La douleur du présent libère la peur de l’avenir, sortir du verrou émotionnel

Table des matières
3 Le parallèle avec le psychisme.
4 Le cercle vicieux de la peur
6 Des approches pour relâcher le verrou
V02-08/25
1 Introduction
Dans beaucoup de discours de développement personnel, on entend : « Oublie le passé, concentre-toi sur l’avenir. » L’intention peut sembler positive, mais appliquée à une blessure psychologique non traitée, c’est comme dire à quelqu’un avec un nerf coincé de « juste penser à autre chose ». Le verrou, physique ou psychique, lui, reste intact.
2 L’analogie avec le corps
Lorsqu’un nerf est irrité ou coincé (comme dans une sciatique ou une névralgie), le corps, piloté par le cerveau, déclenche un réflexe de protection : les muscles environnants se contractent pour immobiliser la zone.
Mais cette contraction n’est pas seulement mécanique : elle est aussi entretenue par la peur. En réalité, ce n’est pas le muscle qui « craint » une nouvelle douleur, mais le cerveau, qui, par peur, envoie au muscle l’ordre de rester contracté. Ce verrou musculaire peut persister même en l’absence de sollicitation réelle.
Ce cercle vicieux : peur → contraction → douleur → renforcement de la peur
maintient la contraction en place.
Sans intervention ciblée, cela peut durer des mois.
La seule manière d’en sortir est d’agir directement sur le point douloureux : massage profond, mobilisation, étirement. C’est inconfortable, parfois très douloureux sur le moment. Mais cette action ciblée montre au corps, et plus précisément au cerveau, notamment aux circuits neuronaux qui gèrent la peur et la protection, qui commande la contraction musculaire (comme il active un verrou psychique) qu’il n’y a plus de danger immédiat.
Le muscle peut alors relâcher sa tension ; le cerveau, qui contrôlait cette contraction par peur, se détend, et le muscle se relâche à son tour. La mobilité revient.
3 Le parallèle avec le psychisme
Une blessure émotionnelle non reconnue agit exactement de la même manière :
- Un événement douloureux (abandon, trahison, humiliation…) crée une forte douleur intérieure.
- Le psychisme met en place un verrou émotionnel pour éviter que la douleur ne se reproduise.
- Ce verrou est entretenu non seulement par la mémoire de l’événement, mais aussi par la peur qu’il se reproduise dans l’avenir : une anticipation de douleur, par projection, que la blessure et la souffrance puissent refaire surface, demain, après-demain, ou dans un futur lointain. Peu importe le délai : le cerveau verrouille pour éviter cette souffrance possible
Cette peur maintient le verrou actif même lorsqu’il n’y a plus de danger réel. On vit alors dans un état d’alerte permanent, prêt à se protéger d’une douleur… qui n’arrive pas.
4 Le cercle vicieux de la peur
• Physique : la peur, au niveau du cerveau, qu’il s’agisse de revivre une douleur passée ou d’en subir une à venir, empêche le muscle de se détendre, même lorsque la cause initiale a disparu.
• Psychique : la peur, au niveau du cerveau, qu’il s’agisse de revivre une douleur passée ou d’en subir une à venir, empêche, par verrouillage émotionnel, le cœur de se réouvrir, même lorsque la situation présente est saine.
Chez l’animal, dont les réactions sont avant tout instinctives et les réflexes immédiats, l’anticipation est faible ou quasi absente. Le verrou se lève donc dès que le danger disparaît. Chez l’humain, en revanche, le cerveau peut prolonger artificiellement cette tension par anticipation d’une douleur future, maintenant ainsi la boucle active.
Dans les deux cas, le comportement du cerveau est identique, la libération ne vient pas de l’évitement, mais de l’action directe sur le point sensible :
• Physique : appuyer, masser, étirer le muscle jusqu’à ce qu’il lâche. Oui, cela fait mal, mais c’est justement la douleur du présent qui rompt la peur de l’avenir. On n’est plus dans le fantasme d’une douleur future, mais dans l’instant, dans la réparation. Cette douleur utile, celle de la détente du muscle, permet au cerveau de comprendre qu’il n’y a plus de raison d’avoir peur : le nœud du problème, vu et traité, se dissout.
• Psychique : revenir à la blessure, la nommer, la ressentir, et constater qu’on peut la traverser sans s’effondrer. Oui, cela fait mal, mais c’est la douleur du présent qui brise la peur de l’avenir. On quitte le fantasme d’une douleur future pour entrer dans l’instant, pour revenir au réel. C’est là que commence la réparation. Cette douleur libératrice permet au cerveau de comprendre qu’il n’y a plus de raison d’avoir peur : le nœud émotionnel, vu et traité, se dissout. En ignorant la blessure du passé on conserve ce verrou émotionnel.
En se confrontant à la douleur dans le présent, on dissout la peur d’une douleur future. On sort de l’imaginaire de la souffrance pour revenir au réel, qui, une fois traité, devient apaisé.
5 Conclusion
Oublier le passé n’est pas la solution. Le traverser et le comprendre, oui.
C’est en allant au point douloureux, comme on masse un nerf coincé, qu’on déprogramme la peur, qu’on relâche le verrou et qu’on retrouve la liberté de bouger et de ressentir pleinement… et surtout de vivre sans cette peur qui enferme.
6 Des approches pour relâcher le verrou
Le principe reste celui évoqué : agir sur le point douloureux plutôt que de l’éviter. Plusieurs approches peuvent faciliter cette libération :
- Hypnose : permet d’accéder à la mémoire émotionnelle et de travailler sur la peur qui entretient le verrou.
- EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) : méthode efficace pour retraiter un souvenir traumatique et réduire l’anticipation négative.
- TCC (Thérapies Cognitivo-Comportementales) : aide à identifier et modifier les pensées automatiques qui entretiennent la peur.
- CSI (Communication Somato-Intégrative) ou autres approches corporelles : pour reconnecter la sensation physique et le ressenti émotionnel.
- Thérapie psychocorporelle, massage, fasciathérapie : action directe sur la tension musculaire en lien avec le travail psychique.
- Groupes de parole (thérapie de groupe, cercles, pairs) : revisiter la blessure en sécurité, bénéficier de l’effet miroir et de la co-régulation, très utile en complément d’un suivi individuel.
- Psychothérapie classique travail de fond sur l’histoire relationnelle et les schémas (approches psychodynamique, humaniste, systémique ou intégrative). Utile pour mettre du sens, stabiliser dans le temps. Peut se combiner avec des méthodes plus ciblées (EMDR, TCC, hypnose) selon les besoins.
Le bon cadre = sentiment de sécurité, rythme respecté, et possibilité d’articuler corps/émotion/cognitif si nécessaire.
Ce qui compte, c’est un cadre sécurisé où l’on peut revisiter la blessure sans être dépassé, ainsi, le cerveau comprend qu’il n’y a plus de menace et la boucle peut se fermer.
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