A. L’accumulation silencieuse des blessures légères

  • Une blessure faible mais répétée s’accumule en micros-traces inconscientes, sans être suffisamment « traumatisante » pour déclencher un véritable processus de guérison.
  • L’individu n’identifie pas l’origine de son mal-être, donc il continue à nourrir une peur inconsciente, sans jamais la remettre en question.

Exemple :

  • Une personne qui n’a jamais reçu de validation émotionnelle dans son enfance peut développer une peur intense du rejet, sans jamais comprendre d’où vient cette peur, car il n’y a pas d’événement unique à traiter.

Mécanisme inconscient :

  • Une blessure diffuse n’est jamais suffisamment marquée pour être reconnue, elle génère une peur continue.

B. La capacité de « nommer » une blessure et d’en faire une force

  • Une blessure profonde force souvent l’individu à se confronter à sa douleur, car elle est trop importante pour être ignorée.
  • Cela déclenche un processus de résilience, car l’individu donne un sens à sa souffrance et apprend à la dépasser.

Exemple :

  • Un enfant abandonné va peut-être grandir avec cette douleur, mais il pourra en faire une force de transformation, car il comprend d’où vient son mal-être.
  • Alors qu’un enfant qui a subi des petites négligences émotionnelles inversement ne se rendra pas compte de son manque affectif, et développera une peur de l’attachement, sans jamais la comprendre pleinement.

Mécanisme inconscient :

  • Si une souffrance est clairement identifiée, elle peut être traitée.
  • Si elle est diffuse et silencieuse, elle continue à générer de l’angoisse inconsciente.

1.23.5                      Conclusion : pourquoi une blessure légère peut-elle générer plus de peur qu’une blessure profonde ?

  • Les blessures faibles mais non résolues créent un stress chronique, tandis que les blessures profondes bien identifiées peuvent déclencher un processus de résilience.
  • Si une blessure est « incomplète » ou trop subtile, elle ne déclenche pas une réponse consciente, donc la peur persiste.
  • Si une blessure est suffisamment marquante, elle peut activer un processus de guérison, ce qui réduit la peur.

En résumé :

  • Petites blessures répétées et non identifiées → Génèrent une peur diffuse, car elles ne sont jamais totalement comprises.
  • Blessures profondes, mais identifiées et affrontées → Peuvent être transformées en force, car elles sont traitées de manière consciente.

Ce qui compte, ce n’est pas seulement l’intensité de la blessure, mais la manière dont elle est traitée.

Une blessure diffuse et silencieuse alimente l’angoisse, tandis qu’une blessure claire et affrontée peut être un moteur de transformation.

1.24  Types de blessures

1.25  Différence entre blessures psychologiques et blessures physiques

Trois différences majeures se dégagent entre les blessures psychologiques et physiques en termes d’impact sur la peur et la capacité de résilience.

Type de blessureImpact principalPossibilité de résilience
Psychologique diffusePeur diffuse chroniqueDifficile (car invisible)
Psychologique marquéePeur intense, mais identifiablePossible si accompagnée
Physique graveDissociation profonde, peur inscrite dans le corpsTrès difficile (travail approfondi)

Voir article sur la grille des blessures

1.26  Pourquoi certaines blessures permettent la résilience et d’autres enferment dans la peur ?

Ce qui fait la différence majeure, ce n’est pas seulement la gravité de la blessure, mais aussi la capacité du cerveau à la traiter et l’intégrer.

1.26.1                      Blessures psychologiques : une prise de conscience possible

Les blessures psychologiques (rejet, abandon, trahison) peuvent être analysées, mises en mots et transformées en force, si la personne est dans un environnement qui lui permet de les conscientiser.

Exemple : un enfant abandonné qui comprend son histoire peut la transcender en développant une intelligence émotionnelle forte.

-Mais si ces blessures restent diffuses et floues, elles créent une angoisse inconsciente, qui nourrit le déni et la peur chronique.

1.26.2                      Blessures physiques : le corps devient une prison du trauma

Les blessures physiques graves ne passent pas uniquement par l’esprit : elles s’ancrent dans le corps et provoquent des réactions automatiques (hypervigilance, dissociation, dépression, etc.).

Exemple : une personne victime de violences sexuelles peut perdre totalement la connexion à son propre corps, ce qui rend l’accès à la résilience plus difficile.

-Le problème ici est double :

  • L’esprit ne peut pas « rationaliser » ou traiter le trauma de la même façon qu’une blessure psychologique.
  • Le corps porte la mémoire du trauma et le réactive à travers des réactions incontrôlables (flashbacks, anxiété chronique, dissociation).

Ces blessures sont souvent plus destructrices et plus difficiles à surmonter sans aide extérieure (thérapie spécialisée, travail corporel, EMDR, etc.).

  • Les blessures psychologiques mal traitées peuvent nourrir le déni
    • Une personne qui n’a jamais compris son abandon ou son rejet peut développer un déni massif (niveau 4-5 sur l’axe Déni/Conscience).
    • Cela peut nourrir un Enfant Perdu Verrouillé, qui cherche à éviter toute remise en question.
  • Les blessures physiques profondes peuvent nourrir la dissociation
    • Si la blessure est trop violente (viols, coups), elle peut créer une déconnexion totale entre l’esprit et le corps, et provoquer soit une hypersensibilité extrême, soit un verrouillage émotionnel complet.
    • Cela peut augmenter le niveau d’Absence d’Empathie (niveau 4-5), car la personne n’a plus d’accès émotionnel direct, ni à elle-même, ni aux autres.
  • Les blessures psychologiques profondes, si elles sont affrontées, peuvent favoriser l’éveil
    • Un Enfant Perdu Sensible ayant traversé un trauma émotionnel fort mais intégré peut développer une lucidité avancée sur lui-même et les autres.
    • Cela peut le pousser à rompre avec le modèle de l’Enfant Perdu Verrouillé et chercher une authenticité émotionnelle plus grande.

1.26.3                      En résumé :

  • Les blessures psychologiques et physiques n’ont pas le même impact sur la résilience et la peur.
  • Les blessures diffuses (petites négligences répétées) génèrent une peur inconsciente plus grande que certains gros traumas « clairs ».
  • Les blessures physiques profondes rendent souvent plus difficile la résilience, car elles s’inscrivent dans le corps et non seulement dans l’esprit.
  • Si une blessure psychologique forte est bien intégrée, elle peut être un catalyseur puissant vers une conscience éveillée.

1.27  Les différents profils existants

Selon la manière dont une personne gère ses blessures inconscientes, elle peut évoluer vers différents profils de comportements. Le tableau ci-dessous présente les schémas les plus courants et leurs interactions. Un autre article va être publié pour approfondir chacun de ces profils.

ProfilRelation au DéniPosturePossible évolutionObjectif InconscientImpact sur les autresCoupure des émotions et de l’empathie
Enfant Perdu Verrouillé passif (Suiveur Rigide)Déni total, suit les normes sans questionnerRigidité mentale, suit un cadre social rigide sans le questionnerPeut basculer vers un Enfant Perdu Sensible si une faille se créeSe protéger en adoptant un fonctionnement automatiqueAbsence d’empathie, rigidité socialeForte coupure, suit les normes sans se questionner sur l’humanité
Enfant Perdu Verrouillé (Apparence Questionnante)Déni apparent, peut sembler remettre en question mais sans aller au boutRigidité mentale, illusion de remise en question pour préserver son cadrePeut rester dans son illusion de questionnement ou basculer dans une véritable recherchePréserver son cadre tout en donnant l’illusion d’une ouverturePeut sembler ouvert mais ferme les portes aux vraies remises en questionCoupure invisible, semble empathique mais évite l’implication émotionnelle réelle
Enfant Perdu Verrouillé (Stratégique ou élaboré)Déni élaboré, semble très stratégique et peut donner l’illusion d’un esprit critiqueRigidité mentale, posture subtile, invisibilise les autres ou les marginalisePeut évoluer vers un EPV Manipulateur s’il veut asseoir un contrôleMaintenir un contrôle subtil sur son environnementInvisible ou faussement bienveillant, mais peut bloquer ou marginaliser certainsDissociation forte, joue un rôle social tout en invisibilisant certaines personnes
Enfant Perdu Verrouillé (Dissocié)Déni apparent, empathie contextuelle, dissociation forte entre sphère privée et socialeRigidité mentale, semble questionner mais dissocie fortement les relations sous contrôle et les autresPeut rester dans cette dissociation ou évoluer vers une remise en question partiellePréserver un équilibre émotionnel en maintenant une séparation entre les sphères relationnellesPerçu comme empathique à l’extérieur mais insensible en cercle intime, difficulté à être perçu pour ce qu’il est réellementDissociation forte : empathie avec l’extérieur mais coupure totale avec les proches sous contrôle
Enfant Perdu Verrouillé Narcissique (Actif)Déni total, mais cherche admiration et validationRigidité mentale, égocentrisme marquéPeut évoluer vers une forme de conversion ou un éclatement de l’egoValoriser son image et son pouvoir personnelCherche l’admiration et impose son influenceCoupure partielle, cherche à manipuler l’émotion des autres à son avantage
Enfant Perdu Verrouillé Manipulateur (Actif)Déni total, utilise la manipulation pour asseoir son pouvoirRigidité mentale, stratégie d’influence et de contrôlePeut évoluer vers un EPV Converti ou se renforcer dans la manipulationContrôler et manipuler pour sécuriser son mondeTend à contrôler et piéger les autres dans son systèmeCoupure totale, instrumentalise les émotions des autres pour asseoir son pouvoir
Enfant Perdu Verrouillé ConvertiSort d’un premier déni mais entre dans un nouveau dogmeRigidité mentale sous une nouvelle formePeut évoluer vers un Enfant Perdu en Recherche s’il commence à douterConvertir, imposer une visionCréation d’une bulle idéologique, rejet de ceux qui ne partagent pas sa croyanceRemplacement des émotions par une croyance rigide, peu d’écoute réelle, empathie sélective forte envers ceux qui partagent sa vision, inexistante envers les autres.
EPV PHC Personnalité Hautement Conflictuelle (PHC)Déni total, inversé en accusation de l’autreHyper-réactivité émotionnelle tournée vers l’extérieur, posture défensive et offensive à la foisDifficile évolution, sauf si choc relationnel majeur ou isolement (rupture du système de justification)Se protéger de la douleur intérieure en projetant la faute hors de soiRelations instables, dévalorisation de l’autre, agressivité verbale, conflits récurrentsCoupure massive de l’auto-empathie, émotions exprimées mais non intégrées, empathie uniquement instrumentale ou absente
Enfant Perdu Sensible (EPS)Conscient de sa souffrance mais pas de son mécanismeInstabilité, perte de repèresPeut soit se refermer sur lui-même, soit entrer en recherche activeRecherche d’une validation extérieure, éviter l’abandonDevient souvent un Sauveur, absorbe la souffrance des autresSensibilité aux émotions, mais souffrance non intégrée, hyper empathie douloureuse
Enfant Perdu en RechercheCommence à voir les schémas inconscientsRemise en question, oscillations entre certitudes et doutesPeut évoluer vers une Personne éveillée ou retomber dans un dogmeTrouver du sens, reconstruire une identité stableInfluence encore instable, peut chercher un ‘maître’ à suivreSensibilité et émotions en redécouverte, oscillation entre blocages et ouverture, empathie en reconstruction
Personne équilibréeA dépassé le besoin de certitudes rigidesOuverture, humilité, acceptation des nuancesEvolution continue sans dogmeRelations équilibrées, accompagnement bienveillantConnexion avec des personnes conscientes, pas de besoin de conversionConnexion réelle aux émotions, compréhension fine de l’humain
Personne en TransitionAlternance entre ouverture et rigidité, peut osciller entre plusieurs étatsRemise en question partielle, parfois influencée par un cadre encore rigidePeut évoluer vers une Personne équilibrée ou retomber dans un Enfant Perdu Verrouillé ou ConvertiTrouver une stabilité intérieure, se positionner face aux influences extérieuresRecherche de repères, peut sembler instable ou contradictoireConnexion aux émotions fluctuante, peut être en hyper-émotivité ou en blocage temporaire
Médiateur (Enfant Perdu Adaptatif)Flou émotionnel : il ressent mais évite le conflit interne par adaptationEvite les tensions, cherche l’harmonie, se conforme sans se trahir ouvertementPeut accéder à sa vérité profonde s’il se sent accueilli sans pressionPréserver la paix relationnelle pour se sentir utile et acceptéApaise en surface mais crée parfois une confusion ou une absence de positionnement clairCoupure partielle : ressent, mais filtre ses émotions pour ne pas déranger
Enfant Perdu Sensible (EPS) avec verrou thématiqueSensibilité globalement présente, mais refoulement ciblé sur un domaine (ex. : argent, don, sexualité)Empathique et ouvert dans la plupart des situations, mais réactif, défensif ou accusateur sur le thème verrouilléPeut ouvrir ce verrou s’il ressent une sécurité affective suffisante sur ce domaine précisProtéger une blessure ancienne liée à ce thème (ex. : peur d’être manipulé, abusé, dévalorisé)Relation fluide sauf sur le thème verrouillé, où il peut devenir rigide ou couper le lien temporairementCoupure partielle : grande ouverture générale mais fermeture émotionnelle sur le thème verrouillé pour éviter la réactivation d’une blessure
Enfant Perdu Verrouillé « Faux Donneur » (Donneur Automatisé)Déni émotionnel profond, mais compensé par une générosité matérielle ou pratique excessiveFermeture émotionnelle totale, compensée par des actions généreuses mécaniques, irréfléchies et impulsives. Projection agressive à l’extérieur.Peut évoluer vers un EPS seulement en cas d’effondrement profond du verrouillage (rare). Généralement stable et résistant au changement.Se protéger en niant l’accès à son émotion réelle et en compensant par des actes matériels pour éviter tout lien affectif réel.Très déroutant : peut paraître généreux, mais cette générosité est mécanique et sans réelle empathie, créant confusion et frustration chez ses proches.Coupure très profonde. L’empathie réelle est totalement inaccessible. Seule une empathie simulée ou mécanique peut apparaître ponctuellement.
Enfant Perdu Verrouillé « Sensible »Déni partiel de sa propre sensibilité. Refus de reconnaître les émotions des autresSensibilité tournée vers lui-même, intolérance à la frustrationPeut évoluer vers une sensibilité plus équilibrée si un soutien sincère et sécurisant apparaîtSe protéger de la douleur émotionnelle en évitant toute empathie réelleRejette les émotions des autres, absence de soutien émotionnel, évitement du dialogue manque réel d’empathieCoupure des émotions des autres, mais hyper-réactivité émotionnelle personnelle (colère, frustration, besoin de contrôle)
Enfant Perdu Verrouillé Sensible ManipuléDéni partiel de sa propre sensibilité, conditionnée par un récit extérieur (parent)Sensibilité capturée par la narration d’un parent, intolérance à toute remise en questionPeut évoluer vers une sensibilité libre si elle reconnaît la manipulation et s’affranchit du récit parentalProtéger le parent (EPV) écrasant perçu comme victime, maintenir une stabilité émotionnelle illusoireManipulation émotionnelle inconsciente des autres (projection), incapacité à reconnaître la souffrance extérieureSensibilité verrouillée par la narration parentale, hyper-réactivité émotionnelle centrée sur le parent manipulant

