Redonner à l’écoute la priorité, remettre la perception au centre, et libérer la communication de l’obsession de la forme.

Table des matières
1 ENV – L’Écoute Non Violente : le miroir oublié de la CNV. 2
1.1 Pourquoi inventer l’ENV ?. 2
1.2 ENV : remettre le focus sur l’écoute. 2
1.3.1 ENV minimal, accessible même à un EPV. 3
1.3.2 ENV profond, accessible aux EPS et aux personnes connectées. 3
1.5 ENV vs CNV : deux faces d’une même médaille. 4
1.6 Pourquoi l’ENV est essentielle aujourd’hui 4
1.7 PNV – Perception Non Violente. 4
1.8 La CNV est-elle vraiment nécessaire ?. 4
1.9.2 Refuser le piège du remodelage. 6
1.9.3 La brèche relationnelle. 6
1.9.4 Même pour l’EPS, voir est difficile. 6
1.9.5 Sinon : sortir du cercle. 7
1.10 Quand la parole dérape, comment faire. 7
1.11 Conclusion : redonner la priorité à l’écoute. 7
V01-09/25
1 ENV – L’Écoute Non Violente : le miroir oublié de la CNV
1.1 Pourquoi inventer l’ENV ?
La Communication Non Violente (CNV) a ouvert une voie précieuse : aider chacun à mieux exprimer ses besoins, éviter les jugements, apaiser les conflits.
Mais elle porte aussi en elle un biais caché : quand elle devient une norme, elle peut déplacer l’attention de l’essentiel : l’émotion exprimée, vers l’accessoire, la manière de le dire.
C’est exactement ce que vit un Enfant Perdu Verrouillé (EPV) (voir l’article invisible sur wetwo.fr).
Pour lui, toute émotion est perçue comme une agression. Ce n’est pas la phrase qui dérange, mais la vibration émotionnelle elle-même.
Alors, pour garder le contrôle, il déplace le débat sur la forme : « Je n’aime pas ta façon de le dire« .
Dans la pratique, la CNV peut devenir un piège quand la forme prend le pas sur le fond. Ce qui manque n’est pas une meilleure pédagogie de l’expression, mais une pédagogie de l’écoute.
Face à lui, l’Enfant Perdu Sensible (EPS) (voir l’article invisible sur wetwo.fr) s’exprime avec sincérité, parfois maladroitement, mais toujours avec son cœur. Quand on lui reproche sa forme, il se sent disqualifié : non seulement il souffre, mais il est accusé de « mal communiquer ».
Résultat : il est culpabilisé, invité à se taire, et son authenticité est perçue comme une faute.
C’est ici qu’apparaît la nécessité d’un miroir oublié : l’ENV, l’Écoute Non Violente.
Car avant d’exiger une bonne formulation (CNV), il faudrait garantir une écoute non disqualifiante (ENV), puis vérifier la compréhension mutuelle (PNV). Ce n’est qu’après, si besoin, qu’une reformulation CNV peut apaiser la parole.
ENV → PNV → CNV: une progression simple, mais qui change tout.
1.2 ENV : remettre le focus sur l’écoute
L’Écoute Non Violente (ENV) c’est le miroir de la CNV.
Elle rappelle que la communication n’est pas seulement une question de mots choisis, mais surtout une question de réception, d’écoute.
Écouter non violemment, c’est :
- Ne pas corriger la forme.
- Ne pas projeter d’intentions cachées.
- Ne pas censurer l’émotion exprimée.
En un mot : laisser exister la parole de l’autre.
1.3 Deux niveaux d’ENV
1.3.1 ENV minimal, accessible même à un EPV
Un Enfant Perdu Verrouillé (EPV) (voir l’article invisible sur wetwo.fr) ne peut pas refléter les émotions de l’autre : structurellement, il n’y a pas accès.
- Pour un EPS, l’agression commence à l’insulte ou au dénigrement clair.
- Pour un EPV, l’agression commence dès qu’une émotion vibre, même si elle n’est pas dirigée contre lui.
Dans sa perception verrouillée : toute émotion = attaque.
C’est pour cela que l’EPV répond souvent par : « Tu m’accuses », « Tu es violent », « Tu m’agresses »... alors que l’EPS ne faisait qu’exprimer une peur, une tristesse, un besoin. Il confond la vibration émotionnelle et les mots. Il transforme sa perception en mots agressifs.
Mais il peut faire un pas minimal :
- Se retenir de corriger (« Tu devrais dire autrement »).
- Éviter la projection (« Tu m’accuses », « Tu es violent »).
- Reconnaître la légitimité de la parole sans la juger (« J’entends que c’est important pour toi »).
Ce premier niveau ne demande pas d’empathie profonde, mais seulement l’abandon du réflexe de disqualification.
1.3.2 ENV profond, accessible aux EPS et aux personnes connectées
Un Enfant Perdu Sensible (EPS) ou une personne reliée à ses émotions peut aller plus loin :
- Accueillir la vibration : accepter que la parole tremble, vibre, éclate, sans la réduire à une faute.