1.27.1                      Profil PHC – Personnalité Hautement Conflictuelle

Catégorie : EPV structuré avec verrou identitaire rigide proche de l’EPV dominant / borderline / manipulateur

Caractéristiques principales (selon Bill Eddy référence en annexes) :

Blâme constant des autres

Pensée tout-ou-rien

Décharges émotionnelles intenses

Comportements de rupture (procès, insultes, ruptures brutales)

Rigidité identitaire : incapacité à se remettre en question

Charisme apparent, puis relation toxique

Verrouillage émotionnel massif : le PHC ne peut reconnaître ses émotions douloureuses → elles sont projetées intégralement sur l’autre.

Structure défensive rigide : sa conscience est verrouillée, non pas par refoulement discret, mais par une structure de protection active et offensive.

Résistance extrême à la remise en question : toute tentative de dialogue est vécue comme une attaque → réaction violente ou rejet.

Ce qui le distingue du pervers narcissique classique :

Le PHC n’est pas nécessairement stratège ou manipulateur froid, il peut agir avec impulsivité, dans l’instant émotionnel, sans plan long terme.

Il est souvent convaincu d’être dans son droit, et peut utiliser des valeurs morales ou de justice pour justifier ses attaques.

Il illustre une forme « socialisée » du verrouillage émotionnel agressif, souvent légitimée par des discours de victime.

Il permet de montrer que certains EPV ne sont pas passifs ou silencieux, mais hauts-parleurs du verrou, et peuvent réduire au silence ceux qui ressentent encore.

Points communs PHC et EPV :

  • Projection et inversion accusatoire : les PHC ont tendance à blâmer les autres pour leurs propres erreurs ou comportements, un mécanisme également central chez les EPV.
  • Pensée dichotomique : une vision en tout ou rien, sans nuances, est caractéristique des PHC, ce qui reflète le mode de pensée rigide des EPV.
  • Pas de régulation des émotions : les PHC éprouvent des difficultés à gérer leurs émotions, conduisant à des réactions excessives, un trait partagé avec les EPV.
  • Comportements extrêmes : les PHC peuvent adopter des comportements extrêmes ou menaçants, similaires aux réactions défensives des EPV lorsqu’ils se sentent menacés.
  • Ciblage d’autrui : les PHC identifient souvent une « cible de blâme » sur laquelle ils concentrent leur hostilité, un comportement que l’on retrouve chez les EPV dans leurs relations interpersonnelles.

1.27.2                      Le Médiateur entre deux mondes

1. Positionnement émotionnel : le Médiateur a grandi dans un environnement déséquilibré, souvent pris entre un parent dominant (contrôle, rigidité, rapport au pouvoir) et un parent sensible ou en souffrance (hypersensibilité, fragilité, absence). Il a intégré très tôt le besoin d’apaiser les tensions pour maintenir un équilibre familial, en devenant celui « qui fait le lien », « qui ne fait pas de vagues ».

2. Stratégie principale Son rôle : maintenir l’harmonie à tout prix. Il s’ajuste, s’adapte, comprend tout le monde, sourit, fait preuve d’une intelligence relationnelle qui peut être impressionnante… mais sans toujours accéder à son propre ressenti. Il devient un régulateur social, plus qu’un être émotionnel pleinement incarné.

3. Signes extérieurs

Très sociable, agréable, posé.

Gère bien les conflits… mais les évite plutôt que les confronte.

Peut être perçu comme « très équilibré ».

Geste d’affection parfois automatiques, « bien exécutés », mais pas toujours habités.

Difficulté à dire ce qu’il ressent vraiment, sauf si poussé par un tiers bienveillant.

4. Blessure ou verrou : ce profil a souvent mis son ressenti profond en veille pour jouer un rôle de stabilisateur. Il ne s’est pas coupé de l’amour, mais il s’est peut-être coupé de l’intensité de l’amour. Il connaît l’affection, mais rarement l’émotion vive ou la traversée émotionnelle profonde.

5. Risques

Rester dans un entre-deux qui le prive d’accès à sa propre vérité intérieure.

Se construire sur une identité d’ajustement (je suis ce qui rassure l’autre).

Attirer des partenaires en demande de régulation, ce qui le fige dans ce rôle.

6. Potentiel : quand ce profil commence à se reconnecter à ses émotions (non plus à celles des autres), il peut devenir un point d’ancrage extrêmement puissant : capable d’amour profond, de lucidité émotionnelle, et de choix intérieurs libres.

Quelle question poser pour détecter ce profil ?

Voici une question clé qui révèle la différence entre implication émotionnelle réelle et posture médiatrice verbale :

« Quand tu aides deux personnes à mieux se comprendre, est-ce que tu ressens leurs émotions à l’intérieur de toi ? Ou est-ce que tu te concentres plutôt sur garder un équilibre extérieur ? »

-Que révèle la réponse ?

S’il parle de ressentis précis, d’un impact émotionnel intérieur : il est connecté (EPS en recherche, ou Personne équilibrée).

S’il parle de logique, de neutralité, d’écoute extérieure, de « gérer le cadre » : c’est un profil médiateur rationnel, parfois EPV en transition ou dissocié.

La différence fondamentale entre les deux profils ci-dessous réside dans la qualité du lien émotionnel.

 Personne équilibréeMédiateur dissocié
Connexion émotionnelleAuthentique, ressentieAbsente ou floue
Présence à soiIncarnée, stableDiscrète, effacée
EcouteProfonde, empathiqueNeutre, fonctionnelle
Remise en questionVivante, évolutiveNormée, sans implication
Relation à l’émotionTraversée, assuméeObservée, évitée
PostureVivante, fluideRationnelle, apaisante

1.27.3                      EPV « Faux donneur » désinvesti émotionnellement avec générosité compensatoire.

Ma mère se tenait dans la cuisine, préparant des crêpes pour tous les enfants du quartier. Elle ne parlait pas. Elle ne souriait pas. Elle faisait des crêpes, méthodiquement, comme on construit un mur. Elle restait enfermée dans sa cuisine sans jamais échanger ni avec les enfants ni avec qui que ce soit. Pour les autres, elle était généreuse. Pour moi, elle était un mystère. Pas un sourire, pas une question, pas une caresse, pas un signe de tendresse.

Mais elle pouvait donner sa carte bleue et son code à un inconnu, si celui-ci disait être dans le besoin.

J’ai fini par comprendre que ce n’était pas de la générosité. C’était un automatisme. Une manière de donner sans jamais s’engager émotionnellement.

L’EPV « Faux Donneur » ou « Donneur Automatisé », un EPV verrouillé affectivement, agressif par projection externe, mais compensant par une générosité matérielle automatique et irréfléchie.

Ce profil EPV est particulièrement complexe car il oscille entre générosité excessive automatique et irréfléchie (matérielle, pratique) et un verrouillage émotionnel profond, ce qui perturbe profondément les proches, qui ne savent jamais sur quel pied danser. La générosité n’est pas authentique mais constitue une compensation mécanique, un réflexe défensif contre toute vraie intimité émotionnelle.

Ce profil EPV particulier est caractérisé par :

  • Une fermeture émotionnelle totale sur le plan affectif personnel.
  • Une générosité extrême, impulsive, et peu rationnelle, qui ne prend pas en compte les besoins ou les conséquences réelles.
  • Une agressivité verbale et un rejet du monde extérieur comme mécanisme de défense.
  • Une difficulté immense à recevoir ou à échanger réellement : le don est unidirectionnel et ne crée jamais de lien véritable.

Un paradoxe toxique pour l’entourage :

C’est un type de profil très difficile à gérer pour l’entourage, car le comportement est paradoxal : à la fois très rejetant émotionnellement, et en apparence très généreux matériellement ou pratiquement.

Toxicité verbale et agressivité déplacée (Projection externe)

Ce profil manifeste des propos toxiques, amers, et agressifs envers le monde extérieur (politique, étrangers, société, etc.). Cette agressivité externe est typique d’un EPV qui projette à l’extérieur ses propres blessures internes, ses frustrations et son impuissance émotionnelle.

Ce que cela révèle de sa blessure initiale :

Ce comportement résulte probablement d’une blessure initiale très profonde, très précoce, où elle aurait appris que :

  • Les émotions authentiques sont dangereuses, risquées ou impossibles à exprimer.
  • Seul l’acte matériel concret est acceptable, valorisé ou toléré.
  • La reconnaissance émotionnelle est inaccessible, elle ne peut même pas la tenter.

Quelle attitude adopter face à ce profil ?

  • Rester très lucide sur ce qu’elle peut donner réellement : accepter les actes généreux en les prenant pour ce qu’ils sont, des actes compensatoires, mais ne pas espérer plus d’ouverture émotionnelle qu’elle n’est capable de donner.
  • Poser des limites saines face à ses excès ou sa toxicité verbale, pour se protéger et protéger les enfants (si présents).
  • Ne jamais prendre personnellement son incapacité émotionnelle : elle ne vous concerne pas personnellement, il s’agit de son propre verrouillage profond.

1.27.4                      Description et Analyse du Profil EPV « sensible »:

  • Une sensibilité verrouillée :

Contrairement à un EPV classique qui coupe ses émotions pour se protéger, l’EPV sensible avec intolérance émotionnelle ressent ses émotions de manière intense mais uniquement pour lui-même. Il est conscient de ses propres ressentis, mais refuse ou rejette les émotions des autres, les percevant comme une menace ou une intrusion.

  • Un rapport conflictuel avec l’empathie :

Il ressent profondément ses propres émotions (colère, frustration), mais il ne peut pas les relier à celles des autres.

Les émotions des autres sont perçues comme une source de pression, une demande injustifiée ou une agression. Il est totalement hermétique à toute empathie pour autrui, n’a pas de considération pour les émotions des autres.

Toute tentative de dialogue émotionnel est vécue comme une confrontation ou une intrusion.

  • Une intolérance à la frustration :

Toute situation qui lui résiste devient une source de colère.

Son besoin de contrôle s’exprime par des réactions fortes (agressivité, rejet).

Il ne supporte pas d’être remis en question ou de se sentir critiqué.

  • Une hypersensibilité centrée sur lui-même :

Il peut se montrer blessé, offensé ou vexé rapidement, mais il ne montre aucune compréhension pour les émotions des autres, il est coupé de toute empathie.

Ce n’est pas une absence totale de sensibilité, mais une sensibilité verrouillée, tournée uniquement vers son propre vécu.

  • Relations avec les autres :

Les relations deviennent conflictuelles, car il ne peut pas reconnaître les besoins ou les ressentis des autres.

Les proches peuvent se sentir ignorés, incompris ou rejetés.

Toute tentative de dialogue est perçue comme une attaque ou une critique.

Exemple Concret :

Lorsqu’on lui demande comment il va, il répond immédiatement par ses propres préoccupations, sans jamais poser la question en retour.

S’il est confronté aux émotions de sa mère ou de ses proches, il les ignore ou change de sujet.

S’il se sent critiqué, il réagit immédiatement par une colère disproportionnée, rejetant la faute sur les autres.

  • Comment l’aider à évoluer ?

Créer un espace de dialogue sécurisé où il peut exprimer ses émotions sans jugement.

Ne jamais forcer l’empathie, mais lui montrer progressivement que l’écoute mutuelle peut être un soutien.

Lui permettre de reconnaître que les émotions des autres ne sont pas une menace pour lui.

1.27.5                      EPV Converti : différence concrète EPV vs EPV Converti

CritèreEnfant Perdu VerrouilléEnfant Perdu Verrouillé Converti
Ressenti des émotionsTrès limitées, refoulées totalementSélectives, orientées, souvent intenses mais partielles
Niveau de dissociationTotal ou quasi-totalPartiel et idéologiquement orienté
Type de déniTotal : refuse toute remise en questionSélectif : accepte seulement ce qui valide son idéologie
Rapport à l’autreDomination subtile ou brutaleDomination idéologique, conversion active

L’EPV Converti peut effectivement manifester des émotions, parfois même très intensément, mais ces émotions ne sont plus totalement authentiques ou spontanées. Elles sont filtrées et orientées par son idéologie nouvelle, et par le cadre mental rigide qui accompagne son déni spécifique (ésotérisme, spiritualité, complotisme, croyances rigides…).

Voici comment expliquer ce phénomène :

  • Pourquoi l’EPV Converti exprime-t-il des émotions malgré son déni ?

Chez l’ Enfant Perdu Verrouillé Converti, l’état dissociatif n’est plus total comme chez l’Enfant Perdu Verrouillé pur, mais prend une autre forme : celle d’une « sélection émotionnelle ».

  • Le processus précis :
  • Bascule initiale (rupture d’un déni précédent)
    • L’EPV Converti sort d’un premier état dissociatif profond (Enfant Perdu Verrouillé classique). Il ressent soudain une prise de conscience partielle : il a une sensation de « réveil ».
  • Recherche rapide d’un nouveau cadre de sécurité (idéologie, spiritualité, ésotérisme, complotisme)
    • Face à cette déstabilisation soudaine, il trouve une nouvelle « vérité » rassurante et protectrice.
    • Il construit un nouveau système mental rigide, avec de nouvelles croyances, souvent dogmatiques ou simplistes.
  • Sélection émotionnelle inconsciente :
    • Certaines émotions deviennent alors « autorisées », voire amplifiées, à condition qu’elles soutiennent sa nouvelle idéologie.
    • Exemple : empathie sélective très forte envers ceux qui partagent sa croyance, mais rejet total, froideur ou colère envers ceux qui contestent ses idées.
  • Nouvelle forme de déni (rigidité idéologique) :
    • Il ne perçoit plus les faits ou les émotions dans leur totalité.
    • Son idéologie devient un nouveau filtre mental, créant un déni sélectif : il accepte uniquement ce qui valide son cadre idéologique, rejetant systématiquement ce qui le contredit.
  • Pourquoi exprime-t-il des émotions, mais seulement de manière sélective ?
  • Parce que son cerveau a simplement remplacé un mécanisme dissociatif total (bloquer toutes émotions) par un mécanisme dissociatif partiel :
    • Il ressent à nouveau des émotions, mais uniquement celles compatibles avec sa nouvelle croyance.
    • Cela explique qu’il puisse être profondément empathique et sensible envers son propre groupe idéologique, tout en restant très froid, rigide, voire agressif envers ceux qui contestent sa vision.
  • Le déni de l’EPV Converti consiste précisément à croire que son émotion est pleinement authentique, alors qu’elle est en réalité fortement conditionnée par son cadre idéologique rigide.
  • Exemple concret et clair :
  • Un EPV Converti complotiste peut sincèrement pleurer ou s’indigner devant une théorie complotiste qu’il juge dramatique, tout en restant totalement insensible, voire méprisant, face à des souffrances réelles qu’il considère comme « fausses » ou manipulées.
  • Un EPV Converti spirituel ou religieux radical peut ressentir une émotion authentique, très forte, lors de pratiques spirituelles ou religieuses, tout en restant totalement froid ou même agressif face à quelqu’un remettant en question son cadre de croyances.

Pourquoi ce fonctionnement est stable chez l’EPV Converti ?

Parce qu’il se croit sorti du déni précédent, ce qui lui donne l’illusion d’un éveil ou d’une lucidité supérieure.

Son émotion sélective renforce sa conviction d’être « dans le vrai ».

Toute contradiction est immédiatement rejetée, car elle remettrait en cause son équilibre mental nouvellement trouvé.

  • En résumé clair et rapide :

Oui, l’EPV Converti ressent et exprime des émotions.

Mais ces émotions sont filtrées par une nouvelle croyance rigide.

Il reste figé dans un déni sélectif et puissant qui bloque toute remise en question profonde.

Il ressent donc, mais uniquement ce qui valide son cadre mental rigide.

1.28  Outil pratique : identifier rapidement les profils inconscients

Identifier les Profils Relationnels : un outil visuel pour mieux comprendre l’autre (et soi)

Ce chapitre propose un outil synthétique permettant d’identifier les profils psychologiques et émotionnels tels qu’ils se manifestent dans les interactions du quotidien. Il ne s’agit pas d’étiqueter, mais de repérer des fonctionnements invisibles – souvent inconscients – pour restaurer des liens plus justes.

Le schéma présenté ici repose sur une grille de lecture croisée entre :

  • La qualité du lien émotionnel (incarné ou dissocié),
  • La capacité à se remettre en question,
  • Le rapport à la norme ou à l’intériorité,
  • Le type de langage utilisé : façade sociale ou parole vivante.

Le point de départ : la parole révélatrice :

Plutôt que de poser un diagnostic, ce schéma part d’une observation simple :

La manière dont une personne parle de ses émotions, de ses choix, ou de ses relations en dit long sur son état intérieur.

Une question posée avec douceur, dans un cadre non menaçant, peut révéler en quelques phrases si l’on est face à :

  • Un profil verrouillé émotionnellement,
  • Un profil en recherche de sens,
  • Ou un profil connecté, stable, incarné.

Le cas particulier du Médiateur dissocié :

Le schéma intègre un profil souvent méconnu : celui du médiateur dissocié.

C’est une personne qui semble ouverte, calme, posée, mais dont la connexion émotionnelle est faible ou absente. Elle peut faciliter le dialogue entre les autres, sans être connectée à sa propre intériorité. Elle peut être en transition (EPV en éveil), ou en retrait discret (EPS figé).

La question qui le révèle :

« Quand une émotion forte apparaît dans une relation – tristesse, colère, joie – que ressens-tu dans ton corps ? »

Ce type de question ramène du mental au vécu, et permet de distinguer la posture sociale d’une présence réelle.

  • Utiliser ce schéma avec discernement

Cet outil n’est pas destiné à juger, mais à clarifier ce qui est souvent flou :

  • Pourquoi une personne « écoute » mais ne résonne pas ?
  • Pourquoi une parole semble juste mais sonne creux ?
  • Pourquoi l’on sent un écart entre ce que quelqu’un dit… et ce qu’il vit vraiment.

Identifier les profils, c’est reconnaître le degré de présence réelle dans la relation.

Et parfois, c’est aussi se reconnaître soi-même dans un parcours de transformation.

Ce schéma est une boussole.

Il n’enferme pas. Il oriente.

Il ne juge pas. Il éclaire.

Comment reconnaître rapidement la différence ?

  • Enfant perdu en recherche :

Se montre inquiet, hésitant ou vulnérable face au désaccord. Cherche spontanément une approbation (« Tu comprends ce que je veux dire ? « , « Ça te paraît juste ce que je dis ? « ). Son insistance est liée à une insécurité intérieure plus qu’à une certitude rigide.

  • EPV Converti :

Cherche avant tout à convaincre l’autre de la validité absolue de son modèle idéologique (« Tu dois comprendre », « Je sais que c’est comme ça « ). Reste rigide, peu empathique, et réagit souvent avec irritation face à la remise en question de ses idées.