- Refléter l’émotion : « Je t’entends inquiet », « Je sens que tu es triste ».
- Ouvrir un espace de lien : donner à l’autre le droit d’exister dans son intensité émotionnelle.
Ce second niveau demande une disponibilité du cœur. C’est l’étape qui crée un véritable espace de rencontre, un véritable lien humain.
1.4 L’ordre qui change tout
L’écoute doit toujours venir en premier.
L’ENV précède la CNV.
La CNV ne devrait jamais précéder l’ENV.
Si l’on demande d’abord une « bonne formulation », on nie la possibilité pour l’autre d’exprimer son émotion telle qu’elle est.
- ENV → J’écoute et j’accueille le fond, même si la forme est imparfaite.
- CNV → Ensuite, si le message a été reçu, on peut affiner la manière de l’exprimer, pour clarifier sans censurer.
L’ENV est la clé de l’ouverture.
La CNV affine le langage.
1.5 ENV vs CNV : deux faces d’une même médaille
- ENV → comment écouter sans violence.
- CNV → comment parler sans violence.
L’un sans l’autre est incomplet.
- L’ENV rappelle que l’essentiel est d’abord d’entendre ce qui est dit, même maladroitement.
- La CNV seule peut devenir une arme de contrôle : « Dis-le mieux, et je t’écouterai. »
1.6 Pourquoi l’ENV est essentielle aujourd’hui
Dans les familles, les couples, les entreprises, une grande partie des malentendus vient d’un réflexe de correction et de disqualification.
Chaque fois qu’on dit à l’autre « Ce n’est pas bien formulé », on le prive de son droit à exister tel qu’il est.
Saint-Exupéry écrivait : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »
De la même manière, on n’entend bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour l’oreille rationnelle qui scrute la forme.
1.7 PNV – Perception Non Violente
Une communication saine ne se limite pas à bien écouter (ENV) et à bien parler (CNV).
Elle demande aussi de s’assurer que les perceptions se rencontrent.
La PNV consiste à :
- Reformuler la perception : « J’ai compris que tu te sens inquiet, est-ce juste ? »
- Vérifier l’alignement : s’assurer que ce qu’on a entendu correspond bien à ce que l’autre voulait dire.
- Clarifier sans projeter : exprimer comment le message a été perçu, sans l’interpréter à travers ses propres blessures.
La PNV est l’acte de boucler la boucle : elle engage chacun à sortir du malentendu, en validant ensemble une compréhension commune.
Trois piliers complémentaires.
- ENV : Je t’accueille sans corriger, c’est la clé de l’ouverture.
- PNV : Je vérifie la compréhension mutuelle, je valide la rencontre.
- CNV : Je m’exprime sans violence, j’affine le langage.
1.8 La CNV est-elle vraiment nécessaire ?
La Communication Non Violente (CNV) a marqué une étape importante : elle a montré qu’il était possible d’apprendre à s’exprimer autrement que par l’accusation et le jugement.
Mais si l’on regarde plus profondément, on peut se demander si elle est réellement indispensable.
En effet :
- ENV (Écoute Non Violente) ouvre l’espace. Elle garantit que la parole est reçue sans correction ni disqualification.
- PNV (Perception Non Violente) ferme la boucle. Elle permet de vérifier que la compréhension mutuelle est bien partagée.
Si ces deux piliers sont présents, le besoin de passer par une « bonne formulation » s’efface.
L’émotion est accueillie, le sens est vérifié : la communication peut circuler sans filtre.
Dans ce cadre, la CNV n’apparaît plus comme un socle, mais comme un outil secondaire :
- Utile dans certains contextes formels (travail, médiation).
- Rassurante pour ceux qui ont besoin d’une structure de langage.
- Mais non indispensable à une communication authentique si ENV et PNV sont bien posées.
La CNV peut alors être vue comme une béquille pédagogique : pratique pour apprendre, mais dont on peut se passer dès que l’écoute et la perception sont réhabilitées.
Positionnement. La CNV a ouvert un chemin précieux pour pacifier la parole. Dans ce texte, elle n’est pas disqualifiée, mais replacée. L’ENV et la PNV constituent le socle minimal, la CNV devient un outil secondaire, utile surtout dans des contextes formels ou comme béquille pédagogique pour celles et ceux qui ont besoin d’un cadre d’expression.
1.9 Les limites
Pour un EPV, toute émotion exprimée est perçue comme une attaque, même quand elle n’en est pas une.
Ce n’est pas la phrase qui l’agresse, c’est la vibration émotionnelle elle-même et tant que cette peur reste verrouillée, tout message sera vécu comme une agression.
Là où l’EPS dit : « Je souffre », l’EPV entend : « Tu me fais souffrir ».
C’est cette distorsion de perception qui explique pourquoi l’EPV réclame sans cesse une reformulation aseptisée, alors qu’aucune forme ne pourra jamais lui convenir tant que l’émotion reste présente.