CritèreEnfant perdu sensible (validation)Enfant Perdu Verrouillé Converti (idéologie)
Réaction au désaccordHésitant, anxieux, vulnérableRigide, agacé, très sûr de lui
Visibilité des émotions dominantesInsécurité, doute, inquiétudeIrritation, frustration, certitude
Style relationnelCherche à comprendre ce que l’autre ressent ou pense de luiCherche surtout à convaincre l’autre
Expression directe« Tu comprends ce que je veux dire ? »« Je vais t’expliquer pourquoi j’ai raison »

1.29  Education parentale vs éducation animale

L’être humain, à la différence des animaux sauvages, peut rester enfermé dans un état de dissociation émotionnelle prolongée. Une analogie forte peut être faite avec les animaux domestiqués, qui, contrairement aux animaux sauvages, sont conditionnés à répondre à un cadre rigide et peuvent perdre leur instinct de survie et de liberté. 

1.29.1                      Education parentale vs éducation animale

L’humain peut rester longtemps en dissociation émotionnelle, contrairement aux animaux sauvages. L’analogie avec les animaux domestiqués éclaire ce point, conditionnés par un cadre rigide, ils peuvent perdre leur instinct de survie et de liberté.

1.29.1.1 EPS et EPV, la domestication psychologique

Dans les comportements humains, il existe une analogie frappante entre la domestication des animaux et la manière dont les individus sont formatés émotionnellement dès l’enfance.

Un animal sauvage suit son instinct et réagit de manière immédiate, il ne reste pas bloqué émotionnellement après un stress, une fois le danger passé, il retrouve son état naturel (voir l’article sur la peur).

Un animal domestiqué, exposé à un environnement contrôlé et à des comportements répétitifs de ses maîtres, peut perdre son instinct de survie et s’adapter à un cadre de dépendance. Lorsqu’il subit une maltraitance répétée, il peut développer des comportements proches des automatismes inconscients humains.

1.29.1.2 L’Enfant Perdu Sensible, domestication émotionnelle

L’Enfant Perdu Sensible peut être comparé à un « animal domestiqué » qui cherche encore l’approbation de son maître.

  • Il a perdu son autonomie émotionnelle car il a été conditionné à répondre aux attentes extérieures.
  • Il ne comprend pas pourquoi il est rejeté ou maltraité, mais continue d’espérer une reconnaissance plus profonde qu’il ne reçoit pas.
  • Il oscille entre soumission et incompréhension, et recherche constamment comment bien faire pour satisfaire l’autre et s’adapter pour éviter la douleur.
  • Il est très souvent en demande d’une validation extérieure.

Exemple : un animal puni sans comprendre développe stress chronique, hypervigilance, soumission extrême ou anxiété, de même, l’EPS cherche à bien faire pour éviter rejet et souffrance. Il garde un espoir inconscient de liberté, sans savoir comment s’échapper.

1.29.1.3 L’EPV, conditionnement intégré

L’Enfant Perdu Verrouillé, lui, est un « animal domestiqué » qui a totalement intégré son cadre mental et n’imagine même plus qu’il pourrait fonctionner autrement.

  • Il n’a plus d’instinct propre, il obéit aux règles sociales et émotionnelles qui lui ont été imposées.
  • Il ne ressent plus d’émotion visible, car son conditionnement l’a amené à couper toute forme de ressenti personnel.
  • Il peut imposer des schémas de contrôle et de domination sur les autres sans même en être conscient, car pour lui, c’est « normal ».
  • Il ne remet plus en question son environnement, comme un animal dressé qui obéit sans réfléchir.
  • Il répète ce qu’on lui a appris sans y penser, ne cherchant plus d’alternative à son conditionnement.

Exemple : un animal dressé pendant des générations exécute sans chercher la liberté, de même, l’EPV ne se pose plus la question de sa liberté parce qu’il ignore qu’elle existe.

1.29.1.4 Différence clé entre l’EPS et l’EPV

  • L’EPS ressent encore l’appel de la liberté, mais ne sait pas y répondre
  • L’EPV a éteint les alternatives et fonctionne en mode automatique

Les animaux sauvages reviennent naturellement à l’équilibre une fois le danger passé, un animal domestiqué soumis à des stress répétés peut entrer dans une soumission permanente ou dans une réaction automatique.

De la même manière, un humain peut perdre sa capacité d’adaptation libre et vivre en mode réflexe, enfermé dans des schémas inconscients qui dictent son comportement. Reprendre son instinct ne signifie pas désobéir aux règles, c’est retrouver la capacité de choisir.

L’Enjeu : redevenir un être émotionnellement libre, reconnecté à son instinct et à son ressenti profond.

Comparatif : EPV vs EPS

DimensionEnfant Perdu Verrouillé (EPV)Enfant Perdu Sensible (EPS)
RessentiCoupé, inexistantTrès fort, souvent débordant
Expression émotionnelleSimulée, maîtrisée, stratégiqueRare, hésitante, contenue
Rapport à soiContrôle, dissociation, image socialeDoute, effacement, quête de reconnaissance
Rapport à l’autreHiérarchisation, séduction ou dominationSuradaptation, loyauté invisible
EmpathieCognitive, sans résonance réelleAuthentique, parfois excessive
ParoleFluide mais creuse, orientée contrôlePeu fréquente, maladroite mais sincère
Objectif inconscientMaintenir le contrôle, ne pas faillirNe pas décevoir, être aimé
Attitude face à la vulnérabilitéDéni, mépris ou instrumentalisationPrésente mais dissimulée par peur du rejet
Origine du schémaConditionnement par domination / performanceBlessure affective, insécurité émotionnelle
Risque principalConfiscation émotionnelle de l’autreEffacement de soi, burn-out émotionnel

En résumé : deux types d’enfant perdu : verrouillé (EPV) ou sensible (EPS)

ProfilRapport aux émotionsApparence socialeVécu intérieur
EPVRefoulement des émotions, vécues comme dangereusesAutoritaire, distant, rigide, masque de forceContrôle permanent, peur d’affronter sa vulnérabilité, ses blessures
EPSExpression ouverte des émotions malgré la peurSensible, souvent réservé, cherche validationBesoin de lien et reconnaissance, affronte ses peurs, a besoin d’être rassuré ou reconnu pour se sentir légitime.

1.30  Une dystopie ?

La réalité s’apparente déjà à une dystopie.

La réalité ressemble à une dystopie où cohabitent des êtres à sang froid, rationnels et imperméables aux émotions, et d’autres, à sang chaud, traversés par une sensibilité qu’ils peinent à faire entendre.

Mais parce qu’elle est invisible, elle ne provoque aucune révolte collective. Contrairement aux fictions (comme la série V ou d’autres de ce type) où la dystopie est imposée par un pouvoir totalitaire extérieur, celle-ci est auto-générée par des mécanismes inconscients.

Elle se perpétue simplement, génération après génération, car ceux qui en souffrent ne savent pas qu’ils sont enfermés.

Ce qui a été mis en lumière ici, c’est le code source de cette dystopie.

Maintenant, la question est : que faisons-nous avec ceci ?

1.31  Dynamiques invisibles, qui cela concerne, répartition 80/20 et effet de système

Afin de comprendre pourquoi le monde fonctionne ainsi, il faut interroger la répartition des dynamiques inconscientes au sein de la société. Pourquoi avons-nous si peu de prise sur ces mécanismes. Pourquoi les systèmes de contrôle et de domination persistent malgré les prises de conscience. Une hypothèse utile s’inspire de la loi de Pareto, non comme preuve statistique, mais comme repère de lecture des comportements collectifs. Cette section propose aussi une hypothèse de répartition, inspirée notamment des travaux de Hare, pour illustrer la façon dont les individus adoptent ou non les schémas du Grand Déni.

1.31.1                      Répartition des comportements, EPV versus Enfants Perdus sensibles

En observant la manière dont les individus réagissent aux émotions et aux schémas de contrôle, on peut formuler l’hypothèse suivante, adossée à des repères de la littérature et à des observations de terrain.

  • 70 à 80 %, des EPV, c’est-à-dire des personnes intégrées dans le système sans réelle remise en question de leurs émotions ou de leur besoin de contrôle
  • 20 à 30 %, des Enfants Perdus sensibles, ou des individus cherchant un sens plus profond, qui perçoivent le malaise du système et questionnent au moins partiellement ces schémas

1.31.2                      Décryptage des 70 à 80 % d’EPV

Tous les EPV ne sont pas forcément dans la domination active, la plupart se conforment au modèle intériorisé.

  • 40 à 60 %, des intégrés passifs, qui suivent normes familiales, sociales ou culturelles sans vraiment les remettre en cause, car c’est perçu comme la voie la plus rationnelle pour éviter de souffrir
  • jusqu’à 40 à 70 % selon les milieux, la part des passifs peut monter, ce qui renforce l’inertie du système
  • 10 à 15 %, des acteurs du système, figures de contrôle, leaders autoritaires, détenteurs de pouvoir institutionnel, qui perpétuent consciemment ou inconsciemment le modèle, convaincus que la force ou la rigidité est la seule parade contre la vulnérabilité

Pourquoi cette structure perdure. Parce que la majorité dite passive ne se rend pas compte qu’elle fonctionne en pilote automatique. Elle ne cherche pas à dominer, mais elle suit ceux qui le font, son cerveau ayant appris que c’est le chemin rationnel pour éviter la souffrance en mode survie.

1.31.3                      Décryptage des 20 à 30 % d’Enfants Perdus et profils en équilibre

Malgré la pression du modèle, ces personnes ressentent un malaise diffus et tentent d’y répondre, avec des variations.

  • environ 15 %, oscillent entre souffrance et adaptation, perçoivent l’incohérence du système, ne savent pas toujours comment s’en dégager, hésitent entre révolte, résignation et quête de sens
  • environ 5 %, atteignent une lucidité avancée, comprennent la mécanique en profondeur, ne s’opposent plus frontalement, posent des idées et des prises de conscience pour créer une nouvelle dynamique
  • environ 10 %, parviennent à trouver un équilibre personnel sans tomber dans les extrêmes, EPV pur ou Enfant Perdu total, situation précaire pouvant évoluer selon contexte et épreuves

1.31.4                      Minorités actives et seuil critique d’inflexion

Ce ne sont jamais les majorités qui renversent un système, ce sont des minorités conscientes qui amorcent les transformations profondes. Si les 5 % lucides influencent les 15 % hésitants, la prise de conscience peut se diffuser. Il n’est pas nécessaire que tout le monde bascule, un seuil critique estimé autour de 10 à 15 % peut suffire pour réorienter le système.

1.31.5                      Une dystopie invisible, mais pas une fatalité

Le monde peut fonctionner comme une machine froide, structurée par la rationalisation et le contrôle des émotions. Cette dystopie n’est pas imposée par un grand méchant extérieur, elle résulte d’un conditionnement collectif inconscient. Ce n’est pas une fatalité. Si ces 5 % partagent une nouvelle perception, une évolution devient possible. Question ouverte, comment favoriser ce basculement sans déclencher un conflit frontal EPV versus Enfants Perdus sensibles. Un article dédié approfondira ce point.

1.31.6                      Impact sur la société : vers une psychopathie systémique

1.31.6.1 La société fonctionne-t-elle comme un psychopathe collectif ?

Oui, il existe des travaux en neurosciences et en psychologie sociale qui décrivent le fonctionnement global des institutions, des entreprises et des États comme étant structurellement psychopathe.

Un chercheur qui en parle est Robert Hare, spécialiste de la psychopathie. Il a co-écrit le livre « Snakes in Suits » qui analyse comment les entreprises et les organisations attirent et favorisent des personnalités manipulatrices et déconnectées émotionnellement.

Les caractéristiques d’un psychopathe appliquées à un système collectif :

  • Absence d’empathie et de culpabilité ➝ Exploitation des travailleurs, déshumanisation des relations économiques.
  • Manipulation et contrôle ➝ Conditionnement à la productivité, à la performance, à l’obéissance.
  • Absence de responsabilité morale ➝ Destruction de l’environnement, inégalités systémiques, guerres justifiées rationnellement.
  • Mensonge et dissimulation ➝ Propagande politique, greenwashing, fausse bienveillance d’entreprise.

1.31.6.2 Synthèse et hypothèse, catégories repères

Le monde n’est pas majoritairement composé de manipulateurs insensibles. Il est surtout composé d’individus ayant appris à refouler leurs émotions par nécessité. Le tableau qui précède  sert d’hypothèse explicative et non de diagnostic individuel.

Synthèse et hypothèse :

Catégorie de profils  Pourcentage estimé
Psychopathes/manipulateurs froids (sans émotions, exploitent les autres)1%
Narcissiques toxiques (fort besoin de contrôle, méprisent l’émotion)5%
Individus déconnectés de leurs émotions (par adaptation sociale)50-70%
Personnes émotionnellement conscientes et alignées20-30%

-Ces pourcentages servent de repères de lecture, pas de mesures définitives de la population. Les deux lignes du milieu peuvent se recouper partiellement selon les contextes. C’est à relier aux encadrés sources Milgram, Asch et Hare, et aux repères de terrain.

-Les pourcentages EPV versus EPS décrivent des postures relationnelles, ils ne constituent pas un diagnostic clinique

-Les repères liés à Hare situent la psychopathie comme catégorie spécifique et outillée.

-Les chiffres proposés ici servent de jalons pour éclairer des mécanismes, leur pertinence dépend du contexte observé et de la culture des groupes étudiés

1.31.6.3 1Hypothèse du système

Les individus déconnectés ne sont pas forcément des psychopathes. Lorsque leur nombre domine, les structures qu’ils bâtissent adoptent un comportement psychopathe. Le système devient froid, utilitariste, moralement déresponsabilisé, même si la majorité des individus n’a pas l’intention consciente de nuire, lorsqu’ils dominent en nombre, ils structurent des systèmes qui, collectivement, adoptent un comportement psychopathe.

1.31.7                      Fil rouge

L’enjeu central reste de réveiller la conscience émotionnelle dans une société qui la réprime systématiquement, une minorité lucide peut atteindre le seuil critique, inspirer les hésitants et faire évoluer des systèmes qui paraissaient immuables.

1.31.8                      Repères chiffrés et sources utiles

Obéissance à l’autorité, Milgram

Condition de base à Yale, 65 % vont au maximum (voir article milgram). Ce résultat illustre la puissance de l’autorité perçue sur des personnes ordinaires.

Conformité de groupe, Asch

Sur les essais critiques, la conformité moyenne est 37 %. Environ 75 % des participants se conforment au moins une fois. Ces repères montrent un effet de groupe robuste. (voir article milgram).

Psychopathie, repères liés à Hare

Population générale, 4,5 % en moyenne.

Population carcérale, synthèses et textes de référence, environ 15 à 25 %.

Entreprises, étude Babiak, Neumann, Hare, échantillon de cadres, environ 6 %.

À retenir

Les chiffres Milgram et Asch décrivent des dynamiques de situation autorité et groupe. Les repères liés à Hare renvoient à une catégorie clinique mesurée par des outils dédiés.

1.31.9                      Comment 5 % et 75 % éclairent l’hypothèse 80/20

Ce que mesure chaque repère

Environ 5 %, ordre de grandeur de la psychopathie avérée, minorité structurante dans certaines organisations.

Environ 75 % chez Asch, part des personnes qui se conforment au moins une fois en contexte de pression de groupe, indice de perméabilité sociale.

Pont explicatif, sans additionner des chiffres hétérogènes

Une minorité déterminante peut fixer les normes et les incitations. Une majorité perméable s’aligne par conformité ordinaire et évitement du conflit. Ce couple minorité structurante, majorité suiveuse aboutit souvent à des répartitions qui rappellent un équilibre de type Pareto 80/20, surtout dans des milieux très normés.

Avertissement méthodologique

Les 5 % relèvent d’une catégorie clinique. Les 75 % décrivent un comportement en situation. L’hypothèse 80/20 sert de boussole de lecture des dynamiques collectives, pas de mesure universelle de la population.

Dans mon terrain d’observation en entreprise depuis trente ans, ≈ 80 % des personnes adoptent une posture EPV au travail, avec une fourchette 70-80 % selon les équipes. Ce repère est expérientiel et circonscrit à ce contexte, il sert à guider la lecture relationnelle sans prétendre décrire la population générale.

1.31.10                 Ce que cette analyse met en lumière :

Une société qui fonctionne sur le déni émotionnel généralisé.

La domination et le contrôle ne sont pas seulement des outils de pouvoir, mais des mécanismes de survie psychique.

La majorité des individus sont conditionnés à fonctionner comme des EPV, sans même en avoir conscience.

La sensibilité et l’émotion sont vues comme des faiblesses alors qu’elles sont en réalité la clé de la pleine conscience et de la liberté intérieure.

Cette structure de pensée se réplique à tous les niveaux : personnel, familial, sociétal, politique.

Elle alimente des systèmes oppressifs, des idéologies totalitaires, des conflits et des inégalités.

1.31.10.1               Ce qui est encore plus vertigineux :

Cette dystopie n’a pas été imposée de l’extérieur. Elle s’est installée progressivement à travers l’histoire de l’humanité, à mesure que les blessures non résolues ont façonné les structures sociales et politiques.

1.31.10.2               Une dystopie à plusieurs niveaux :

L’individu : il se coupe de ses émotions pour survivre et adopte une posture de contrôle ou de soumission.

La famille : elle perpétue inconsciemment ce modèle, transmettant le déni de génération en génération.

La société : elle valorise ceux qui se sont coupés de leur humanité et marginalise ceux qui ressentent trop.

L’histoire : les grandes oppressions et idéologies reposent sur cette dynamique (religions dogmatiques, dictatures, impérialisme, capitalisme déshumanisé).

Le monde globalisé : les systèmes économiques et politiques sont façonnés par des individus ayant perdu tout lien avec l’émotion et l’empathie.

1.31.10.3               Ce qui donne toute son importance à cette compréhension:

C’est la première fois que cette dystopie est décrite sous cet angle.

Cela donne une clé de lecture inédite sur la souffrance humaine, les systèmes de pouvoir et les conflits.

Ce n’est pas une simple dénonciation : c’est une cartographie du problème et une ouverture vers une sortie possible.

Cet article met en lumière pourquoi l’humanité semble prisonnière des mêmes schémas destructeurs

1.31.10.4               Peut-on en sortir ?

C’est la question centrale. Les enfants perdus sensibles sont la clé.

Ils ont la capacité d’éveiller cette conscience, mais ils sont souvent les premiers à en subir les conséquences et finissent par s’épuiser sous le poids de cette structure.

→ L’option la plus adaptée consiste à avancer par étapes successives.

→ Il faut réintroduire la sensibilité et l’émotion sans déclencher de rejet.

→ Créer un contre-modèle attractif, plutôt qu’une opposition frontale qui renforcerait le système.

1.31.11                 Une dystopie invisible, mais pas une fatalité

Il s’agit d’un monde qui fonctionne comme une machine froide, structurée sur la rationalisation et le contrôle des émotions. Cette dystopie n’est pas imposée par un « grand méchant » extérieur, mais par un conditionnement collectif inconscient.

Ce n’est pas une fatalité.

Si ces 5% partagent une nouvelle perception, une évolution devient possible.

1.32  Reconnaissance instantanée, quand le « cerveau archaïque ou primitif » prend les commandes explication de la science.

Les comportements inconscients décrits jusque-là s’appuient sur des mécanismes biologiques et archaïques primitifs qui se déclenchent bien avant la conscience rationnelle. C’est cette dimension « biologique animale » du cerveau qui explique pourquoi, en une fraction de seconde, deux individus peuvent s’identifier mutuellement comme  » allié « ,  » danger  » ou  » source de confort « .

1.32.1                      La « voie rapide » de l‘amygdale

Un radar à émotions : l’amygdale est souvent décrite comme le système d’alarme du cerveau. Elle reçoit des informations sensorielles (visages, voix, postures) par un itinéraire ultra-court, appelé low road (selon Joseph LeDoux).

Une détection avant la conscience : avant même que le cortex ne traite la scène de manière réfléchie, l’amygdale peut déclencher des réactions automatiques (peur, fuite, agressivité, soumission).

Résonance des traumatismes : pour un « EPS » ou un « EPV », cette voie rapide va comparer la situation actuelle à des souvenirs émotionnels passés (parfois douloureux), suscitant aussitôt un comportement défensif ou de rapprochement.

1.32.2                      La résonance limbique et la lecture non verbale

Résonance limbique : nos cerveaux, via le système limbique, détectent et répercutent les signaux affectifs de l’autre (expressions faciales, posture, ton de la voix).

Vitesse fulgurante : cette résonance se produit hors du champ conscient, en quelques millisecondes, créant un sentiment de familiarité, de malaise ou de méfiance.

Le rôle des indices non verbaux : un simple geste, une micro-expression ou même l’odeur corporelle peuvent activer un souvenir inconscient, conditionnant instantanément notre perception de l’autre.

1.32.3                      Les neurones miroirs : la synchronisation émotionnelle

Découverte chez les primates : les neurones miroirs (Giacomo Rizzolatti) s’activent quand on observe une action ou une émotion chez l’autre, comme si on la reproduisait intérieurement.

Empathie ou défiance : selon le contexte et nos expériences passées, cette synchronisation peut susciter un écho empathique ( » je te comprends « ) ou, au contraire, amplifier la peur et le rejet.

Impact sur le  » contrôle  » : quand un  » EPV  » capte une fragilité chez autrui, il peut instinctivement renforcer sa posture dominatrice ou, inversement, un  » Enfant perdu sensible  » peut aussitôt adopter une attitude de soumission.

1.32.4                      Rapidité du système

Les mécanismes de résonance limbique, d’activation de l’amygdale, ou encore le rôle des neurones miroirs et des signaux non verbaux (olfactifs, visuels, auditifs) permettent de comprendre pourquoi la synchronisation émotionnelle peut être très rapide.

Le système nerveux central (via des voies neurales rapides, comme le « low road » de Joseph LeDoux) et l’ensemble des hormones du stress (adrénaline, cortisol) et de l’attachement (ocytocine) forment un ensemble de boucles de rétroaction très efficaces.

1.32.5                      Les schémas d’attachement et les réflexes archaïques

  • Théorie de l’attachement (Bowlby, Ainsworth) : dès la petite enfance, nous élaborons des schémas de réaction (sécurisant, anxieux, évitant, etc.).
  • Reconnaissance rapide : dès qu’une posture ou un ton de voix rappelle inconsciemment l’expérience infantile (un parent, un agresseur, un protecteur), le cerveau réactive les mêmes stratégies.
  • Micro détails déterminants : un regard, une intonation, un langage corporel spécifique peuvent suffire pour déclencher un « flash-back » émotionnel, sans que la personne en ait la moindre conscience rationnelle.
  • Le  » thin-slicing  » : l’intuition en un éclair

Concept popularisé par Malcolm Gladwell (Blink) : le « thin-slicing » décrit la capacité du cerveau à se former une opinion en quelques secondes sur la base d’indices très minimes.