« Ce n’est pas ma parole qui est en faute. C’est son verrou qui refuse d’entendre. »
1.9.1 Reconnaître le piège
- L’EPS doit comprendre que ce n’est pas lui qui agresse, même si l’EPV l’accuse sans cesse.
- Tant que ce malentendu n’est pas vu, l’EPS va se culpabiliser et tenter d’aseptiser sa parole, ce qui l’étouffe.
La première sortie est intérieure : savoir que « ce n’est pas ma faute si mon émotion est vécue comme une agression ».
1.9.2 Refuser le piège du remodelage
- L’EPS n’a pas à « lisser » ses émotions pour être entendu.
- S’il accepte cette règle implicite, il valide le verrouillage de l’EPV et se perd lui-même.
La deuxième sortie est de poser des limites : « Je peux exprimer mon ressenti. Tu peux l’entendre ou non. Mais je ne vais pas me taire ni changer ma nature. »
1.9.3 La brèche relationnelle
C’est la partie la plus difficile :
- Certains EPV, confrontés de façon répétée à une parole émotionnelle sans attaque et sans recul, finissent par percevoir que ce n’est pas une agression réelle.
- Ce n’est pas garanti, et cela demande une grande stabilité de l’EPS (ne pas se laisser piéger par l’inversion accusatoire).
La troisième sortie, quand elle existe, c’est que l’EPV découvre progressivement que toute émotion n’est pas violence. Mais ça ne marche que si l’EPS ne lâche pas son authenticité.
1.9.4 Même pour l’EPS, voir est difficile
Reconnaître ces mécanismes n’est pas simple, même pour un Enfant Perdu Sensible (EPS).
Car voir, c’est accepter plusieurs vérités douloureuses :
- Que l’on n’est pas responsable du verrou de l’autre, même si l’on est accusé sans cesse.
- Que l’on peut parler avec sincérité et cœur, et malgré cela ne jamais être entendu.
- Que certains liens resteront bloqués, non pas faute d’amour ou d’efforts, mais parce que l’autre vit toute émotion comme une agression.
Pour l’EPS, cette prise de conscience est vertigineuse.
Parce que voir suppose de se détacher de la culpabilité : or beaucoup d’EPS restent pris dans le piège « si l’autre souffre, c’est que j’ai mal fait ».
Parce que voir, c’est aussi accepter que certains liens ne peuvent pas s’ouvrir : ce constat fait mal, il demande de renoncer à l’illusion car l’EPS espère toujours que « si je m’explique mieux, si je parle avec mon cœur, il/elle finira par comprendre ».
Mais c’est aussi une libération : comprendre que ce n’est pas ma parole qui est en faute, c’est son verrou qui refuse d’entendre.
Voir vraiment demande de regarder la distorsion en face : accepter que « ce n’est pas moi qui agresse, c’est l’autre qui perçoit mon émotion comme une agression ». Et ça, c’est une vérité très dure à encaisser.
Même voir est un chemin. Et ce chemin, une fois franchi, redonne à l’EPS sa dignité : il peut enfin s’autoriser à exister dans sa vibration, sans chercher à la rendre acceptable pour un autre qui n’y a plus accès.
1.9.5 Sinon : sortir du cercle
Quand la brèche relationnelle est impossible (EPV trop verrouillé, déni et ego fort), la seule vraie issue est de quitter la bulle dramatique :
- Rompre le cercle d’inversions accusatoires.
- Ne plus tenter de convaincre l’EPV.
- Préserver son énergie vitale.
1.10 Quand la parole dérape, comment faire
L’ENV n’est pas naïve. Face à l’insulte, on combine,
- ENV intérieur, reconnaître l’émotion de l’autre sans contre attaquer.
- Cadre CNV extérieur, poser la limite, je veux bien t’écouter, pas sous l’insulte, peux tu dire autrement.
- PNV ensuite, vérifier, j’ai compris que tu te sens…, est ce juste.
- Accueillir sans se laisser écraser, poser une limite sans fermer l’écoute.
1.11 Conclusion : redonner la priorité à l’écoute
L’ENV n’est pas une technique de plus, c’est une posture :
- Ecouter sans projeter.
- Accueillir sans corriger.
- Reconnaître la vibration de l’autre comme un signe de vie, pas comme une faute de langage.
ENV pacifie l’écoute.
PNV pacifie la compréhension mutuelle.
CNV affine ensuite la parole, si nécessaire.
Ensemble elles ouvrent un vrai espace de rencontre.
Tant qu’on inverse l’ordre (CNV avant ENV), on reproduit le verrouillage : l’émotion vivante est censurée, la relation s’assèche. Elle n’ouvre pas là où la peur verrouille.
La vraie libération vient quand l’EPS cesse de croire qu’il est fautif de ressentir, et quand l’écoute retrouve sa priorité.
« L’art de laisser être, c’est remettre l’écoute avant la correction, et la compréhension avant la norme. »
Laisser un commentaire