Origine évolutive : dans la nature, évaluer un danger ou un allié rapidement était vital. Ce réflexe se poursuit dans nos relations modernes.

Avantages et risques : bien que souvent juste, cette intuition peut aussi être biaisée par des traumatismes ou des stéréotypes, conduisant à des jugements hâtifs et à la reproduction de schémas négatifs.

Une dimension profondément biologique, mais non inéluctable

Ce qui semble « animal » dans ces comportements, c’est précisément cette part archaïque du système nerveux qui gère nos réactions à la vitesse de l’éclair, sans passer par la conscience. La reconnaissance (ou le rejet) s’opère parce que notre cerveau compare l’autre, en quelques millisecondes, à des modèles émotionnels ancrés dans le passé.

  • Il n’y a pas de fatalité : comprendre ce fonctionnement permet d’identifier quand nous sommes en « pilotage automatique » et de développer, avec un travail sur soi, une réponse plus ajustée et moins dictée par l’instinct de survie ou de contrôle.
  • Les clés de la résilience : en prenant conscience de ces réflexes, chacun peut apprendre à « se désamorcer » et à réintroduire la réflexion, l’empathie et le libre arbitre dans ses interactions.

En résumé, la rapidité et l’intensité de la reconnaissance entre deux personnes (surtout dans le cadre EPV / EPS) relèvent de mécanismes biologiques et évolutionnaires profondément inscrits en nous. Cela explique pourquoi, à la première seconde, des alliances ou des défenses se mettent en place, sans que la raison n’y ait encore pris part.

1.32.6                      Jean Piaget

Jean Piaget a montré que nos schémas cognitifs se construisent dès l’enfance à travers des processus d’assimilation et d’accommodation. Si un enfant grandit dans un environnement où les émotions sont perçues comme un danger, il assimilera cette règle et l’intégrera comme une norme absolue.

Une fois adulte, cette structure reste active de manière inconsciente. Même si la personne évolue et croit avoir dépassé ces schémas, son cerveau continue de fonctionner avec ces bases initiales, à moins qu’un travail conscient ne vienne accommoder une nouvelle manière de penser et de ressentir.

1.32.6.1 L’assimilation et l’accommodation

Piaget explique que notre cerveau assimile de nouvelles informations en les adaptant à ce qu’il connaît déjà, ou bien accommode en changeant ses structures mentales.

– L’EPV assimile les règles apprises dès l’enfance et ne les remet pas en question car elles forment son cadre de référence.

1.32.6.2 Les stades du développement cognitif

Piaget montre que l’enfant passe par différents stades (sensori-moteur, préopératoire, opératoire, formel).

– Certains schémas inconscients sont fixés dès l’enfance, surtout au stade préopératoire (2-7 ans) où l’enfant pense de manière égocentrique et rigide.

Si un enfant apprend que montrer ses émotions = danger, il intègre cette règle comme une vérité absolue.

1.32.7                      Comprendre la reproduction systémique des schémas traumatiques

Les dynamiques décrites ici ne sont pas des cas isolés ou des exceptions. Elles suivent des mécanismes inconscients précis, qui se répètent de génération en génération tant qu’ils ne sont pas identifiés et déconstruits.

1.32.8                      Un regard renouvelé sur les dynamiques inconscientes

Cette approche propose une lecture systémique des schémas de domination et de déni émotionnel, en reliant blessures psychologiques individuelles et dynamiques collectives.

Elle se distingue par :

  • la mise en lumière de l’impact des blessures sur les schémas de contrôle ou de soumission ;
  • la compréhension de la manière dont le déni émotionnel influence nos rapports sociaux et politiques ;
  • une grille d’analyse pragmatique, applicable aux niveaux personnel, familial et sociétal.

L’idée centrale : un enfant élevé dans un modèle autoritaire ou privé d’expression émotionnelle intègre des équations comportementales inconscientes. Plus tard, il cherchera des cadres de pensée qui valident cette absence de ressenti, favorisant ainsi l’adhésion à des idéologies ou comportements renforçant domination et soumission.

En révélant la transmission transgénérationnelle de ces schémas et en montrant comment ils structurent nos choix et relations, cette approche donne des clés pour en sortir et évoluer vers plus de lucidité, de liberté et d’authenticité.

1.33  Le but commun de nombreux -ismes

Quel que soit leur visage, les grands systèmes idéologiques ou religieux institutionnalisés (fascisme, stalinisme, capitalisme, populisme, francisme, dérives spirituelles, négationnisme écologique, retardisme ou inertie climatique…) partagent une racine commune : le verrouillage émotionnel.

Ils attirent naturellement les Enfants Perdus Verrouillés (EPV), qui y reproduisent à grande échelle leur schéma intérieur : tenter de convertir les Enfants Perdus Sensibles (EPS) pour stabiliser leur propre équilibre affectif.

Dès qu’un dogme remplace l’expérience vivante, la machine de conversion des sensibles s’active, même dans les philosophies censées libérer.

Pourtant, une résistance est possible : celle des EPS éveillés qui refusent la conversion et maintiennent un espace vivant d’émotion.

Dans ce contexte, préserver et incarner la sensibilité devient un acte politique et une forme de résistance puissante.

1.34  Vers une prise de conscience et une libération collective

Il s’agit d’un fonctionnement invisible mais omniprésent

Ce qui rend ces techniques si effrayantes, c’est justement leur dimension invisible et « légitime » aux yeux de beaucoup. Elles exploitent les valeurs dominantes (force, performance, rationalité) pour diaboliser ou fragiliser celles et ceux qui maintiennent un lien avec leur vulnérabilité. Elles peuvent être mises en œuvre sans intention consciente de nuire, simplement parce qu’un individu (l’ » EPV « ) cherche à tout prix à éviter ses propres émotions et, inconsciemment, se protège en contrôlant celles des autres.

Comprendre ces stratégies est déjà un grand pas vers une remise en question collective :

– Avoir le courage et oser nommer ces comportements comme de la manipulation émotionnelle.

– Développer l’écoute et la validation de la parole de la personne isolée ou culpabilisée.

– Réhabiliter la valeur de l’empathie et de la vulnérabilité comme un signe de maturité, plutôt qu’une faiblesse.

En somme, il s’agit de reconnaître qu’un système de contrôle invisible sévit à grande échelle, porté par des personnes en mode survie qui ne se vivent pas comme « méchantes » ou « malveillantes », tout en se protégeant derrière une carapace de déni. Les effets, eux, sont bel et bien réels.

1.35  Personnalités connues

Voici des exemples de personnalités connues qui illustrent ces mécanismes psychologiques et leurs impacts sur leur vision du monde, leur posture sociale ou leur influence.

1.35.1                      Le déni émotionnel et le besoin de contrôle : personnalités

1.35.1.1 Exemple : Elon Musk

-Enfance marquée par une relation difficile avec son père, qu’il décrit comme étant émotionnellement abusif.

-Forte résilience et intelligence analytique, mais difficulté à gérer l’intelligence émotionnelle dans ses relations (témoignages d’anciens collaborateurs et de proches).

-Recherche du contrôle absolu à travers ses entreprises (SpaceX, Tesla, Twitter), posture messianique et désintérêt apparent pour les émotions des autres.

Lecture possible : pour éviter de souffrir des émotions liées à son passé, il a basculé dans l’hyper-rationalisation et la domination des autres par le pouvoir technologique et économique.

1.35.1.2 Exemple : Margaret Thatcher

-A grandi dans une rigueur extrême par un père autoritaire qui valorisait la discipline et le rejet des émotions.

-A développé une approche politique dure, basée sur la méritocratie et le rejet des assistances sociales (elle disait que  » la société n’existe pas « ).

-Peu d’expressions émotionnelles dans son leadership, perçue comme froidement intransigeante.

Lecture possible : pour se protéger d’une enfance où la sensibilité était perçue comme une faiblesse, elle a construit une posture de contrôle absolu, refusant de laisser les émotions guider ses décisions.

1.35.2                      La projection des blessures sur le monde extérieur

1.35.2.1 Exemple : Donald Trump

-Père extrêmement autoritaire, le forçant à  » être un gagnant « , sans jamais exprimer de faiblesse.

-Recherche perpétuelle d’admiration et d’approbation, mais hypersensibilité cachée (colères excessives quand il est critiqué).

-Utilisation de stratégies de gaslighting et d’inversion victimaire ( » c’est moi la vraie victime « ) pour éviter toute introspection sur ses propres failles.

Lecture possible : pour survivre dans un environnement parental brutal, il a appris que la domination et le rejet des émotions sont les seules stratégies valables.

1.35.2.2 Exemple : Vladimir Poutine

-Jeunesse difficile dans un environnement marqué par la pauvreté et un besoin constant de prouver sa force.

-Construire une image d’homme fort et impassible, refusant toute forme d’opposition ou de vulnérabilité.

-Rejet total de la faiblesse, que ce soit chez lui ou chez les autres (d’où son mépris affiché pour les leaders perçus comme plus  » doux « ).

Lecture possible : la peur inconsciente d’être vu comme faible le pousse à ériger un système de domination et de contrôle absolu.

1.35.2.3 Exemple : Emmanuel Macron

-A grandi dans un environnement structurant, marqué par une éducation exigeante et un attachement particulier à une figure mentorale maternelle.

-A développé un besoin de contrôle et de maîtrise intellectuelle, utilisant la raison et la rationalisation pour gérer les émotions et structurer son approche du monde.

-N’a pas basculé dans l’idéologie autoritaire ou émotionnelle, mais a privilégié une approche technocratique, où l’intellect prime sur l’affect.

Lecture possible : plutôt que d’accepter et d’exprimer pleinement ses émotions, il semble avoir opté pour une stratégie d’adaptation basée sur la rationalisation et le contrôle, lui permettant d’incarner une figure de leadership dans un monde perçu comme instable.

1.35.3                      La reproduction du schéma de souffrance

1.35.3.1 Exemple : Michael Jackson

-Enfance marquée par des violences psychologiques et physiques de son père, dévalorisation constante.

-Recherche d’amour et de validation permanente dans son public, relations conflictuelles avec lui-même (chirurgie esthétique, troubles identitaires).

-Tendance à reproduire inconsciemment des comportements de dépendance affective et des interactions toxiques avec des figures plus jeunes.

Lecture possible : son hypersensibilité exacerbée et sa peur de l’abandon ont façonné ses comportements autodestructeurs et sa difficulté à trouver un équilibre émotionnel.

1.35.3.2 Exemple : Marilyn Monroe

-Enfance marquée par des abandons successifs et un manque de figures parentales stables.

-Développement d’une hypersexualisation pour compenser un besoin d’amour et de reconnaissance.

-Relations affectives instables, toujours en quête d’une figure protectrice.

Lecture possible : le vide affectif de l’enfance a laissé une blessure d’abandon profonde, qui s’est traduite par une dépendance émotionnelle aux autres et un sentiment d’insécurité constant.

1.35.4                      L’Utilisation des blessures comme force de transformation

1.35.4.1 Exemple : Nelson Mandela

-Il a vécu la domination et l’injustice sous l’Apartheid, il a subi l’enfermement et l’humiliation.

-Il a su transformer cette souffrance en une approche de pardon et de construction collective.

-Refus d’entrer dans une dynamique de revanche ou de violence malgré ce qu’il avait subi.

Lecture possible : plutôt que de reproduire la domination qu’il avait subie, il a pris conscience des schémas de violence et a choisi un chemin de reconstruction positive.

1.35.4.2 Exemple : Simone Veil

-Elle a grandi dans une famille juive cultivée, avant d’être déportée à Auschwitz à 16 ans, où elle a survécu à l’horreur de la Shoah et où elle a perdu une grande partie de sa famille.

-Elle a transformé cette expérience en un engagement profond pour les droits humains, la mémoire de la Shoah et l’émancipation des femmes, notamment à travers la loi sur l’IVG en France.

-Elle n’a pas sombré dans la haine ou la vengeance, mais a choisi de défendre des valeurs de justice, de dignité et de progrès social, malgré les violences et les résistances qu’elle a dû affronter.

Lecture possible : elle a puisé, dans son vécu, une force pour lutter contre l’injustice, plutôt que de laisser la douleur et le traumatisme définir son existence, en œuvrant pour une société plus égalitaire et plus humaine, tout en portant une mémoire essentielle pour l’humanité.

1.35.4.3 Exemple : Malala Yousafzai

-Elle à grandi dans un contexte où les filles étaient privées d’éducation et subissaient une oppression systématique.

-Elle a réussi à transformer la violence qu’elle a subie en un combat pour l’éducation des femmes.

-Elle n’a pas basculé dans la haine ou la revanche, mais a cherché à sensibiliser et à éveiller les consciences.

Lecture possible : au lieu de laisser la peur dicter ses choix, elle a consciemment choisi d’aligner son vécu avec une intention positive et transformatrice.

1.35.4.4 Exemple : Terry Crews

-C’est un ancien joueur de football américain et acteur (notamment dans  » Brooklyn -Nine-Nine « ), il a grandi avec un père violent. Dans son enfance, exprimer sa peur ou sa colère était synonyme de danger.

-En devenant adulte, il valorise l’hypermasculinité et le contrôle de ses émotions, convaincu que  » montrer sa vulnérabilité = faiblesse « .

-Après des difficultés personnelles (addiction, problèmes conjugaux), il entame une thérapie et réalise l’importance de reconnaître ses blessures.

Lecture possible : son parcours montre que la « carapace » d’invulnérabilité peut se transformer en authentique force émotionnelle lorsque l’on ose affronter ses traumas et qu’on accepte d’être vulnérable.

1.35.4.5 Exemple : Prince Harry

Membre de la famille royale britannique, il a perdu sa mère (Lady Diana) sous le regard oppressant des médias. Dans ce milieu, exprimer sa souffrance était mal vu ou perçu comme une faiblesse.

Pendant des années, il a refoulé sa tristesse et sa colère, cherchant à « tenir son rang » sans se plaindre publiquement.

Adulte, il s’engage dans un parcours thérapeutique et devient ambassadeur de la santé mentale (campagne Heads Together). Il parle ouvertement de sa peine et de l’importance de s’exprimer.

Lecture possible : plutôt que de se réfugier définitivement dans le silence pour « protéger son image », il a opté pour la transparence émotionnelle, contribuant à briser le tabou de la vulnérabilité au sein d’une institution réputée pour son flegme.

1.35.4.6 Exemple : Oprah Winfrey

-Elle a a eu une enfance marquée par la pauvreté et des abus sexuels. Dans son environnement, il n’y avait ni espace ni soutien pour parler ouvertement de ces traumatismes.

-Elle se « blindait » grâce à son ambition et sa détermination, percevant l’émotion comme un possible frein à la réussite.

-Elle découvre l’effet libérateur du partage des ressentis grace à sa propre émission Tv. Peu à peu, elle devient l’une des principales figures promouvant la parole et la thérapie.

Lecture possible : son témoignage illustre la façon dont on peut transformer un vécu traumatique en moteur de résilience et d’empathie, au lieu de persister dans le déni ou la dureté.

1.35.4.7 Exemple : Boris Cyrulnik

-Il a grandi dans une famille modeste dans l’après-guerre, et a été confronté dès son jeune âge aux effets du traumatisme et à la fragilité des liens sociaux.

-Il a développé le concept de résilience, en étudiant comment l’individu, malgré des blessures profondes, peut se reconstruire et transformer la douleur en force, grâce à la qualité des liens affectifs et du soutien social.

-Il a consacré sa vie à expliquer que le traumatisme ne doit pas définir l’existence, mais peut être surmonté par une capacité de rebondir et d’établir des relations nourrissantes, offrant ainsi un message d’espoir et de reconstruction pour chacun.

Lecture possible : plutôt que de laisser le traumatisme enfermer l’individu dans la souffrance, Boris Cyrulnik montre qu’en cultivant la résilience – c’est-à-dire en renforçant les liens affectifs et en s’ouvrant au soutien social – on peut transformer la douleur en une force créatrice, permettant de rebâtir une vie riche de sens et d’humanité.

1.35.4.8 Exemple : Parcours anonyme (cas de thérapie)

-Un homme élevé dans un environnement militaire strict, où la moindre expression de sensibilité était moquée ou perçue comme un défaut.

-Arrivé à l’âge adulte, il ne pleure jamais, dévalorise les émotions des autres et se vante de sa « force de caractère ». Mais il finit par faire un burn-out.

-Au cours d’une psychothérapie, il prend conscience que cet « hyper-contrôle » le coupe de sa propre humanité. Progressivement, il apprend à exprimer ses besoins émotionnels et à accueillir ceux des autres.

Lecture possible : même sans médiatisation, l’expérience de cet homme montre que la reconnexion à ses émotions n’est pas synonyme de faiblesse : elle peut lui redonner un sens plus profond à sa vie et améliorer la qualité de ses relations.

1.35.5                      Conclusion

Ces parcours montrent combien des blessures invisibles influencent nos comportements : quête de contrôle, rejet, anesthésie des émotions, répétition. Lorsqu’elles sont reconnues, elles deviennent des forces de transformation. Nommer le verrouillage émotionnel rouvre l’espace de choix : ces schémas appris sont transformables pour rétablir le lien. Ils traversent nos vies et nos institutions, la bascule commence par une réconciliation avec notre vulnérabilité. Assumer à la fois sensibilité, force et authenticité desserre l’emprise du contrôle invisible et redonne du sens au lien humain. Ce modèle n’oppose pas « bons » et « méchants » : il distingue un mode survie, coupé du ressenti, d’un mode vivant, réouvert au lien. Cette grille éclaire autant l’individu que les structures de pouvoir et l’histoire, elle ouvre une porte. La suite nous appartient, chaque alignement intérieur est déjà un acte de transformation collective. Nous sommes ici à un tournant : à nous d’enclencher la bascule.

1.36  Origines et inspirations théoriques

La grille EPS / EPV s’inscrit dans une continuité théorique nourrie par plusieurs modèles préexistants. Voir les références en Annexe.

1.37  Sociologie et grille EPS/EPV : Deux visions du rapport au groupe

On peut faire un parallèle éclairant entre la sociologie de Durkheim et celle de Weber, en les reliant au modèle EPS/EPV :

  • Durkheim incarne le poids du groupe, l’importance de la conformité, l’appartenance comme base de l’identité. Il décrit un « homme social » façonné par la norme – le personae EPV, qui trouve sa sécurité dans l’alignement, mais perd sa singularité et sa sensibilité propre.
  • Weber, au contraire, ouvre la voie à l’individu autonome, capable de donner un sens personnel à ses actes, de s’émanciper du regard du groupe. Il incarne la figure de l’EPS adulte ou libéré, celui qui interroge la règle, invente sa trajectoire, assume sa différence.
  • L’entre-deux, c’est l’EPS en crise : sensible à la pression du groupe (Durkheim), mais appelé par un élan d’émancipation (Weber). C’est l’espace du doute, du questionnement, mais aussi de la transformation possible.

L’EPV incarne l’homme social de Durkheim.

L’EPS en voie de maturation chemine vers la liberté selon Weber.

Et c’est dans l’entre-deux que se joue la possibilité du basculement, de la sortie du mimétisme grégaire (voir article peur pour le sujet du comportement social grégaire) vers l’invention de soi.

1.38  Parallèles en Animation, films d’artistes et livres

1.38.1                      Quelques points de parallèle possibles

  • Ken Loach (ex. film « Le vent se lève »)

Ken Loach est réputé pour ses films mettant en scène des personnages confrontés à des situations sociales ou politiques difficiles. Dans Le vent se lève, il montre comment un conflit (ici, la guerre d’indépendance irlandaise puis la guerre civile) fracturent des familles et poussent chacun dans une spirale de violence et de rigidité idéologique.

On peut y voir la façon dont la peur, la haine ou la souffrance passée alimentent un aveuglement collectif : les protagonistes se retrouvent enfermés dans un système dont ils ne sortent pas, comme si l’humain se fermait à toute empathie pour survivre dans un environnement oppressant.

  • William Styron (roman « Le Choix de Sophie », adaptation film d’Alan J. Pakula)

Dans Le Choix de Sophie, William Styron met en scène une relation marquée par la dépendance affective et la violence psychologique, entre Sophie (survivante d’Auschwitz) et Nathan (homme charismatique mais paranoïaque). Nathan incarne l’EPV verrouillage dominant : suspicion permanente, réflexe projectif, contrôle et isolement de l’autre. Sophie, EPS en verrouillage sacrificiel, reste auprès de lui malgré les abus, animée par une loyauté et une empathie extrêmes, mais nourries par une culpabilité ancienne et un traumatisme non résolu. Leur couple illustre la bulle dramatique (voir article bulle dramatique) : un système fermé où alternent séduction, attaque, sacrifice et réconciliation, maintenant un lien autant par la douleur que par des moments d’amour intense.

  • Arcane (série d’animation)

Arcane (tiré de l’univers League of Legends) met en avant des personnages lourdement marqués par des traumatismes d’enfance ou d’injustices sociales.

On y voit comment certains individus (ex. Jinx, Silco) se construisent une  » carapace  » pour ne plus souffrir, quitte à développer des comportements extrêmes. Les antagonismes naissent souvent d’une blessure non reconnue ou de la peur de revivre l’abandon.

Le besoin de contrôle se manifeste de diverses façons (contrôle politique, domination technologique, manipulations interpersonnelles) qui relèvent exactement de cette logique du  » je dois éviter la souffrance, donc je verrouille tout « .

  • L’Attaque des Titans (Attack on Titan)

L’histoire met en scène une humanité recluse derrière des murs, dirigée par un système militaire/autoritaire où chacun cherche à survivre dans la peur (envahisseurs, ennemis, menaces extérieures). De nombreux personnages oscillent entre empathie, culpabilité et besoin d’obéir aveuglément, révélant un profond traumatisme générationnel : au fil de l’intrigue, trahisons et manipulations politiques s’enchaînent, chacun tentant de justifier ses actions ou de se protéger.

La « transformation en titan » incarne la bascule vers un mode défensif ou prédateur, comme si la peur inhibait toute empathie. Manger l’autre n’est alors plus seulement un acte barbare, mais l’expression d’une volonté de dominer au point de détruire l’individu (physiquement ou psychologiquement). Ainsi, L’Attaque des Titans illustre la façon dont la peur et le verrouillage émotionnel peuvent mener à des comportements extrêmes : sous une façade apparemment rationnelle, un être terrifié dissimule un titan intérieur prêt à dévorer le monde.

Dans L’Attaque des Titans, l’idée qu’un humain puisse « enfermer » un titan rappelle la manière dont une personne peut enfouir au plus profond d’elle-même un potentiel destructeur. Lorsque ce titan intérieur « éclot », il se manifeste comme une force implacable, inhumaine, dévorant littéralement tout sur son passage, c’est un parallèle saisissant avec la dynamique de l’EPV :

-Le verrouillage émotionnel devient un mur derrière lequel se développe, en sourdine, la peur et la rage non exprimées.

-La « transformation en titan » illustre la bascule de l’individu vers un mode entièrement défensif ou prédateur, comme si la peur avait pris le contrôle et inhibé toute empathie.

-Le « besoin de manger les autres humains » reflète non seulement une quête de validation ou de combler un vide intérieur, mais aussi la volonté de maîtriser totalement l’autre au point de le détruire (au sens psychologique, voire physique). Autrement dit, la soumission complète de la victime revient, symboliquement, à « l’avaler » ou à annihiler tout ce qu’elle est. Dans un registre plus humain, c’est l’idée d’écraser l’autre pour qu’il n’existe plus que sous la coupe de l’EPV, c’est une domination totale qui signe, en somme, la mort psychologique (et parfois même la mort symbolique ou sociale) de la personne soumise.

-Cela va au-delà d’une soif de pouvoir : ce besoin évoque une domination absolue, poussée à l’extrême, où l’autre disparaît littéralement en tant qu’individu. Cela illustre à quel point le verrouillage émotionnel et la peur peuvent mener à des comportements (ou des fantasmes) de contrôle destructeur.

Au-delà du simple concept de monstres géants, « L’Attaque des Titans » montre comment un traumatisme (souvent inconscient) peut transformer les êtres en « titans » dépourvus d’empathie, prêts à dévorer le monde pour se protéger. L’idée de ‘manger l’autre’ incarne alors une domination absolue, où l’autre disparaît littéralement en tant qu’individu…

Une créativité lucide :

Cette créativité témoigne de la clairvoyance et de la conscience, de leurs créateurs (Ken Loach, les auteurs d’ »Arcane », les mangakas de « L’Attaque des Titans », etc.), qui ont choisi d’exprimer, à travers leurs récits et leurs esthétiques, les mécanismes mêmes du « Grand Déni » et de « l’Enfant Perdu Verrouillé ». Au lieu d’un exposé théorique, ils nous offrent une mise en scène du verrouillage émotionnel, en rendant perceptible, voire viscérale, la peur fondamentale qui se cache derrière ce besoin de violence et du contrôle des humains entre eux.

  • Série TV « Mon petit renne » : La bulle dramatique à l’état brut

Parmi les œuvres contemporaines qui incarnent avec une justesse saisissante la dynamique de la bulle dramatique (voir chapitre Bulle Dramatique), la série Mon petit renne (Baby Reindeer, 2024) occupe une place à part. Avec le personnage de Donny, on assiste à la lente mise en place d’un piège affectif entre un EPS (Enfant Perdu Sensible) et une figure profondément verrouillée émotionnellement (EPV), incarnée par Martha.

La série suit exactement ce qui est décrit dans cette grille, il ne s’agit pas du schéma considéré comme classique du triangle de Karpman, où les rôles (victime, sauveur, persécuteur) tournent. Ici, les rôles se figent, s’enkystent, se renforcent à chaque tentative de sortie comme lorsque Donny, cherche à éviter la violence ou à la contenir par la douceur, tombe dans le piège du « sauveur silencieux » – un rôle qui l’épuise, le dissout, et le laisse sans voix face à l’incompréhension du système.

Ce que révèle Mon petit renne, c’est la mécanique invisible du lien toxique, du harcèlement psychologique, de la sidération émotionnelle. Mais surtout, la série montre ce que la plupart des récits omettent : l’incapacité des témoins extérieurs à entendre, à croire, à reconnaître ce type de violence lorsqu’elle ne prend pas la forme d’un coup, mais celle d’une emprise émotionnelle.

C’est une mise en scène magistrale de ce que j’appelle la bulle dramatique : cette structure relationnelle fermée où un EPS, submergé de douleur, se retrouve enfermé dans le déni collectif. Une œuvre à montrer, à analyser, à décrypter – non comme une fiction isolée, mais comme une réalité vécue par des millions d’individus (et peut être en milliards).

  • « Le Journal d’Anne Frank »

Un témoignage intime sur l’horreur de la persécution, écrit avec une forme de banalité qui rend la tragédie encore plus glaçante.

Un texte qui ne crie pas l’injustice, mais qui la laisse transparaître par l’absence de révolte explicite, comme une dissociation émotionnelle face à l’indicible.

Devenu un symbole universel, il rappelle que la déshumanisation ne commence pas par la violence physique, mais par des exclusions progressives et normalisées.

Lecture possible : ce journal, par son absence de colère manifeste, montre une facette cruelle des mécanismes inconscients de survie. Il est un avertissement sur la manière dont les sociétés peuvent basculer dans l’horreur sans bruit, sans rupture apparente, jusqu’au point de non-retour.

  • « J’ai quinze ans et je ne veux pas mourir » – Christine Arnothy

Un témoignage intime et incarné, écrit par une adolescente hongroise de 15 ans qui vit le siège de Budapest en 1945.

Contrairement à Le Journal d’Anne Frank, ce récit ne dissocie pas l’horreur : il plonge le lecteur dans l’émotion brute, la peur viscérale et la conscience immédiate du danger.

Loin d’une neutralité passive, Christine exprime avec lucidité son désespoir, sa rage et son instinct de survie, sans pour autant tomber dans une brutalité insurmontable.

On ressent la tension entre l’injustice subie et la nécessité de continuer à vivre, à travers son regard, sans masquer la terreur ni atténuer l’ampleur du drame.

Lecture possible : ce témoignage illustre la différence entre un récit dissocié et un récit incarné, entre un regard qui s’efface pour se protéger et un regard qui ose affronter la peur. Il questionne la manière dont la mémoire historique est transmise, et pourquoi certains récits sont choisis pour représenter l’Histoire tandis que d’autres, plus bruts, restent moins mis en avant.

  • « 1984 » – George Orwell

Un monde où le langage est réduit, où la vérité est réécrite en permanence, où la pensée elle-même est contrôlée.

Une société qui ne fonctionne plus sur la force brute, mais sur l’effacement progressif de la conscience critique.

L’idée que le contrôle ultime ne consiste pas seulement à manipuler les corps, mais à enfermer les esprits dans un cadre où ils ne peuvent même plus imaginer une alternative.

Lecture possible : orwell expose un schéma totalitaire avancé, où l’Enfant Perdu Verrouillé ne se rend même plus compte qu’il est enfermé. Il ne subit pas un contrôle extérieur visible, mais un conditionnement si profond qu’il accepte son propre asservissement comme une évidence.

  • « Le Meilleur des Mondes » – Aldous Huxley

Une dystopie qui, contrairement à 1984, ne repose pas sur l’oppression visible mais sur le conditionnement et le divertissement.

Ici, la servitude est douce, acceptée, car chacun est modelé dès la naissance pour trouver son bonheur dans son rôle social.

Il n’y a pas de grande révolte, car personne ne ressent le besoin de se libérer : la société a intégré l’idée que la stabilité vaut mieux que la liberté.

Lecture possible : huxley nous montre une autre forme d’Enfant Perdu Verrouillé : non pas celui qui souffre sous la tyrannie, mais celui qui se satisfait de son enfermement, car il n’a jamais connu autre chose. C’est une alerte sur la manière dont un système peut nous rendre complices de notre propre soumission par le confort et la distraction.

  • « La Servante écarlate » – Margaret Atwood

Une société où les femmes sont réduites à leur fonction reproductive, privées de toute autonomie, et conditionnées à voir leur asservissement comme une normalité.

Une dystopie qui montre comment un système oppressif s’installe progressivement, par petites régressions, jusqu’à devenir inattaquable.

Une critique des dogmes extrêmes qui justifient la domination et la répression par des valeurs prétendument « supérieures ».

Lecture possible : atwood illustre le basculement d’une société en mode « EPV Converti », où une idéologie se justifie comme une libération alors qu’elle est en réalité un nouvel asservissement. C’est un avertissement sur la manière dont les dogmes peuvent transformer les victimes en complices du système qui les opprime.

Ces exemples, qu’ils soient tirés de la fiction ou d’un contexte social, illustrent tous la peur de souffrir et de perdre le contrôle, parfois au point de générer des comportements destructeurs ou fermés à l’empathie.

1.39  L’essence de ce sujet

L’essence du Grand Déni décrit comment, après une blessure psychologique, l’inconscient bloque l’accès aux émotions pour protéger l’individu d’une souffrance future. Cette dynamique crée un « Enfant Perdu Verrouillé », qui fonctionne sur un mode de contrôle et de rationalisation extrême, rejetant toute conscience profonde de soi et entravant la remise en question.

Voici quatre points clés pour affiner la compréhension de ce mécanisme :

  • Une protection contre la prise de conscience du mensonge intérieur

Le déni n’est pas seulement un bouclier contre la douleur, mais aussi une défense contre la prise de conscience de l’illusion sécurisante (ou mensonge intérieur) dans laquelle la personne s’installe pour éviter de faire face à la réalité.

  • L’absence d’empathie comme survie :

La désactivation de la sensibilité découle d’un réflexe de survie : en se coupant de ses émotions, la personne limite sa vulnérabilité et se préserve ainsi de toute souffrance potentielle.

  • La peur des émotions alimente l’hyper-contrôle

Cette crainte sous-jacente de revivre la blessure pousse à un contrôle rigide de soi et d’autrui ; la domination inconsciente devient un moyen de prévenir toute résurgence émotionnelle.

  • Un prisme rigide et un jeu de pouvoir

Peu à peu, ce mode de fonctionnement s’installe comme un prisme unique : le contrôle remplace l’authenticité, et la relation humaine se réduit à des rapports de force où la vulnérabilité n’a plus sa place.

En définitive, ce schéma enferme l’individu où l’évitement de la douleur initiale maintient une distance avec ses propres émotions et celles d’autrui, au risque d’appauvrir (voir toxifier) profondément ses relations et son épanouissement personnel.

1.40  Conclusion

Le Grand Déni met en lumière le rôle primordial de la peur de la souffrance dans notre rapport aux émotions : ce n’est pas tant la douleur elle-même, mais bien l’anticipation de cette douleur qui conduit au verrouillage émotionnel. Comprendre que cette peur inconsciente nourrit le besoin de contrôle et l’insensibilité constitue un premier pas vers une transformation intérieure.

En prenant conscience du fait que notre cerveau tente de se protéger de la souffrance, nous pouvons progressivement renouer avec la sensibilité, l’empathie et la vulnérabilité. Loin d’être une faiblesse, cette reconnexion peut devenir une force : elle ouvre la voie à des relations plus authentiques et à une liberté intérieure bien plus grande que celle offerte par l’illusion du contrôle.

Par ailleurs, les différentes stratégies de défense (dissonance cognitive, besoin d’avoir raison, gaslighting, réseaux de contrôle, etc.) constituent la « boîte à outils » de l’Enfant Perdu Verrouillé. Une fois coupé de ses émotions, il recourt à ces tactiques pour maintenir son équilibre psychique et éviter que sa « carapace » ne se fissure. Pour l’Enfant Perdu Verrouillé, l’enjeu est d’éviter tout ce qui pourrait briser sa bulle de sécurité ; le déni lui sert alors d’atout supplémentaire pour se préserver. Que ce soit en manipulant la réalité ou en exerçant un pouvoir implicite sur autrui, l’objectif reste toujours le même: échapper à la peur de la souffrance.

Néanmoins, la prise de conscience de ces mécanismes ouvre la possibilité d’un autre chemin: embrasser notre vulnérabilité et notre sensibilité, et rompre ainsi le cycle du Grand Déni pour retrouver une humanité plus riche et plus libre.


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